Pensons Haïti autrement pour les années à venir !
5 min readLes dirigeants n’ont pu faire de l’année 2022 une année où auraient pu être posés les jalons d’une nouvelle société. Ceux qui aspirent à prendre les rênes du pouvoir doivent être des hommes responsables, éclairés, dont l’intérêt pour la collectivité doit primer sur l’intérêt personnel. Dans le cas contraire, la population risquera de continuer à croupir dans la situation de pauvreté abjecte dans laquelle elle se trouve.
En Haïti, l’instabilité politique est chronique. Cela s’est aggravé durant l’année 2022 avec le Gouvernement en place. Ariel Henry qui détient tout le pouvoir répressif de l’appareil étatique, selon l’avis de plus d’un, n’a pas pu rétablir l’ordre et la paix dans le pays. Au contraire, d’une certaine manière, on lui reproche d’avoir jeté de l’huile sur le feu de la mobilisation populaire suite à sa décision d’augmenter le prix des produits pétroliers sur le marché. En guise de justification, le Chef de la Primature avait déclaré que c’était une façon pour que le carburant soit disponible dans les stations-essence. « […] Avec les fluctuations à la hausse sur le marché mondial, c’est un effort que nous allons encore demander progressivement au peuple haïtien […]. C’est à cette condition que nous pourrons importer le carburant et le rendre disponible en permanence », avait-il martelé lors d’une adresse à la nation 20 juillet 2022.
La pénurie d’essence s’est fait à nouveau ressentir durant cette période. En conséquence, il y a eu une flambée des prix des produits de première nécessité dans le pays. Le prix des transports en commun était fixé par les chauffeurs eux-mêmes et non par l’État en raison de l’indisponibilité d’essence dans les stations-essence. Un gallon de carburant se vendait à 2500 gourdes environ dans la commune de Carrefour et les zones avoisinantes sur le marché noir à cette date. Certains motocyclistes commençaient déjà à manifester leur mécontentement. Durant les mois d’août et septembre, des pneus enflammés ont été érigés un peu partout sur certains axes routiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince, particulièrement à Delmas.
Pénurie d’essence : pourquoi ?
Le Gouvernement d’Ariel Henry avait décidé, finalement, après un conseil des ministres tenu le 13 septembre 2022, de revoir à la hausse le prix des produits pétroliers sur le marché. « Le gallon de la gazoline est passé de 250 gourdes à 570 gourdes. La gazoline est tout de même subventionnée à hauteur de 158 gourdes. C’est différent pour le diesel qui est passé de 353 gourdes à 670 gourdes. Le kérosène est vendu à 665 gourdes alors qu’avant il se vendait à 352 gourdes ». Dans une interview accordée au journal à la première moitié de mois de décembre, David Turnier, Président de l’Association Nationale des Distributeurs des Produits Pétroliers (ANADIPP), avait indiqué que cette pénurie s’explique en raison de la difficulté pour certaines stations-essences d’acquérir le dollar sur le marché haïtien afin de commander à l’étranger.
En cette fin d’année, l’or noir se fait toujours rare dans certains départements du pays. Et dans les rares stations-essence qui fonctionnent, on pouvait remarquer de longues files d’attente…
Un Premier Ministre qui travaille pendant que les villes sont en ébullition
La capitale d’Haïti et certaines villes de province étaient en ébullition suite à la décision prise par le Gouvernement d’Ariel Henry de revoir à la hausse le prix du carburant. Des barricades et des pneus enflammés ont été érigés un peu partout. La circulation était complètement paralysée. En conséquence, les activités économiques quotidiennes fonctionnaient au ralenti. Les protestataires réclamaient le départ du locataire de la Primature. Le pays était en plein chaos. Et face à cela, le PM a voulu que la population voie en lui quelqu’un qui travaille. «On me fait des reproches. On me dit que je ne parle pas souvent. C’est parce que je travaille. On n’a pas de temps à perdre. On a beaucoup de boulot », avait déclaré le Dr Ariel Henry au moment d’une adresse à la nation le 11 septembre 2022.
Les manifestations étaient entachées d’actes de pillages et d’incendies. Les banques commerciales n’étaient pas épargnées. Certaines écoles dans le département de l’Artibonite ont été pillées également. Le pays s’est trouvé enfermé dans un cycle de violence. Dans certains quartiers, il y avait pénurie d’eau potable. Certains hôpitaux ne fonctionnaient plus. En pleine crise de carburant, la population était livrée à elle-même.
La communauté internationale sanctionne des personnalités qui sont de connivence avec les gangs armés
La situation chaotique du pays a attiré l’attention de la communauté internationale une fois de plus. Nombreux sont les politiciens et les membres du secteur privé haïtiens qui sont sanctionnés par le Canada et les États-Unis. Les personnes sanctionnées, selon le Gouvernement canadien, utilisent leur statut de membres très en vue de l’élite économique et politique en Haïti pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption. Du côté des États-Unis, les politiciens haïtiens sont sanctionnés par le Département du Trésor des États-Unis. On leur reproche d’avoir abusé « de leur pouvoir pour poursuivre les activités de trafic de stupéfiants dans la région ».
Des projets de développement économique ?
Pratiquement, aucun projet de développement économique n’a été mis en place par les élites politiques et économiques du pays durant l’année 2022. Elles n’ont pas pu orienter le pays vers un lendemain meilleur. La monnaie locale est constamment en chute libre par rapport au dollar. L’inflation pour le mois d’octobre est passée à 47,2%. Parallèlement, les bandes armées opèrent en toute quiétude. Des cas d’enlèvements sont signalés presque tous les jours dans la capitale. Face à cela, la Police Nationale d’Haïti (PNH), semble-t-il, est impuissante.
Il est temps de penser Haïti différemment. Cessons de s’entre-déchirer nous-même. Cessons de nous en prendre aux écoles pour résoudre nos différends politiques. Haïti mérite mieux !
Jackson Junior Rinvil
rjacksonjunior@yahoo.fr