2020 : l’année de la transition, des mésaventures et de la confirmation
5 min readFaisant référence à l’année 2020 en passe de s’achever, nous considérons que ce fut une année marquée par un ensemble de faits qui annoncent de nouvelles perspectives : une passation de pouvoir par les urnes ou l’instauration d’une transition que d’aucuns attendant ardemment.
Considéré comme une année ordinaire, 2020 a constitué un nœud important dans la crise sociopolitique aigue à laquelle fait face la nation. Elle a fait le pont entre trois années de gouvernance de Jovenel Moise, marquée par des mobilisations à récurrence et l’ouverture d’une nouvelle ère politique qui donnera soit une transition politique, soit l’établissement d’un autre règne issu des élections. Il n’y aura pas malheureusement de chemin clandestin en 2021. Pour ceux qui croient à la cohabitation politique (très possible), cela ne changera pas la donne.
L’opposition a fait du surplace
Annoncée comme une année de grande mobilisation, 2020 était considéré par l’opposition comme la dernière année de Jovenel Moïse au pouvoir. Le discours a timidement évolué sans que de grandes actions aient été posées pour renverser le régime. Désormais, l’emphase a été mise sur le 7 février 2021.
En effet, en comparaison avec les années antérieures, les opposants au régime en place n’ont pas trop inquiété le pouvoir. Si l’on veut retenir quelque chose, l’année se résume à une pléiade de dénonciations. Pourtant, ce fut l’année où le chef de l’État a commis le plus de fautes, selon l’opinion, à travers les innombrables décrets controversés pris.
Si en 2019, les adversaires politiques s’étaient illustrés par des mobilisations monstres, des activités de paralysie totale du pays (pays lock) et des accords politiques significatifs, pour cette année 2020, identifier une mobilisation spectaculaire de l’opposition s’avère être un exercice cérébral assez difficile. Les minimes tentatives réalisées n’ont accouché de rien de spécial, sinon la satisfaction d’avoir essayé. Son plus grand bilan est la division !
Alors qu’elle se préparait à prendre le pouvoir en 2021, l’opposition a peiné comme au cours des années antérieures à trouver une cohésion en son sein. Contrairement à 2019, les anti-Jovenel ont donné le signe le plus accablant cette année : l’accentuation de la division. Les dénonciations proviennent de toutes parts, ôtant à ce bloc politique le minimum de crédit dont il pouvait disposer.
Kelly C. Bastien a affaibli la chaine, Evalière Beauplan a connu une année sabbatique (suffisamment pour dire que l’opposition est déboitée), Dieuseul Simon Desrat a parachevé le tout en levant la voile sur ses anciens combattants. Ne parlons pas de Moïse Jean-Charles qui a fait éclater les colères les plus fortes. Injures, dénonciations de corruption, opposition dans l’opposition, démissions, voilà le menu offert par les anti-PHTK pour aborder 2021. L’année qui vient sera, qu’on le veuille ou non, une année de décisions.
Le pouvoir s’arme mieux
Sachant qu’il s’achemine vers une année décisive, l’exécutif a joué presque tous ses atouts en plaçant ses pions comme des garde-fous çà et là, en vue de tirer le gros lot. L’objectif est précis : réaliser les élections. D’ailleurs Jovenel Moïse encouragé par la communauté internationale est clair là-dessus : les élections auront lieu. En plus, il assure que son régime va rester au pouvoir. Heureux comme un poisson dans l’eau, il réussit tout ce qu’il fait.
La transition passera par les urnes
M. Moïse l’avait dit à qui veut l’entendre qu’il n’y aura plus de transition dans le pays. Il est le dernier président provisoire, laisse-t-il entendre. Et, à cette fin, pas mal de décisions controversées ont été prises. Allant du renvoi du Parlement à la publication du décret portant création et fonctionnement de l’Agence nationale d’intelligence (ANI).
Depuis le constat de la caducité de la chambre basse en janvier dernier par M. Moïse, suivi du renvoi contesté des deux tiers du Sénat, le chef de l’État s’est octroyé les pleins pouvoirs en instaurant un gouvernement à sa botte, mais aussi en adoptant beaucoup de décrets qui suscitent des réactions de colère au niveau même de l’international. Près d’une dizaine de décrets ont été pris, le chef de la PNH a été révoqué, un nouveau Conseil électoral a été constitué en remplacement de celui de Léopold Berlanger qui a démissionné en bloc, sans parler de la création de l’ANI, du nouveau code pénal adopté, etc.
À la différence de l’opposition qui se montre hésitante sur ses objectifs, Jovenel Moïse fonce tête baissée. Il a tout mis en œuvre en vue de la transition par les urnes et, les conseillers électoraux sont à pied-d ‘œuvre.
2020 : un pont vers la dictature
Il n’y a pas que les acteurs politiques à marquer l’année. Les organisations de la société civile ont été particulièrement agitées durant cette année. Entre autres réalisations, elles se sont érigées en avant-garde de combat contre le président qui fait, selon elles, cap vers l’instauration d’une dictature dans le pays. Elles ont fait tout un plaidoyer contre le nouveau code pénal et l’ANI qui, selon les responsables de l’exécutif, font l’objet, pour l’heure, de révisions. À en croire les organisations de la société civile, cette année 2020 a été un pont vers un régime dictatorial.
La communauté internationale vacillante
La communauté internationale a marqué, elle aussi, cette année. En effet, elle est intervenue dans la crise haïtienne à plusieurs moments pour s’attirer, bien sûr, l’animosité de l’opposition et des organisations de la société civile. Au cours de l’année, le Core group, l’Union européenne, le gouvernement américain, l’OEA, tous, ont mis la pression pour la tenue des élections malgré la conjoncture. Progressivement, ils ont revu leur position au point même de laisser croire qu’une sorte de virage préjudiciable au régime en place est en train de s’effectuer. Maniant de plus en plus la langue de bois, ils continuent de se fixer sur la conjoncture.
La redaction