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Haïti-crise. Le Groupe de Travail sur la Sécurité écrit au Gouvernement haïtien et à ses partenaires internationaux

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Gouvernement de facto d’Haïti

Secrétaire général des Nations Unies

Conseil de sécurité des Nations Unies

Partenaires bilatéraux d’Haïti

Bureau Intégré Nations Unies

Contexte

Le 9 octobre 2022, le Premier Ministre de facto d’Haïti, Ariel Henry, a envoyé une lettre au Secrétaire général des Nations Unies, demandant un soutien militaire pour faire face à une éventuelle catastrophe humanitaire conséquencede la violence des gangsmettanten danger les fondements mêmes de l’État haïtien.

La lettre du Dr Henry fait écho à une correspondance antérieure de M. Guterres exhortant le Gouvernement haïtien à solliciter une telle assistance. Rapidement, une chaîne d’événements s’est déclenchée avec a)l’envoi par les États-Unis de garde-côtes américains pour patrouiller dans les eaux haïtiennes autour de Port-au-Prince,b) la rédaction de Résolutions en faveur de la sécurité par les États-Unis et le Mexique pour potentiellement répondre positivement à la demande du Gouvernement de facto d’Haïti, etc) un nombre d’indicesannonciateurs d’une intervention militaire étrangère en Haïti

Fort de ce constat, le GTS s’empresse de partager ses préoccupations avec le peuple haïtien ettous les autres acteurs impliquésà la fois dans le développement et la résolution de la crisehaïtienne.Le GTS est un groupe de réflexion qui réunit diverses organisations de la société civile et des dirigeants des secteurs universitaire, religieux, militaire, policier, syndical, des droits de l’Homme, de la diaspora, et du secteur privé d’Haïti.

Perspectives historiques

Il suffit de remonter au mois d’août 2022 pour trouver suffisamment d’affirmations de la part de membres du Congrès et des Sénateurs des États-Unis sur le caractère répréhensible et les effets dommageables de la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Haïti. S’y sont ajoutées, il y a à peine deux mois, les déclarations de Luis Almagro, Secrétaire général de l’OEA, de Pamela White, ancienne Ambassadrice des États-Unis en Haïti, ainsi que de nombreux autres diplomates reconnaissantla méchanceté et la visée destructrice qui ont caractérisé les relations de la communauté internationale avec Haïti. En remontantun quart de siècle en arrière et même plus loin, ces relations donnent lieu au même constat : méfiance, ruse et malfaisances. Dix missions des Nations Unies, entre autres, ont laissé Haïti dans un état presque irréparable. Les institutions publiques de ce pays, déjà faibles, sont devenues dysfonctionnelles : la Police, la justice et les autres institutions garantes de l’état de droit ne sont plus que des zombies. La population, dans l’impuissance totale, constatesondépérissementde jour en jour ; la violence sur les femmes et les enfants et les assassinats de masse sont devenus des faits divers qui ne soulèvent plus l’indignation des amis d’Haïti. Les ingérences de la communauté internationale, en sélectionnant les dirigeants politiques d’Haïti et en établissant dans nos institutions publiques une culture de dépendance à l’égard de l’aide étrangère ont engendré instabilité, pauvreté et colère. En se basant sur les leçons de l’histoire, le peuple haïtien, aujourd’hui, n’a aucune raison de faire confiance à la communauté internationale.

Alors, quoi?

La triste réalité est qu’Haïti se trouve à la croisée des chemins, dans une situation d’insécurité et de misère insoutenablequi exige un traitement à la fois urgent et à la hauteur des défis. Il faut agir en toute urgence. Mais pas de n’importe quelle façonni à n’importe quel prix. Il suffit d’écouter la voix du peuple haïtien. Le peuple a parlé avec ses pieds, en défiant la soif, la faim, la pluie, le soleil, les gaz lacrymogènes et les balles de la police.

Ce que nous avons entendu

  • Haïti est en grande difficulté et a besoin d’une aide urgente.
  • Les Haïtiens soutiennent des opérations militaires efficaces et rapides contre les gangs, avec la PNH et les FAd’Hcomme chefs de file. La plupartcomprendront un accompagnement par une force opérationnelle tactique étrangère qui jouerait un rôle de soutien logistique et stratégique. Les détails de cet arrangement doivent être transparents et bien communiqués au peuple haïtien avant tout engagement.
  • Les Haïtiens veulent un changement immédiat dans la gouvernance d’Haïti allant de pair avec l’opération de sécurité.

Est-ce si simple ?

Il semblerait assez simple d’adhérer à ces demandes spécifiques. Au moins l’aspect physique du problème de l’insécurité n’apparaît pas si compliqué à traiter à court terme. Cela pourrait prendre juste deux ou trois mois pour détruire les infrastructures physiques des gangs, si toute la puissance d’un effort conjoint entre la police, l’armée et une force tactique étrangère est utilisée. Cependant, les actions militaires et policières ne seront qu’une solution temporaire pour établir les conditions nécessaires à l’instauration d’une autre forme de gouvernanceà mêmede changer la trajectoire du pays.

En d’autres termes, parallèlement aux opérations militaires, il est indispensable de rassembler un groupe de personnalitéscrédibles et respectées pour faciliter dans le court terme les conditions nécessaires à une compétition politique nationale et démocratique sur tout le territoire d’Haïti. Il est temps de faire place à desprofessionnels compétents et des technocrates intègres,incluant certains qui font déjà partie de l’administration actuelle, pour assumer la conduite de l’appareil del’État avec seulement trois priorités :

  • Mettre en place une machine électorale permanente pour assurer des élections générales dans 12 mois ;
  • Rétablir les institutions de la justice et assurer le fonctionnement stable du système judiciaire ;
  • Etablir un tissu de promotion et de protection sociale et réajuster à la baisse le coût de la vie en fonction de l’évaluation des besoins et des conditions de vie de la population.

Conclusion

Les solutions aux nombreux défis d’Haïti ne sont peut-être pas simples mais elles sont à portée de la main. Cela implique que les décideurs soient à l’écoute du peuple haïtienavec un sens prononcé du service public et une volonté politique sincère de changerses conditions de vie. Les ressources nécessairespour réaliserces changements sont là, et Haïti en a déjà l’une des plusrares :des millions de jeunes vigoureux et sous-utilisés capables de contribuer au maintien de la sécurité nationale, et de participerà de grands projetssociaux et économiques pour rebâtir leur nation.Ils ont seulement besoind’un leadershiphaïtien,patriotique, éclairé et visionnaire.

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                     Coordination du GTS

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