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Une dictature qui ne dit pas son nom!

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Haïti vit depuis plusieurs années en marge de la démocratie. Cette doctrine politique que le pays cherche à expérimenter depuis la chute des Duvalier est mise à mal. Après les élections de 1990, toutes les compétitions électorales organisées sur ce territoire  ont fait l’objet de contestations et occasionnent toujours une situation d’instabilité politique gênante. On dirait que le pays n’est pas encore prêt à se lancer dans cette quête.

Ce n’est pas un accident de parcours. Toutes les dispositions sont prises pour torpiller le processus et mener la population  à la boucherie. Fondée sur la loi et les institutions, la démocratie s’est paradoxalement heurtée, en Haïti,  à une destruction camouflée du système éducatif. Elle est vendue comme un régime de libertinage, sans norme, sans respect mutuel, sans institution, etc. C’est en fait la même réalité qu’après 1804. On s’est fusionné pour chasser un groupe et maintenir le système sous une autre forme.

Ceux qui arrivent au pouvoir font tout pour le consolider dans leur propre intérêt, y compris  en recourant à la violence. Ils instaurent un climat de peur généralisée, même chez leurs adversaires et se gardent bien de renouveler le personnel politique. En fait, le terme dictature suppose la concentration du pouvoir entre les mains d’un individu, d’un groupe ou d’une classe. Dans le cas d’Haïti, nous faisons depuis quelque temps face à cette situation où des dirigeants se dotent d’un pouvoir au-delà même des institutions. Sans respect pour la Constitution ni les lois, ils ont creusé un abîme et précipité le pays dans le chaos.

Jovenel Moïse est un exemple vivant de ce phénomène. Il a tout critiqué durant son passage. À un certain moment, il  n’écoutait que lui seul. Il a refusé de renouveler le personnel politique. Il a rendu caduc le pouvoir législatif, affaibli le pouvoir judiciaire et  s’est même acharné sur la Constitution. Avant  son assassinat, il a imposé le bras de fer, sans combattre le gangstérisme qui a pris  son envol sous son règne. Il n’a pas non plus freiné le trafic d’armes dans le pays. On lui reprochait d’avoir fait venir des mercenaires sur le territoire et d’avoir prolongé la durée de son mandat au mépris total de la loi-mère d’Haïti. Il s’est érigé contre le système judiciaire bloquant, du coup, tous les dossiers qui pouvaient lui nuire ou embarrasser ses proches.

À présent, ce régime autoritaire atteint son paroxysme. La Constitution est mise de côté. La légitimité des supposés dirigeants est mise en doute. Un régime monocéphale est imposé. Le pays est dirigé par des gangs armés. Des gens non représentatifs délèguent l’autorité de l’État à des terroristes. Seules leurs voix (les voix des civils armés) sont écoutées sur ce territoire. Pour une première fois, Haïti se donne un régime dictatorial pour préparer le sentier à l’avènement de la démocratie. Une transition qui n’est ni démocratique, ni consensuelle. Le pouvoir d’un groupe de jouisseurs insensibles à la misère de la population qui habitent les rues, emportant avec eux tout ce qu’ils peuvent.

Seuls, des dictateurs féroces peuvent rester aussi indifférents aux massacres de civils, tout faire pour se maintenir au pouvoir,  rouler dans des véhicules blindés, manger à satiété tout en emprisonnant la population. Personne ne peut circuler librement, même pas la Police nationale, la force coercitive légale. La torture est poussée à l’extrême en Haïti. Les gangs bouclent la capitale. Des enfants de moins de douze ans exhibent des armes sophistiquées. Des parents sont obligés de dormir sur des places publiques avec leurs nourrissons. Des milliers de jeunes sont contraints d’abandonner l’école. Le pays est en plein dans le chaos. On expérimente une autre forme de pouvoir à vie avec un exécutif sans mandat ni dans la durée ni dans la mission. Si cela peut s’appeler démocratie, il est important que nos théoriciens politiques fassent la promotion de leur découverte : une démocratie en dehors de la loi, au mépris de la majorité, sans faire cas du respect des droits humains.

Plus besoin de faire un parallèle entre la période duvaliériste et celle que le pays est en train de vivre actuellement. Ceux qui ont vécu les Duvalier, peuvent continuer à les dénoncer car, ce qu’ils ont fait à la nation n’a pas de nom. Parallèlement, ceux qui ont la chance d’être encore en vie peuvent se lamenter du degré d’insouciance des hommes d’État qui multiplient les mauvaises combines et qui se réjouissent de tout pouvoir emporter dans leurs poches, y compris le bien-être de la population.

Daniel SÉVERE

danielsevere1984@gmail.com   

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