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Une catastrophe humanitaire est à craindre :  L’économiste Guy Mary HYPPOLYTE lance l’alerte

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L’insécurité criante affecte toutes les sphères d’activité du pays. Le prix des produits de première nécessité ne cesse d’augmenter de manière exponentielle. Interviewé par  Le Journal Le Quotidien News, l’économiste Guy Mary HYPPOLITE affirme que, si les autorités ne prennent aucune mesure pour redresser cette situation, le pays aura à faire face à une très grave catastrophe humanitaire.

Les prix des produits de première nécessité continuent de grimper. Aujourd’hui, le prix d’un sac de riz varie entre 4600 et 4900 gourdes, dépendamment du quartier ou de la commune où l’on habite. À titre d’exemple, dans la commune de Carrefour une personne aura besoin de 4900 gourdes pour acheter un sac de riz ainsi que dans la commune de Gressier; il est plus coûteux à Léogâne. Une caisse de spaghettis coûte 2500 gourdes à Carrefour et à Mariani, une boîte d’œufs se vend à 700 gourdes, un sac de sucre la reine du sud est estimé à 4600 gourdes et le prix d’une caisse de lait varie entre 3900 et 3950 gourdes.  Une marmite de maïs moulu se vend à 500 gourdes dans certains marchés de Carrefour.

Par ailleurs, ce qui dérange le plus, à en croire certains commerçants de Gressier,  c’est l’augmentation de façon exponentielle des prix des produits  de première nécessité. « La  hausse des prix nous empêche de faire des bénéfices en tant que revendeurs, alors que nous avons une famille et des responsabilités », explique Ginette qui refuse qu’on mentionne son nom de famille ainsi que le marché dans lequel elle se trouve. Selon cette commerçante, il y a un ensemble de facteurs qui sont à la base de la cherté de la vie en Haïti. « Il faut maintenant un droit de péage pour traverser le tronçon menant à Port-au-Prince à hauteur de Martissant. Si au centre-ville de Port-au-Prince un sac de riz nous coûte 4600 gourdes par exemple, il va falloir, mis à part les frais de transport fixés par l’État,  payer un frais supplémentaire pour les marchandises et  ce dit frais est considéré comme un droit de passage à Martissant », déplore-t-elle en pointant du doigt les autorités qui n’ont rien fait pour mettre fin à l’insécurité criante qui gangrène Haïti chaque jour davantage.

« Pour survivre dans une telle situation, et pour pouvoir acheter de la marchandise à nouveau, on est obligé d’augmenter le prix des produits de première nécessité quand on va les revendre », a-t-elle ajouté.

Pour M. Pierre, un autre commerçant, c’est le même son de cloche en ce qui concerne l’augmentation des prix des produits de première nécessité. « Puisqu’on est obligé de payer les bandes armées pour aller acheter des marchandises, il est tout à fait normal de les revendre à un prix beaucoup plus élevé », affirme-t-il.

Inflation : l’économiste Guy Mary HYPPOLITE voit le rouge si rien n’est fait

D’entrée de jeu,  l’économiste Guy Mary HYPPOLITE explique que le monde fait face aux conséquences post COVID-19. Par conséquent, l’inflation est mondiale et impacte les économies du monde entier. « Dans le cas d’Haïti où il y a une économie de rente, c’est-à-dire qui repose plus sur l’importation que sur l’exportation, l’inflation aura des conséquences considérables », à en croire M. HYPPOLITE. Il  précise que les personnes les plus vulnérables seront plus exposées à la hausse des prix des produits de première nécessité, en conséquence,  plus de personnes vont plonger dans la précarité et l’insécurité alimentaire.

Haïti peut s’attendre au pire si les autorités ne réagissent pas face à ce problème. « Vu l’irresponsabilité et l’incompétence de nos dirigeants, si les prix de tous les produits de première nécessité continuent d’augmenter sans aucun programme d’urgence, sans aucun plan pour affronter ce qui est à venir, nous devrons faire face à une catastrophe humanitaire », prévient l’économiste  HYPPOLITE.

Dans son rapport annuel rendu public en avril 2022, la Banque de la République d’Haïti ( BRH) avait souligné que l’indice des prix des produits locaux ainsi que celui des produits importés avaient affiché une tendance à la hausse. La BRH à cet effet avait précisé que l’indice des prix des produits domestiques avait augmenté de 20,5 % en avril 2022, alors que celui des produits importés s’était accru de 38 %, enregistrant une augmentation de 1,8 point de pourcentage par rapport au mois précédent.

Les explications de la BRH sur l’inflation à cette époque

La BRH avait fait mention en avril 2022, de plusieurs éléments pouvant expliquer le taux d’inflation qui était « relativement élevé,  s’établissant à 1, 6% ». Parmi lesquels, le conflit entre la Russie et l’Ukraine provoquant la hausse des cours de certains produits alimentaires sur le marché international, la dépréciation de la monnaie locale face au dollar américain.

Selon le taux de la BRH pour ce jeudi 9 mars 2023,   il faut 151. 82 gourdes pour avoir 1 dollar américain. Si l’on se base sur les propos de certains commerçants concernant la hausse des prix des produits de première nécessité, la situation ne sera-t-elle pas pire avant le prochain rapport annuel de la Banque Centrale sur l’Indice des Prix ?

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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