« 406 gourdes » de salaire par jour, les médecins résidents de l’HUEH ont gagné les rues
4 min readDepuis le 22 décembre dernier, plusieurs médecins résidents de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), communément appelé Hôpital Général, ont entamé un mouvement de grève. Le 6 février dernier, ils ont organisé une marche pacifique à travers les rues pour dénoncer les « 406 gourdes » de salaire par jour. De meilleures conditions de travail, des matériels appropriés et en bon état, un salaire décent, figurent, entres autres, sur la longue liste de leurs revendications.
La situation des jeunes médecins en Haïti devient de plus en plus difficile. Dans le contexte actuel, les médecins œuvrant dans les hôpitaux administrés par l’État font face à de sérieux problèmes. Les jeunes internes et résidents, notamment dans les hôpitaux universitaires, n’en sont pas exempts. Les résidents de l’Hôpital Général se sont donc exprimés pour dénoncer les mauvaises conditions dans lesquelles ils travaillent et les difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement dans le cadre de leurs apprentissages.
Selon Samuel Saldor, un jeune médecin interne à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, contacté par la rédaction de Le Quotidien News, les conditions de fonctionnement des résidents ne sont pas appropriées. « Alors que le pays connaît une inflation sans borne qui atteint la barre de 47,2%, actuellement, un médecin résident vit avec 406 gourdes par jour, donc 12 500 gourdes et un interne avec 300 gourdes. L’hôpital est dépourvu des matériels essentiels à notre formation académique », soutient Samuel Salvador.
« Nous devons avoir un environnement adéquat pour faciliter notre apprentissage et notre plein épanouissement. Or, dans l’enceinte de l’hôpital, il n’y a même pas de cafétéria disponible, pas d’eau courante et pas d’électricité. Nous fonctionnons dans un manque total de presque tout, et cela est inadmissible », dénonce le jeune interne. « Malgré maintes tentatives auprès de la directrice de l’hôpital, Dre Jessie Adrien Colimon, depuis environ six mois, nos doléances ne sont pas prises en compte. Nous avons donc formé un comité pour passer à une vitesse supérieure en vue de faire entendre notre voix », affirme le jeune homme.
En effet, ces professionnels de santé ne cachent pas leur mécontentement et ont foulé les rues de la capitale le 6 février en brandissant des pancartes comportant des messages clairs et précis sur ce qu’ils demandent aux autorités concernées. Les jeunes médecins se sont directement adressés au Ministre de la Santé Publique et de la Population, Dr Alex Larsen, au directeur général de cette institution, Dr Lauré Adrien et à la directrice de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, Jessie Adrien Colimon, et bien-entendu au locataire de la Primature, Ariel Henry.
Aux dires de Samuel Saldor, les résidents exigent de meilleures conditions de travail. Ces derniers demandent un réajustement salarial à 55 000 gourdes, un environnement sain et adapté aux besoins des résidents et des matériels en bon état pour faciliter le processus de formation des internes et des résidents et parallèlement leur faciliter la tâche avec les patients. « Nous sommes plus d’une centaine de résidents à l’HUEH et vraiment la plupart des résidents participent aux différents mouvements de protestation. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout pour obtenir les résultats escomptés », indique M. Saldor.
La situation est grave à l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Il est important de souligner que cet établissement est un hôpital de troisième échelon, c’est-à-dire que sa mission n’est pas uniquement la prise en charge des malades mais, il est également conçu pour favoriser l’apprentissage des médecins internes et joue un rôle essentiel dans la recherche scientifique et la formation académique des étudiants en sciences de la santé.
Entre-temps, les mouvements de protestation perdurent et les résidents n’entendent pas baisser les bras rapidement. Un mois après la grève généralisée, les résidents gagnent les rues pour faire passer leurs revendications, laissant les malades livrés à eux-mêmes avec le peu de personnels soignants disponibles au sein de l’hôpital. Les autorités ont intérêt à réagir au plus vite, car en fin de compte ce sont les patients qui souffrent de cette situation.
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis