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James Fleurissaint, le comédien au verbe enflammé

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Sur scène ou derrière son micro, James Fleurissaint montre qu’il a le sens du rire en héritage. Sa maîtrise de la scène met à nu sa virtuosité pour le plaisir d’un public qu’il se plaît à amener à la réflexion. Son message, il le porte par le rire à la dimension d’un comédien digne de son calibre.

En effet, le maître à penser de « Verbe Enflammé » a le sens de l’humour qui coule dans ses veines, vu l’automatisme avec lequel il  provoque le rire chez ses spectateurs. Il s’agit là d’un don, d’un héritage légué par son père, Mélidor Fleurissaint qui, selon lui, incarnait le théâtre. « Il avait une fascination singulière pour l’art théâtral. Pour moi il était le théâtre », témoigne James Fleurissaint, ayant en mémoire l’humour de son infatigable père, qui fut le premier à l’inspirer à investir la scène.

Né un 10 juin à Port-au-Prince d’une famille précaire de quatre enfants, dont trois frères et une sœur, James Fleurissaint s’est lancé tôt dans le théâtre. Cependant, sa mère, Éliziane Pierre, qui a succombé à une maladie quand il avait douze ans, n’était pas trop fan de ce choix de carrière. En revanche, son père, lui qui n’a pas su profiter de son immense talent de comédien, voulait qu’il l’accompagne avec un autre domaine. « La respectabilité des décisions de mes parents me tient à cœur. Mais pour ce qui concerne mon choix de faire du théâtre, j’étais obligé de faire des remises en question. Car, il n’appartenait qu’à moi de comprendre ce feu qui brûlait en moi pour ce grand art », précise le Rikiki de la toile qui, au décès de son père, a laissé tomber ses études en sociologie qu’il avait entamées pour faire plaisir à ce dernier.

Au Théâtre national, il a fait ses premiers pas sur scène lors de la représentation de « Dora », une pièce de David Mezy. « La sensation qui accompagnait ce moment était quelque chose de vraiment inhabituel, indescriptible, car aucun mot ne peut définir ce feu de joie qui m’habitait ce jour-là », déclare le comédien, tout ému. Des sensations de ce genre, il en a connues tout au long de sa carrière tant il a vécu des expériences, les unes plus enrichissantes que les autres. Sa sélection pour participer au festival « Juste pour rire » au Canada ; sa tournée dans cinq pays du continent africain ; son premier rôle dans le film « Mr Toussaint » ; son premier recueil « Mètrès douvanjou » ; sa participation dans la série sur la sécurité routière avec la MINUSTAH ;  et son émission « Verbe Enflammé », sont autant de choses qui ont marqué son parcours élogieux dans le domaine artistique.

Le présentateur de « Verbe enflammé », émission diffusée depuis deux ans sur les plateformes d’Haïti Inter, parle de son émission tel un palais conçu par des auteurs passionnés par la littérature haïtienne. Il déclare en ces termes : « La littérature haïtienne est riche de beauté, et nous devons sans cesse faire œuvre de vulgarisation afin de partager ces beaux textes littéraires avec les autres ».

En ce qui concerne son premier rôle dans le film « Mr Toussaint », une adaptation du roman d’Édouard Glissant, le jeune acteur dit avoir vécu une expérience extraordinaire. « Je suis un artiste qui n’aime pas planer au-dessus de la réalité. J’aime exercer un art utile », affirme l’artiste engagé, qui a su profiter de l’occasion d’incarner un personnage important de l’histoire de son pays.

Dans l’univers de l’art oratoire, le diseur James Fleurissaint trouve la plume qui lui permet d’enrichir à sa manière la littérature haïtienne. À en croire ses dires, il est difficile voire impossible d’être un diseur de beaux textes ou comédien sans jamais écrire une ligne ou un vers. « Autant vous dire que c’est par la porte du théâtre ou du dire poétique que je suis venu à l’écriture », confie l’auteur du recueil de poèmes « Mètrès Douvanjou », paru aux éditions  Bas de pages. Il s’inspire en effet de tout ce qui a une certaine résonance ou qui s’agite en lui, pour donner de la forme et du fond à ses mots. Quoique les énergies n’aient pas de sexe, se  fondant sur leurs noms, le poète rend un hommage aux divinités féminines du panthéon vodou haïtien à travers son recueil.

Toutefois, James Fleurissaint, qui poursuit des études en Art du spectacle en France à l’Université Paris Nanterre, déplore le fait que la culture en Haïti n’est pas appréciée à sa juste valeur. « C’est flippant de vivre dans un espace sans salle ni conservatoire de théâtre, de musique ou de cinéma, quand on sait le rôle important de l’art dans la construction d’un individu », se désole l’acteur, exaspéré, pensant que le temps d’attendre les dirigeants en Haïti est révolu.

« Pour le moment je bosse sur un ouvrage, et j’essaie de rendre beaucoup plus attractif la rubrique Verbe Enflammé », informe James Fleurissaint, qui a en perspective une tournée avec son adaptation en conte du roman « Gouverneur de la rosée » de Jacques Roumain.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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