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Les dépenses alimentaires représentent en moyenne 70% du budget total des ménages en Haïti

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Près de la moitié de la population haïtienne vit dans l’insécurité alimentaire. Les conséquences de la crise économique, politique et sociale deviennent de plus en plus lourdes. Les dépenses alimentaires représentent en moyenne 70% du budget total des ménages en Haïti, à en croire la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) à travers une enquête.

Après quatre années consécutives de décroissance économique avec une moyenne de -2.1% entre 2019 et 2022, le pays repart en 2023 pour une cinquième année de marasme économique. Cependant, Haïti n’est pas le seul pays à voir son économie rétrécir de jour en jour. Prévue à 3% il y a sept mois, ce n’est finalement qu’à 1.7% que l’économie mondiale devrait s’établir en 2023, et 2.7% en 2024, selon les prévisions de la Banque Mondiale. Dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, la croissance devrait également ralentir à 1,3% en 2023. « Les pays en développement vont subir un ralentissement net et durable de l’activité économique », avait indiqué l’institution de Bretton Woods dans un communiqué de presse du 10 janvier dernier.

David Malpass, Président du Groupe de la Banque Mondiale, avait déclaré en octobre 2022 que « les progrès accomplis dans la réduction de l’extrême pauvreté ont été stoppés dans le même temps où la croissance économique mondiale marquait le pas ». Des pays comme Haïti n’échappent pas à cette crise. Au niveau alimentaire, la situation ne cesse de s’aggraver. L’Enquête nationale de suivi de la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour l’année 2022 (ESSAN 2022) a révélé que durant l’année dernière, la proportion de ménages qui a expérimenté la faim en raison du manque de ressource pour acquérir des produits alimentaires a plus que doublé. « 71% des ménages ont vécu la faim en 2022, contre seulement 32.9 % en 2021. Un peu plus de 7 ménages sur 10 ont utilisé des stratégies de crise et/ou d’urgence », lit-on dans le rapport d’enquête publié en janvier 2023 par  la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA). Selon cette enquête, « les ménages consacrent en moyenne 70% de leur budget aux dépenses alimentaires ».

Des dons du FMI et de la Banque Mondiale

Le FMI et la Banque Mondiale semblent vouloir agir contre l’insécurité alimentaire dans le pays à coup de millions de dollars. Dans un communiqué de presse du 6 février 2023, le conseil d’administration du FMI a indiqué avoir approuvé un décaissement de 105 millions de dollars américains en faveur d’Haïti « au titre du guichet de financement des ripostes aux chocs alimentaires ». Selon ce communiqué, ces fonds vont être décaissés « afin d’aider le pays à répondre aux besoins urgents de financement de sa balance des paiements qui découlent de la crise alimentaire mondiale ».

« Haïti, dont plus de la moitié de la population est déjà en dessous du seuil de pauvreté, traverse une crise humanitaire dramatique ; au cours de l’exercice 2023, le pays devrait connaître un déficit de financement d’au moins 105 millions de dollars (0,5 pour cent du PIB), en supposant une compression de ses importations, et faute d’un financement extérieur supplémentaire de la part de ses partenaires pour le développement », lit-on dans le communiqué.

Lors des délibérations du conseil d’administration du FMI, Antoinette Sayeh, Directrice générale adjointe et Présidente par intérim, a assuré que Haïti saura s’acquitter de ses dettes envers le FMI, et pose ses conditions à la BRH qui devrait ralentir sur ses interventions sur le taux de change au moyen de l’injection de liquidités. « Les politiques macroéconomiques et structurelles adaptées, que les autorités mettent en œuvre dans le cadre du programme de référence, permettent également de garantir qu’Haïti saura s’acquitter de ses obligations envers le FMI. Tout en apportant des liquidités suffisantes au secteur financier, il convient que la Banque Centrale réduise le financement monétaire du déficit et n’intervienne sur le marché des changes que pour lisser la volatilité ».

De son côté, la Banque Mondiale a approuvé un support additionnel de 50 millions de dollars afin d’améliorer la sécurité alimentaire en Haïti, selon un communiqué du 8 février 2023. Ce financement devrait se faire dans le cadre du Projet d’agriculture résiliente pour la sécurité alimentaire (PARSA) en Haïti. « Avec ce financement supplémentaire, la Banque Mondiale aide le Ministère de l’Agriculture à améliorer les systèmes de production alimentaire résilients et investit dans le capital humain pour promouvoir une croissance économique inclusive. », a fait savoir Laurent Msellati, Chef des opérations de la Banque Mondiale en Haïti. Avec plus de 4.5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le pays, ce financement permettra d’ajouter 120000 bénéficiaires supplémentaires dans le PARSA, et permettra d’améliorer la productivité de 4 000 hectares de terres agricoles.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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