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Un an après la mise en place du CPT, le Bureau de Suivi de l’accord de Montana exige sa démission

« Aujourd’hui, dans la situation difficile dans laquelle se trouve le pays, il n’est plus question d’attendre le 7 février 2026. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ne résoudra pas le problème de l’insécurité. Il ne va pas non plus organiser des élections […]. Plus de 6,000 personnes ont été massacrées, beaucoup de femmes et de filles sont violées, plus d’un million de personnes déplacées, de nombreux quartiers dévastés et des villes entières détruites », déplore le Bureau Suivi de l’accord de Montana ( BSA) à travers une note publiée le 3 avril 2025 qui, face à cet état de fait, exige la démission à la tête du pays des neuf membres du Conseil Présidentiel de Transition ( CPT) et du Gouvernement.

Le pays va de mal en pis. La population souffre de plus en plus à cause de la violence des gangs armés. La libre circulation des personnes et des biens est un défi à travers l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Les gangs armés continuent d’étendre un peu plus leurs tentacules et ce, même au-delà de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Et par rapport à cela, le Bureau de Suivi de l’accord de Montana est catégorique : « Il n’est plus question d’attendre. Le CPT doit partir. Les autorités de la transition doivent préparer une sortie ordonnée du pouvoir afin qu’il y ait une meilleure gouvernance». Celle-ci, soulignent les signataires de la note devra être portée par les forces organisées, engagées dans la résistance contre la disparition de la nation, ainsi que par les patriotes en Haïti et dans la diaspora, déterminé-e-s à défendre les intérêts nationaux.

À en croire le BSA, cette nouvelle structure gouvernementale aura pour mission principale de viser le sauvetage national et le rétablissement de la paix et de la vie, en vue d’organisation des élections démocratiques. Selon la note, «l’intelligence politique, l’organisation, la résistance et la mobilisation citoyenne sont les chemins menant vers la victoire populaire ».

Le BSA reproche aux membres du CPT d’avoir « trahi l’esprit de consensus et les valeurs éthiques, qui sont les principaux fondements de l’accord du 3 avril 2024 ». Le note précise en outre : « Ce n’est pas un hasard si les autorités de la transition n’ont pas mis sur pied la structure dénommée l’Organe de contrôle des actions de l’équipe de transition et le Parquet financier national, prévus par l’accord du 3 avril 2024 ».  Depuis son arrivée à la tête du pays, le CPT n’a posé aucune action visant à répondre aux revendications populaires, regrettent les signataires. Pour eux,  ce mépris de la part des membres du CPT pour la souffrance humaine a conduit à l’effondrement total de l’État. À présent, croit le BSA, le CPT doit reconnaître son échec et sa complicité avec les patrons des artisans de la violence en Haïti dans la souffrance de la population.

Un an après la mise en place du CPT, le BSA dépeint un tableau triste et sombre de la réalité socio-politique d’Haïti. Selon lui, plus de 6,000 personnes ont été massacrées, beaucoup de femmes et de filles violées, plus d’un million de personnes déplacées, de nombreux quartiers dévastés et des villes entières détruites. De surcroît, il souligne avoir recensé, plus de scandale de corruption dans le pays. Un constat qui pousse le BSA à  appeler à la fin des violences, des viols, des déplacements forcés, des pillages et des abus contre l’État ».

Retour sur la genèse de l’accord du 3 avril 2024

À en croire le BSA, le document sur l’organisation et le fonctionnement du CPT, découlant du consensus  de l’accord du 3 avril 2024, a été rejeté par les membres du Conseil Présidentiel de Transition, en complicité avec le gouvernement démissionnaire d’Ariel Henry, pour qu’ils puissent s’octroyer un autre mandat, via le décret du 10 avril 2024 signé par Ariel Henry, créant le CPT et qui ne fait aucune mention de l’Accord du 3 avril 2024.

L’accord du 3 avril 2024, selon le BSA, avait présenté au pays une vision claire pour une transition de rupture dans l’objectif de travailler pour réconcilier l’État et la Nation afin de retourner à l’ordre constitutionnel. « La priorité dudit accord était de rétablir un climat de paix dans le pays, d’entreprendre des réformes institutionnelles et constitutionnelles dans le cadre d’une conférence nationale, et d’organiser des élections démocratiques », explique le BSA en précisant par ailleurs que l’objectif principal de l’accord du 3 avril était de restaurer la dignité nationale, d’instaurer la paix et la stabilité politique, de lutter contre la corruption et l’impunité, de stopper le gaspillage des fonds publics et de rétablir les droits et la dignité des victimes de la terreur et d’autres violences.

Insécurité : le CPT fait du surplace

À l’occasion du premier anniversaire de l’accord du 3 avril 2024, le Président du CPT Fritz Alphonse Jean, lors d’une adresse à la Nation, a déclaré que le CPT a déjà pris plusieurs mesures importantes pour renforcer les forces de l’ordre dans la lutte contre l’insécurité. « Des mesures ont été prises pour identifier des agents de la BSAP qui ont de bons dossiers pour les mettre au service des forces de l’ordre», a-t-il dit.

La déclaration de l’économiste Fritz Alphonse Jean vient 24h après une manifestation de la population contre l’insécurité. En date du mercredi 2 avril 2025, des milliers de personnes issues de Canapé-Vert, de Débrosse, de Turgeau, de Bois-Verna, d’anciens résidents de Solino et de Nazon et des résidents de plusieurs quartiers de Pétion-Ville et de Delmas et d’autres zones avoisinantes sont descendues dans les rues pour exiger des mesures rapides et concrètes visant à démanteler les gangs armés

M. Jean en guise de réaction concrète aux revendications des manifestants a déclaré qu’il entend la souffrance de la population. « Peuple haïtien, vous avez parlé. Je vous ai entendu. Votre voix a été entendue. On est conscient de votre misère et de votre souffrance sous le joug de ce système criminel qui transforme le pays en enfer pour tous ses fils et filles. Il est temps de rétablir la paix dans le pays car l’heure est grave », déclare le coordonnateur du CPT.

Le nouveau Président du CPT rappelle à la population que le CPT s’était engagé pour une transition de rupture où le rétablissement de l’ordre et de la paix était la plus grande priorité. « À l’occasion du premier anniversaire de l’accord du 3 avril, le CPT en profite pour dire au peuple haïtien qu’il est à ses côtés pour mener cette bataille contre l’insécurité », a-t-il déclaré à travers son adresse à la nation diffusée sur la Télévision Nationale d’Haïti.

Pour Fritz Alphonse Jean, il y a des personnes qui tirent profit de la situation. « Nos pires ennemis se sont les trafiquants nationaux et internationaux. Ce que vit le pays actuellement est le résultat d’une entente entre la mafia nationale et internationale qui instrumentalise des fils du pays», a-t-il révélé à la population. « La bataille contre les trafiquants de drogue, d’armes et de munitions, d’organes n’est jamais facile dans aucun pays, mais dans l’unité on sortira victorieux dans cette bataille.  Peuple haïtien, je vous donne la garantie, qu’on le veuille ou non, le CPT rétablira la sécurité pour renouer avec la paix et la vie dans le pays », promet-il une fois de plus tout en exprimant sa volonté pour remettre le pouvoir à des autorités élues par le peuple le 7 février 2027.

Il importe de rappeler que l’adresse à la Nation du Président Fritz Alphonse Jean s’est déroulée à la Villa d’Accueil en présence de six autres membres du CPT, du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, du général en chef des Forces Armées d’Haïti, le lieutenant-général Derby Guerrier, du directeur général de la Police nationale d’Haïti, Rameau Normil, ainsi que du commandant de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, l’inspecteur Godfrey Otunge.

Jackson Rinvil

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