Voit-on cette catastrophe qui s’amène?
3 min readDe jour en jour, la situation d’Haïti s’envenime un peu plus. Cela fait plus d’une semaine que la capitale haïtienne présente l’image d’un territoire en guerre. Les dernières offensives des gangs visant le renversement du pouvoir inquiètent. La ville de Port-au-Prince se transforme en un véritable chaudron.
Quasiment toutes les activités sont au point mort dans cette ville qui représente le poumon du pays. Les impacts de sa paralysie commencent à se faire grandement sentir dans les autres villes de province. Le commerce formel et informel, les écoles, les hôpitaux, rien ne fonctionne. On est en plein désastre.
Le 7 mars 2024, le Bureau des Affaires Humanitaires de l’ONU a alerté sur le risque de l’effondrement du système sanitaire en Haïti. Il évoque l’impossibilité des hôpitaux de s’alimenter en matériels et en intrants. L’OCHA se préoccupe également de l’incapacité du personnel sanitaire d’aller travailler. À l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), le constat ces dernières semaines fait pitié. Les patients sont obligés de vider les lieux malgré leur état.
Parallèlement, les gangs essaient de détruire toute la capacité défensive de l’État en occupant, vandalisant et incendiant presque tous les postes de police de la capitale. Ils mènent aussi des attaques contre d’autres bâtiments stratégiques. Ils rendent l’aéroport fragile comme un œuf.
Plus besoin de rappeler les conditions inhumaines dans lesquelles vit la population depuis plus de deux ans à cause de la toute-puissance des gangs. Si nous faisons abstraction des cas de kidnapping, des meurtres enregistrés, des milliers de gens qui sont obligés d’abandonner leur domicile sans rien emporter, entre autres, on n’arrivera tout de même pas estimer l’impact économique de toutes les conséquences provoquées par ce phénomène de l’insécurité. Toutefois, ce n’est pas un péché si nous disons que cette situation nous a totalement effondrés.
Avant que les civils armés nous aient cloué ce dernier clou, notre seul espoir était de fuir le pays pour espérer survivre. Nous avons utilisé tous les moyens. Cela n’empêche pas que le taux d’insécurité alimentaire est demeuré toujours inquiétant. Selon la FAO, 4.9 millions d’Haïtiens souffraient, en mai 2023, d’insécurité alimentaire aiguë. Cette situation ne va pas s’améliorer au regard de la conjoncture. Donc, à ce rythme, nous risquons, dans les heures qui viennent, de faire face à une pénurie à tous les niveaux (eau, soins sanitaires, aliments comestibles, carburants, etc.). De surcroît, le pays n’est plus gouverné ni administré depuis bientôt deux semaines.
Qui pense à ce qui se dessine à l’horizon pour le peuple haïtien ? Est-ce que les politiques qui tergiversent en tenant des propos dilatoires voient cette catastrophe humanitaire qui arrive ? Et, si rien n’est fait pour anticiper cette foudre qui va s’abattre sur nous? Qu’est-ce qui empêche les politiciens de se dépasser ? Sont-ils moins intelligents que les gangs qui, malgré leurs différences et leurs objectifs divergents, s’entendent pour une mission commune? Pauvre Haïti!
Daniel SÉVÈRE