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L’activité criminelle s’intensifie à Canaan, toujours pas de retour à la plage

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Les gangs armés ne cessent d’étendre leur sphère d’influence. Canaan, un quartier situé à quelques kilomètres au Nord de Port-au-Prince qui a recueilli les sinistrés du 12 janvier 2010 est désormais un foyer de criminalité qui fait la terreur des usagers de la Route nationale numéro un.

Assassinats, vols, enlèvements et séquestrations, détournements de camions de marchandises, rançonnement des véhicules de transport public empruntant la route, etc., la criminalité organisée ne chôme pas dans ce quartier de la Route  nationale numéro un. L’influence et l’activité des gangs armés ne cessent de s’accroître depuis ces dernières années. Aujourd’hui, depuis la plaine du Cul-de-Sac jusqu’aux communes les plus lointaines de l’Artibonite, des gangs, les uns plus cruels que les autres, sèment le chaos et le désespoir parmi les populations locales, ainsi que les usagers de cette Route nationale.

Déjà en novembre et décembre 2021, la violence des gangs armés avait paralysé l’activité touristique en pleine expansion sur les dix-neuf kilomètres de la « Côte des Arcadins », au Nord-est de Port-au-Prince. Des ateliers de travail avaient été réalisés par le Haut-Commandement de la Police Nationale sous la houlette du Directeur Frantz Elbé les 24 et 30 novembre 2021, avec les autorités locales, les propriétaires et gérants d’hôtels de la région, ainsi que des organisations locales.

Cependant, le plan de sécurité baptisé « Retour à la plage » qui devait s’en dégager afin de permettre la reprise des activités touristiques le long de la Côte des Arcadins n’a pas eu les effets escomptés, du moins, pas sur le long terme, malgré la décision du Directeur Général de la Police Nationale de placer des agents des unités spécialisés tout au long de la Route nationale #1, depuis la Route 9 jusqu’à la dernière pointe de côte. Cependant, la situation s’est aggravée, et la Route nationale #1 est, pour certaines personnes,  désormais bien plus dangereuse que celle de l’entrée Sud de la capitale.

Canaan, zone rouge

Les actes de kidnapping, les homicides et les rançonnements n’arrêtent pas à Canaan. Le  24 janvier dernier, les gangs locaux ont fait au moins cinq morts dans la population civile à Canaan lors d’une attaque, parmi eux Josué Jean-Pierre, un ancien professionnel du football à Port-au-Prince, joueur de l’Aigle Noir du Bel-Air. Le 7 février, Desras Simon Dieuseul, ancien Président de l’Assemblée Nationale et ex-Ministre de l’Environnement a été la cible d’une attaque armée dont il a pu s’échapper, lui et trois autres personnes qui l’accompagnaient. Ce 16 février, vers six heures du matin, un minibus d’abonnement scolaire a été détourné par les bandits à Bon Repos, non loin de Canaan, avec à son bord le chauffeur et sept écoliers. Les élèves ont été libérés, mais le chauffeur a été emmené.

Depuis plusieurs jours, l’utilisation de la Route nationale #1 ne semble plus être gratuite, un droit de péage aurait été imposé par les bandits à Canaan, selon certaines sources. Un montant exorbitant par semaine aurait été exigé aux syndicats de transport des départements du Nord et de la zone du Bas-Artibonite. Une carte de passage identifierait les chauffeurs qui se plient à cette règle, et d’autres voyageraient à leurs risques et périls, si on en croit ces sources.

La PNH réagit

Il faut rappeler que les forces de police font des efforts afin de limiter l’activité criminelle dans la région. Le 21 janvier dernier, quatre présumés membres du gang local ont été arrêtés à Canaan pour association de malfaiteurs, accusés par la police d’être impliqués dans le commerce de produits pétroliers détournés. Plus tard, le 6 février, un tout nouveau chef de gang installé dans une petite antenne locale a été débusqué par la PNH, et abattu lors des échanges de tirs au niveau de Bon-Repos. Ce dernier aurait été impliqué dans l’incendie du Sous-Commissariat de Corail Cesse-Lesse (L’un des quartiers construits après le 12 Janvier 2010) en décembre dernier.

Dans une conférence de presse en date du 15 février 2023, le Commissaire divisionnaire Gary Desrosiers, porte-parole de la Police Nationale, a fait un bilan des opérations de l’institution policière pour ce début de 2023. Selon ses informations, 153 kilos de marijuana ont été saisis, 24 armes ainsi que des munitions, une dizaine de véhicules ont été confisqués, 38 754 dollars américains ont été saisis ainsi que 10 485 000 gourdes, 16 présumés bandits ont été blessés mortellement suite aux échanges avec la police. Quinze individus ont été déférés au parquet pour enlèvement et séquestration ; 369 arrestations ont été effectuées avec pour chefs d’accusation le trafic de drogue, la détention illégale d’armes à feu, le vol à main armée, des viols sur mineures, des homicides, assassinats, enlèvements et séquestrations.

Pour la PNH, pas question de baisser les bras, une « Note au public » a été publiée ce mercredi 15 février, annonçant le recrutement de sa 33e promotion jusqu’au 28 février.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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