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Un an de plus pour le BINUH, un an de statu quo?

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Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a tranché ce vendredi 15 juillet 2022. Sans surprise, les États-Unis et le Mexique ont obtenu le renouvellement du mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) à l’unanimité pour une durée d’un an. Ce renouvellement survient dans un contexte où des gangs rivaux s’affrontent mortellement  dans la commune de Cité Soleil.

La République Populaire de Chine a tenté sans succès de forcer la main au Conseil de Sécurité des Nations-Unis. Mercredi 13 juillet 2022, cette dernière avait appelé à des consultations à huis clos sur le texte de la résolution visant à reconduire le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), obtenant ainsi le report du vote sur la résolution proposée par les États-Unis et le Mexique. Ce vendredi 15 juillet, le Conseil de Sécurité de l’ONU a tout de même adopté le texte de ladite résolution, prolongeant ainsi le mandat du très contesté BINUH jusqu’au 15 juillet 2023.

Cette résolution survient dans un contexte de nouveaux déchainements de violences urbaines dans la commune de Cité-Soleil qui a déjà fait au moins 89 morts selon le Réseau National  de Défense des Droits Humains (RNDDH) dans un bilan partiel en date du 13 juillet. Et selon l’organisme onusien OCHA, dans un communiqué en date du 15 juillet,  les combats entre bandes rivales ont déjà fait 99 morts, 135 blessés et 20 disparus.

Les affrontements des gangs pour le contrôle de territoires ou de zones économiques stratégiques du pays, telles les routes nationales, les terminaux pétroliers ou les marchés, sont devenus récurrents ces derniers mois. À Cité Soleil, le plus grand bidonville d’Haïti, des milliers de personnes ont fui leurs habitations ces derniers jours sous la menace des gangs. Parallèlement, des manifestations ont éclaté dans tout le pays face à une possible augmentation des prix du carburant sur le marché national.

« Tout le monde est très préoccupé et nous pensons que nous devons faire plus, […] la question est que faire concrètement ? », déclarait mercredi l’ambassadeur de Russie à l’ONU Dimitri Polyanky à la presse. De son côté, la République Populaire de Chine se montre de plus en plus intéressée par la question haïtienne. Elle avait exigé un embargo sur les armes légères à destination d’Haïti, et proposait même le rétablissement du pays sous couvert du chapitre 7 de la Charte de l’ONU, c’est-à-dire l’envoi d’une nouvelle mission onusienne dans le pays, une Police régionale chargée d’appuyer la Police Nationale d’Haïti.

La partie chinoise proposait de plus que des sanctions individuelles (interdictions de voyage, gels d’avoirs) soient prises contre des chefs de gangs dans les 30 jours suivant l’adoption de la prochaine résolution. Un ensemble de propositions largement réduites dans le texte final de la Résolution 2645. La Chine, tout en saluant le fait que certaines de ses propositions aient été prises en compte, s’inquiète que le manque de fermeté de la Résolution ne soit un motif d’encouragement pour les gangs.

Parallèlement, plusieurs organisations de la société civile se sont opposées ouvertement au renouvellement du mandat du BINUH. Dans un sit-in organisé le jeudi 14 juillet, non loin  du BINUH se trouvant à l’entrée de l’Hôtel Caribe, certains manifestants accusaient la représente spéciale Helen Lalime d’être de connivence avec les gangs par l’intermédiaire de l’actuel gouvernement haïtien qui ne fait rien pour remédier à la situation sécuritaire catastrophique du pays. La détérioration de la situation sécuritaire du pays sous l’égide du BINUH est décriée par nombre de personnalités publiques.

« À l’unanimité !  Ecœurant !», s’est indigné la militante Pascale Solages, ce vendredi 15 juillet 2022, sur son compte tweeter à propos du renouvellement du mandat de l’agence onusienne en Haïti. « Pour venir encore une fois gaspiller argent, ressources en échouant lamentablement dans leur mission (si véritablement leur mission était d’aider en quoi que ce soit),  appuyer des gouvernements  de facto, illégitimes et corrompu.e.s, piétiner notre légitimité. Bravo ! », vocifère encore la  présidente de Nègès Mawon sur les réseaux sociaux.

 « Tout ce qui se décide sans Haïti, se décide contre Haïti », écrit, de son côté, le cinéaste Richard Senecal sur son compte Twitter.  « Tout va très bien en Haïti Madame la Marquise, maintenons le statut quo! Le message de l’ONU est clair en renouvelant le mandat du BINUH. Mais nous, Haïtiens, savons que rien ne va dans notre pays : massacres, kidnappings, corruption, grangou… À nous de faire quelque chose pour NOUS », estime pour sa part Robenson Geffrard, journaliste.

Il faut rappeler que le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) est présent en Haïti depuis le 25 juin 2019 sous le couvert du chapitre VI de la Charte des Nations-Unies. Son mandat d’une année a été renouvelé en 2020, puis en 2021 mais cette fois pour 9 mois sous la pression de la Chine. Du début de la mission dudit Bureau à aujourd’hui, la situation sécuritaire n’a toutefois jamais cessé de se dégrader.

Daniel Toussaint

danieldavistouss@gmail.com

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