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9e Sommet des Amériques : Ariel Henry reconnaît le recul de la démocratie en Haïti

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Prime Minister of Haiti Ariel Henry speaks during a plenary session of the 9th Summit of the Americas in Los Angeles, California, June 10, 2022. (Photo by Patrick T. FALLON / AFP)

Du lundi 6 au vendredi 10 juin, la ville de Los Angeles a accueilli le 9e Sommet des Amériques. Des invités de marque ont brillé par leur absence. Seul point positif : « La Déclaration de Los Angeles sur les migrations et le la protection », mais elle n’a été signée que par 20 États sur les 35 que compte la région. Le Premier Ministre de fait, Ariel Henry, en a profité pour rappeler les problèmes qui préoccupent Haïti, tout en reconnaissant que la démocratie a régressé dans le pays.

Depuis 1994, les Chefs d’État de 35 pays du continent américain se réunissent environ tous les quatre ans afin de consolider leurs liens dans les différentes sous-régions. Après le premier Sommet en 1994 qui a eu lieu à Miami, c’est pour la deuxième fois que les États-Unis ont accueilli l’événement. Le Sommet des Amériques est la tribune pour beaucoup de sujets et le lieu pour la signature de nombreux accords dans plusieurs domaines, tels que l’économie, la migration ou le climat. Pour Joe Biden, Président des États-Unis d’Amérique et hôte de l’évènement, l’objectif est de relancer la coopération et renforcer les échanges entre les pays du nord et du sud du continent.

Un sommet sous haute tension

Ce 9e Sommet des Amériques a été largement marqué par l’absence de nombreux États. D’abord, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua n’ont pas été invités sous prétexte que Washington a des réserves quant« au manque d’espace démocratique et au respect des droits humains » dans ces pays. Face à cela, le Sommet a été boudé par le Président mexicain Angel Manuel Lopez Obrador, qui s’est fait représenter par son Ministre des Affaires Etrangères. « Je ne vais pas au Sommet parce qu’on n’invite pas tous les pays de l’Amérique. Je crois en la nécessité de changer la politique qui a été imposée depuis des siècles : l’exclusion », a-t-il lâché.

La non-invitation de ces pays a fait l’objet de nombreuses contestations par des pays invités. À Los Angeles, le Président de la République d’Argentine, Alberto Fernandez, a clairement exprimé son désaccord par rapport au comportement de Washington.  « Nous aurions certainement souhaité un Sommet des Amériques différent. Le silence de ceux qui sont absents nous interpelle. Pour que cela ne se reproduise pas, je voudrais dire pour l’avenir, que le fait qu’un pays accueille le Sommet ne signifie pas qu’il a la capacité d’imposer le droit d’admission aux pays membres du continent. Le dialogue dans la diversité est le meilleur instrument pour promouvoir la démocratie, la modernisation et la lutte contre les inégalités », a-t-il déclaré. 

Le Premier ministre du Bélize, John Briceno, a lui aussi exprimé son profond désaccord. « Il est inexcusable que tous les pays des Amériques ne soient pas ici », a-t-il déclaré à quelques mètres du Président américain. De même, quatorze dirigeants de la Communauté des Caraïbes (Caricom), suivis par le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, le Bolivien Luis Arce et la Hondurienne Xiomara Castro,  ont annoncé qu’ils ne participeraient pas au Sommet si Washington persistait dans ses « volontés d’exclusion ». Cependant, force est de constater la dégradation des relations entre les États-Unis et Cuba, et de rappeler que Cuba a été invitée pour la première fois en 2015 au Panama, un moment historique qui a vu une poignée de main entre Barack Obama et Raul Castro.

Le 9e Sommet des Amériques a été l’occasion pour les États de signer une Déclaration pour garantir les droits des migrants dans la région. « Avec cette Déclaration, nous transformons notre approche de la gestion de l’immigration dans les Amériques. Chacun de nous signe des engagements qui reconnaissent les défis que nous partageons tous, et la responsabilité partagée de tous nos pays », a déclaré le Président des États-Unis. Cependant, seulement 20 des 35 pays américains ont signé la Déclaration de Los Angeles qui repose sur quatre piliers qui sont : les voies d’immigration légales pour les travailleurs étrangers ; l’aide aux communautés affectées ; la gestion humaine des frontières ; et une réponse coordonnée aux situations d’urgence.

Ariel Henry, invité au sommet         

L’actuel Chef du Gouvernement issu de l’accord politique du 11 septembre 2021 a été invité au 9e Sommet des Amériques.  Cela a été le moment pour lui de multiplier les rencontres avec les autres invités. Des rencontres ont eu lieu entre le Dr Ariel Henry et le Secrétaire Général de l’OEA, Luis Almagro en mardi, et avec Luis Abinader, Président de la République Dominicaine en jeudi. Avec le Président dominicain, les discussions ont porté sur la sécurité et le renforcement des coopérations dans le domaine douanier. Une rencontre a également eu lieu avec le Président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Mauricio Claver-Carone. « Je lui ai fait part de certains défis auxquels Haïti fait face, entre autres, la baisse du PIB et du niveau de vie de la population, l’augmentation de l’inflation, l’insécurité. Quant aux problèmes de l’insécurité, la BID pense qu’elle pourrait fournir de l’assistance à la Police Nationale d’Haïti ou au Ministère de la Justice. Une réunion de suivi devrait être programmée pour discuter davantage des possibles apports de cette importante institution financière à la lutte contre ce fléau dans notre pays », a déclaré Ariel Henry. Le jeudi 9 juin, une rencontre avec l’Ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ONU,  Linda Thomas-Greenfield, et le Secrétaire d’État adjoint aux Affaires de l’Hémisphère occidentale, M. Brian Nichols, a également eu lieu.

Dans son discours du vendredi 10 juin, le Dr Ariel Henry a tenu à rappeler aux différents États la nécessité de respecter les engagements pris envers les autres tout en soulignant la nécessité d’une Amérique unie. « Je crois qu’il est de notre intérêt, dit-il, dans cet hémisphère, de tout faire pour tenir nos promesses, et qu’ensemble, nous pouvons effectivement construire un avenir durable, résilient et équitable ».

Ariel Henry reconnait non seulement qu’Haïti fait face à l’insécurité, mais aussi à l’effondrement des institutions étatiques. D’après lui, la démocratie a fait un pas en arrière. «  Et je continue, dit M. Henry, sans relâche à parler à mes compatriotes, pour tenter d’élargir ce consensus en alliant plus de groupes sociaux autour d’un plan conçu pour ramener les institutions du pays a un fonctionnement  normal et pour restituer le pouvoir a des élus librement choisis par le peuple haïtien dans le cadre d’élections libres et transparents ».

« L’instabilité politique liée à une insécurité insupportable, rend illusoire toute velléité de construire cet avenir durable, résilient et équitable. La conséquence immédiate pour nous est un ralentissement de l’activité économique, une inflation importée, la fuite massive de nos jeunes et de nos cadres vers d’autres pays de la région et une difficulté à envisager l’organisation rapide des élections et la transmission du pouvoir à des élus », a fait savoir le Dr Henry. Ce dernier a aussi soulevé la question de la migration. Selon lui, l’insécurité et l’instabilité politique, la misère, le chômage, l’absence d’opportunités pour les jeunes, les inégalités en sont les causes qui  poussent les Haïtiens à quitter Haïti. Le PM a aussi plaidé pour des investissements massifs dans le pays.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@cloveskypierre

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