Un accord qui rallie tout le monde mais ne rassure personne
3 min readVisiblement, l’accord passé entre les dirigeants de l’opposition le weekend écoulé est accepté de tous. Pas de réactions divergentes, ni d’opposition clairement exprimée à cette entente. Cependant, au regard des intérêts fondus les 8 et 9 novembre dernier et les termes de références du document, rien ne peut être pris pour acquis.
On dirait que l’accord a fait autorité.
Jusqu’ici, suivant l’engagement pris par les signataires, la close est
respectée. Pas de positions contradictoires ni de dénonciations, encore moins
d’oppositions clairement exprimées. Au niveau de presque tous les secteurs,
c’est le calme plat en attendant la suite. La population demeure sur le qui-vive
alors que les protagonistes promettent d’avancer à pas rassurants.
L’opposition plurielle est, pour l’heure, unie, c’est-à-dire,
accordée derrière un projet unique. Cette opposition dont on parle n’est pas
essentiellement politique vu que cet accord inclus la société civile haïtienne
qui exige sans répit le départ de Jovenel Moïse et la révocation du système.
Elle revendiquait en réalité, les mêmes choses, cependant, elle ne voyait pas
la résolution de la crise de la même manière. Elle finit par s’entendre en
ralliant tous les secteurs sur la même table et autour d’un même objectif, ne
serait-ce, pour l’heure.
Aussi vrai que tous sont tombés d’accord sur la nécessité
pour que le président quitte le pouvoir au plus vite et son remplacement par un
juge de la Cour de cassation, plus d’un doute encore de la force de cette
entente. En revenant sur des exemples passés, des gens questionnés à cet effet
demeurent perplexes souhaitant plutôt attendre au lieu de se positionner en
prophète de malheur. Selon eux, le geste est signifiant mais, passant en revu
les acteurs en question, les interviewés ne sont pas du tout optimistes sur la
durée de cette coalition.
Certains plus radicaux, assimilent à un théâtre ce consensus.
Pour eux, ce n’est pas un accord qui vise l’amélioration de la condition de vie
de la population. Il s’agit plutôt, croient-ils, d’une stratégie pour ne pas
tout perdre comme ce fut le cas en 2004. De leur avis, l’opposition en mauvaise
pente fait semblant de concéder certaines choses pour continuer d’exister et
d’assurer que la transition ne leur échappe pas entre les doigts.
Plus loin, les commentateurs saluent ce répit observé dans le
mouvement « pays lock ». Ils disent espérer avoir tort sinon, les
opposants politiques connaîtront des sorts plus avilissants que le chef de
l’État actuel.
Rappelons que malgré l’accord, des signataires
comme le bloc démocratique pour le redressement national reste croire qu’il
n’était pas nécessaire d’aller à la Cassation. Vu les tournants des
discussions, il a fait la concession nécessaire, a précisé un de ses
représentants. Un autre groupe qui n’avait pas supporté la cassation le
« Mache kontre » a aussi cédé, peut-être pour le bien de la démocratie.
Mais lisant entre les lignes, ce sont des concessions malgré. À cela s’ajoute
l’abstention de Fanmi Lavalas.