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Les festivités de fin d’année en Haïti : qu’en est-il des traditions ?

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Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Dans la tradition haïtienne, cette période de l’année charrie beaucoup d’énergie positive et de gaieté. Dans la conjoncture actuelle avec l’insécurité meurtrière, les divers problèmes socio-politiques et les impacts de l’inflation sur la vie quotidienne, les vieilles traditions des fêtes de fin d’année sont de plus en plus en voie de disparition. Si bien que beaucoup se demandent s’il y aura une fête de fin d’année en Haïti?

De toute évidence, cette année a été l’une des plus difficiles, sur divers points, pour la nation haïtienne. Le pays a connu plusieurs événements préoccupants, notamment l’aggravation de la situation sécuritaire à plusieurs niveaux, la pénurie récurrente de carburant, l’inflation qui explose, sans compter les nombreux problèmes politiques, économiques et sociaux. Encore une fois, depuis près de cinq ans, les fêtes de fin d’années coïncident avec une Haïti désorientée, lasse, découragée et surtout fragile. Actuellement, le peuple haïtien vit de sombres moments, très contradictoires avec l’esprit et l’énergie des traditionnelles fêtes de fin d’année.

Habituellement, le mois de décembre est accueilli chaleureusement par les Haïtiens. D’ailleurs, selon la tradition, dès le 1er jour du mois de décembre et même avant, des maisons, des magasins, des entreprises sont décorés de vives couleurs et de lumières pour marquer l’esprit de Noël. Ordinairement, des concours de chant de Noël sont organisés à la radio, à la télévision et via les réseaux sociaux. D’autres activités socio-culturelles comme les galas, les concerts pour célébrer la Noël et clôturer l’année dans la gaieté et la joie ont toutes leur place dans les calendriers. Selon la coutume, le mois de décembre est considéré comme l’un des mois parfaits pour entreprendre des festivités comme des cérémonies nuptiales.

En Haïti, passer les fêtes de fin d’année loin de sa famille et de ses amis proches est synonyme de passer des fêtes malheureuses. D’ailleurs, c’est le prétexte parfait pour la diaspora haïtienne de rentrer dans le pays et pour les locaux de rendre visite aux membres de leurs familles qui vivent à la campagne ou qui sont un peu éparpillés dans la ville. À cette époque, les dîners en famille et entre amis sont des rendez-vous à ne pas manquer et même des retrouvailles chaleureuses après de longs mois de séparation.

Depuis quelques années, la situation a véritablement changé en Haïti. Le peu de personnes et d’institutions qui continuent à respecter et à honorer les vieilles traditions s’efforcent de le faire. Depuis près de cinq ans, plus les années s’enchaînent, plus la vie chère augmente et plus le pays sombre. Les fêtes de fin d’année ont fini par perdre de leur essence et de leur magie tout comme le pays. Cette année, les rues ne donnent pas l’impression que les festivités de fin d’année avancent au galop. Très peu de magasins et de maisons sont décorés de vives couleurs et de guirlandes.

Les activités dans les rues durant la période de fin d’année qui provoquaient de longues heures d’embouteillage sont presque inexistantes. Effectivement, les conséquences de l’insécurité se manifestent dans chaque aspect de la vie nationale. Depuis la montée de la violence des groupes armés, les achats traditionnels dans le centre-ville sont presque impossibles.  Seulement quelques concours traditionnels de chant de Noël et quelques activités socio-culturelles s’effectuent timidement pendant cette période. En réalité, les conditions ne sont pas réunies pour respecter les traditions. 

Comment peuvent-elles perdurer dans un pays aussi incertain? Comment les respecter avec cette insécurité meurtrière, le kidnapping, la pénurie du carburant, le choléra, l’inflation et la misère? D’ailleurs, durant l’année 2022 avec le kidnapping, beaucoup de familles sont ruinées, beaucoup d’entreprises ont fait faillite, beaucoup de vies sont gâchées. La population est endettée. Les gangs qui gagnent du terrain et en puissance empêchent la libre circulation dans le pays. Les Haïtiens de la diaspora ne peuvent pas visiter leur famille en Haïti. La hausse des produits pétroliers et parallèlement des prix des transports en commun empêchent les réunions de famille.

Outre les traditions d’ordre social fortement menacées, les traditions administratives du côté de l’État semblent également affectées. Dans une circulaire signée par le Premier Ministre Ariel Henry,   publiée le 5 décembre dernier, la Primature informe les fonctionnaires de l’État que les paniers de Noël sont interdits. Conformément à l’arrêté du 29 mars 2017, relatif à la gestion du Trésor publique, le Premier Ministre met en application l’interdiction des commandes de cadeaux de fin d’année, des corbeilles de Noël, des cartes de vœux onéreuses et l’organisation de fêtes fastueuses au frais de l’administration publique. Ainsi, les dépenses de fin d’année doivent être réduites au strict minimum.

D’un autre côté, dans une circulaire signée par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales publié le 6 décembre,  la direction de l’Immigration et de l’Emigration ordonne à tous les agents d’immigration à travers le pays d’exiger de tous les fonctionnaires de l’État, à savoir des Ministres, Secrétaires d’État, Directeur généraux qui ont l’intention de partir vers l’étranger, une autorisation dûment signée du Premier Ministre Ariel Henry habilitant la personne en question à le faire. Ceci est valable aussi bien pour les missions diplomatiques que pour les voyages privés, peut-on lire.

Cette fin d’année n’a rien d’ordinaire. En ce mois de  décembre, le seul bonheur du peuple haïtien est la Coupe du Monde de Football. Pour beaucoup de gens, les fêtes de fin d’années sont une farce depuis quelque temps. La vie nocturne est presque inexistante dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Avec l’insécurité, l’inflation et cette crise politique, beaucoup de gens se demandent comment et quoi célébrer?

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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