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Un émissaire américain pour calmer les ardeurs des acteurs politiques incapables de s’asseoir  ensemble

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La crise  née de la décision du Gouvernement de lever les subventions sur les produits pétroliers le 12 septembre 2022 continue de plonger le pays dans un profond chaos. Après que le Gouvernement a déclaré par devant le Conseil de Sécurité de l’ONU que  la situation était globalement sous contrôle, puis quémandé  quelques jours après une intervention militaire étrangère, le pays a reçu cette semaine la visite de quelques hauts fonctionnaires américains dans le but d’aboutir au dialogue et à la résolution de la crise.

La crise haïtienne a atteint un nouveau palier. Tandis que les manifestations quotidiennes et les scènes de pillage se poursuivent encore après un mois, le Gouvernement s’est cru  obligé de requérir auprès de la communauté internationale une intervention militaire étrangère afin de rétablir l’ordre. La situation sécuritaire, particulièrement les cas d’enlèvements et de séquestrations contre rançons, se détériore  dans le pays, tandis que des gangs armés assiègent encore le Terminal Varreux, principal entrepôt de stockage des produits pétroliers, augmentant ainsi les risques de propagation de l’épidémie de choléra dans le pays où les hôpitaux et centres ambulanciers sont privés de carburant. S’alimenter en eau potable devient  aussi un véritable casse-tête.

Ce mercredi 12 octobre, une délégation américaine conduite par Brian A. Nichols, Assistant du Secrétaire d’État aux Affaires de l’Hémisphère Occidental des États-Unis, a rencontré divers acteurs politiques et de la société civile, afin de faciliter les efforts en vue d’une sortie de crise. Pour le Gouvernement du Premier Ministre Ariel Henry, cette délégation semble être une aubaine. Il parle de « délégation américaine de haut niveau ». Dans un communiqué publié dans l’après-midi du 12 octobre, la Primature a annoncé que cette rencontre a été l’occasion de discuter de plusieurs sujets liés à la conjoncture actuelle, en particulier, de la crise humanitaire et de la question de la sécurité.

« Monsieur Nichols a réitéré l’engagement des États-Unis d’Amérique d’être aux côtés des Haïtiennes et Haïtiens, tout en exprimant le souhait de voir les acteurs nationaux s’élever au-dessus de leurs divergences afin de parvenir à un accord pour aller vers des élections honnête et crédibles dès que les conditions le permettront », a indiqué la Primature dans son communiqué.

Toujours selon ce communiqué, cette délégation « de haut niveau » conduite par M. Nichols était composé, entre autres, du directeur du Bureau international chargé de la lutte contre les stupéfiants et de l’application des lois, du conseiller pour les Affaires hémisphériques de la Vice-présidente Kamala Harris, du Commandant militaire adjoint du Southcom et du Chargé d’affaires des États-Unis d’Amérique en Haïti.

Les émissaires américains ont également rencontré les dirigeants de l’Accord de Montana, d’une part avec des représentants du Bureau de Suivi de l’Accord (BSA), et d’autre part avec le Président élu en leur sein, l’ex-Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH),  Fritz A. Jean. Selon l’ex-Gouverneur, les discussions ont porté sur la nécessité d’un consensus national pour la formation d’un Gouvernement de transition pouvant conduire à des élections crédibles, et sur la préoccupation des États-Unis concernant l’évolution préoccupante des cas de choléra en Haïti, qui risque de déboucher sur une crise humanitaire. Par ailleurs, une note du BSA a indiqué que ses représentants, Jacques Ted Saint-Dic et Magalie Comeau Denis, ont plaidé pour une assistance technique et logistique sécuritaire à l’État haïtien, la démission du Gouvernement en place, et la constitution d’un « pouvoir de transition consensuel ».

Quant au chef de délégation de cette commission américaine, il réaffirme l’engagement de son Gouvernement auprès du peuple haïtien à lutter contre l’épidémie de choléra et l’insécurité et enjoint les différentes parties à trouver une solution. « Le temps est venu pour les dirigeants politiques en Haïti de mettre de côté leurs divergences pour trouver une voie vers une paix durable », a-t-il affirmé dans un tweet le 12 octobre dernier.

Tandis que le Gouvernement de M. Henry espère la venue de forces étrangères pour  le conduire sur le chemin de l’efficacité et de l’apaisement, la situation continue de s’enliser, et les menaces sur la santé publique s’aggravent. Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) est attendu le 17 octobre par devant le Conseil de Sécurité pour de nouveaux rapports, ainsi que le Gouvernement.

Clovesky A.-G. PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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