Certains diraient qu’Haïti n’a pas de chance. C’est un fait si nous regardons les évènements à la surface. Au premier degré, nous voyons un pays trahi, ce, par ses propres fils qui se comportent comme des vendus.
La réalité est que le grenier est totalement vidé. On ne peut plus parler de réserve de la République. Ceux qui étaient considérés comme des gens crédibles ont fini par se faire démasquer par le temps. C’est, en effet, la plus grosse désillusion de la nation.
Durant les trois décennies écoulées, si on fait le bilan politique de ce pays, on va sans conteste conclure que la nation a été braquée. Des politiciens de tout acabit ont fait des hold-up à répétition sur l’État, emportant tout sur leur passage, y compris le rêve populaire et sa confiance naïve. Ils nous ont tous bernés.
À présent, on assiste à une sorte de chaise musicale à la tête de l’État. Une transition fait suite à une autre. Quatre ans déjà, l’épisode, paraît-il, vient à peine de commencer. Qui sait quand et qui mettra fin à cette gouvernance vicieuse ? À cette politique mafieuse ? Qui peut dire avec certitude ce qui arrivera demain ? Dans cinq ou dix ans ?
On pensait voir le bout du tunnel après avoir fait chuter le règne des Duvalier. On pensait réellement, dur comme fer, qu’on avait renversé la vapeur et établi la nouvelle ère. Dommage qu’on s’est fait prendre au dépourvu. Qu’on s’est fait braquer pendant plus de quarante ans.
À présent, c’est le découragement qui prévaut. Nous regardons tous vers l’étranger. Soit pour tenter de trouver un mieux-être. Soit pour espérer avoir la bénédiction des blancs pour briguer le pouvoir. Haïti est, malheureusement, devenu une terre indésirable, à la fois pour ceux qui s’y trouvent encore, mais aussi pour ceux qui sont déjà partis. La population a le ras-le-bol de la vie politique du pays et s’est désengagée après avoir tout expérimenté : les religieux, les intellectuels, les artistes, entre autres. D’autres braqueurs viendront à coup sûr, mais s’avouer vaincu après quarante et plus n’est pas la solution. Nous devons continuer la lutte pour une Haïti renouvelée. Ce ne sont que des expériences. À nous d’assumer.
Daniel Sévère
danielsevere1984@gmail.com