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« Viv Ansanm » et « Gran Grif » désignés organisations terroristes, quels seraient les effets pour Haïti ?

Avec la désignation des gangs armés « Viv Ansanm » et « Gran Grif » comme organisations terroristes par le département d’État des États-Unis, Ulysse Jean Chenet, coordonnateur du Mouvement Point Final, estime que l’armée américaine pourrait intervenir en Haïti à n’importe quel moment…

Depuis plusieurs mois, les gangs armés mettent la capitale du pays à feu et à sang. Ils obligent des milliers de familles à fuir leur foyer. L’administration de Donald Trump, semble-t-il, veut mettre un terme à cette situation chaotique qui est devenue la réalité de tous les jours des habitants de Port-au-Prince. « J’annonce aujourd’hui que le département d’État a désigné Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères et terroristes mondiaux spécialement désignés. L’ère de l’impunité pour ceux qui soutiennent la violence en Haïti est révolue », a indiqué Marco Rubio, secrétaire d’État américain, dans un communiqué de presse ce 2 mai 2025.

Les gangs armés, notamment la coalition Viv Ansanm et Gran Grif, sont la principale source d’instabilité et de violence en Haïti, a déclaré Marco Rubio précisant qu’« ils constituent une menace directe pour les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis dans notre région ». Ces gangs, ajoute-t-il, ont tué et continuent d’attaquer la population haïtienne, les forces de sécurité haïtiennes et le personnel de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), et sont déterminés à renverser le gouvernement haïtien.

À en croire le secrétaire d’État américain, l’objectif ultime des gangs armés est de créer un État contrôlé par les gangs, où le trafic illicite et d’autres activités criminelles se déroulent librement et terrorisent les citoyens haïtiens. « La désignation de ces groupes comme organisations terroristes joue un rôle essentiel dans notre lutte contre ces groupes violents et constitue un moyen efficace de réduire le soutien à leurs activités terroristes », affirme-t-il.

En dépit du fait que cette décision semble être appréciée par la population haïtienne, n’empêche qu’elle peut avoir des effets sur Haïti en matière de relations diplomatiques. Lors d’une interview accordée à Le Quotidien News ce 3 mai 2024, Ulysse Jean Chenet, coordonnateur du Mouvement Point Final, a fait savoir qu’en matière de relations diplomatiques et commerciales, cette décision va avoir une grande conséquence sur l’avenir d’Haïti. « Le pays deviendra encore plus vulnérable. À n’importe quel moment, l’armée américaine pourrait intervenir en Haïti. Le pire, même la République dominicaine pourrait envahir Haïti.

« C’est la destruction totale de la souveraineté d’Haïti », a-t-il déclaré en précisant que l’État haïtien n’existe plus à partir de cette décision. « Le fait que ce sont des gouvernements étrangers qui désignent des groupes armés dans le pays des associations terroristes, a contrario, c’est l’État haïtien qui est aussi terroriste », a expliqué Ulysse Jean Chenet en ajoutant que le Conseil Présidentiel de Transition « a détruit la souveraineté du pays ».

Selon le chercheur de l’International Crisis Group, Diego Da Rin, spécialiste d’Haïti intervenant à Radio France Internationale (RFI), cette désignation pourrait être un moyen d’augmenter les risques juridiques pour tous ceux qui soutiennent les gangs, d’une manière ou d’une autre, mais aussi de cibler plus facilement les réseaux impliqués dans le trafic d’armes qui sont à destination des gangs en Haïti.

Mais en réalité, avance-t-il, les effets négatifs de cette mesure risquent de dépasser largement ses avantages. « La plupart des activités économiques ou humanitaires nécessitent un certain niveau de contact ou de négociation avec ces groupes armés, donc cette désignation menace les efforts locaux de réduction de la violence, d’aide humanitaire et même de commerce », a déclaré le chercheur Diego Da Rin. Contrairement à d’autres types de sanctions, explique-t-il, la désignation « terroristes étrangers » ne prévoit pas de mécanisme de dérogation, donc cela rend extrêmement difficile pour des ONG de travailler dans des zones contrôlées par ces groupes sans s’exposer à des poursuites.

« En général, les entreprises et les organisations humanitaires préfèrent donc tout arrêter par précaution pour éviter de s’exposer à des sanctions civiles ou pénales associées à cette désignation dont les conséquences peuvent être trop lourdes », a-t-il ajouté.

Il convient de rappeler selon le secrétaire d’État américain Marco Rubio, les personnes et entités qui fournissent un soutien matériel ou des ressources à « Viv Ansanm » ou à « Gran Grif » s’exposent à des poursuites pénales et à l’interdiction d’entrée aux États-Unis ou à leur expulsion du territoire.

La Rédaction

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