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Les mauvais Ponce Pilate !

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Critiquer le laxisme de l’État en Haïti devient lassant. Dénoncer la toute-puissance des gangs, constitue une perte de temps. L’insécurité et l’impunité font corps dans ce pays où règnent la terreur et le désespoir. On en parle tous les jours. Plus on tire la sonnette d’alarme, plus la situation s’envenime.

Les quartiers de Port-au-Prince sont invivables. Parfois, on a la sensation qu’on vit dans un pays en pleine guerre. Les rafales d’armes automatiques sont étourdissantes. Les civils armés font la parade sans s’inquiéter pendant que les habitants continuent d’abandonner leurs maisons pour se mettre à l’abri. Pis est, voyager vers les villes de province constitue un risque énorme. Des écoles, et pas des moindres, continuent de fermer leurs portes. Des églises sont prises d’assaut. Des professeurs sont victimes de tirs en pleine salle de classe. C’est la détresse en Haïti!

Sur les réseaux sociaux, les chefs de gangs deviennent des supers stars. Ils s’exhibent. Ils accusent à tort et à travers les élites politiques et économiques haïtiennes. Ils citent des noms, menacent de hautes autorités de l’État et mettent en déroute la Police sans aucune réaction. Pourtant, malgré leur attitude terroriste, ils veulent montrer qu’ils n’y sont pour rien.

Depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, les actions des bandits se sont multipliées. Leurs cartels s’amplifient et le nombre de personnes enlevées, tuées et kidnappées défraient la chronique. On les recense par plusieurs centaines dans les rapports des organismes des droits humains. Le pays se meurt.

Comme Ponce Pilate, tous veulent se laver les mains. On dirait que la corruption, l’insécurité, entre autres, sont apparues chez nous à travers des extraterrestres. Les gangs se présentent comme des victimes, l’État, la population, la communauté internationale, ceux qui sont sanctionnés par le Canada et les États-Unis également. Ils sont tous blancs comme neige.

Au niveau de la communauté internationale, ils ne sont pas inquiétés : aux Haïtiens de résoudre leur problème, ignorant ainsi leur implication dans l’accentuation de la crise. Les armes de guerre envahissent le territoire comme si elles étaient venues de nulle part. Nos ports et aéroports fonctionnent comme des passoires. Ni l’État, ni la communauté internationale n’ont rien à dire. Ils ne sont pas responsables et c’est fini.

Que dire des dénonciations systématiques faites à l’égard du rôle de la communauté internationale dans la manipulation des élections en Haïti ? Que répond le Core Group aux accusations le rendant responsable d’avoir imposé Ariel Henry à la tête de la nation ? Toutes ces intrusions de la communauté internationale, sont-elles sans conséquences sur cette réalité que nous sommes en train de vivre ?

Trop d’acteurs sont impliqués dans cette crise. Trop de lâches essaient de fuir leur responsabilité. Trop de mises en scène. Trop de traîtres cherchent à se dissimuler. Quelles seront les conséquences du programme « humanitarian parole » sur le devenir de cette nation ? Ne participe-t-il pas au projet progressif de déstabilisation du pays ? Que deviendront ceux qui n’auront pas la possibilité de fuir vers les États-Unis? Comment pensez-vous rendre service à un affamé en lui offrant du poisson au lieu de lui apprendre à pêcher ? Qu’est-ce qui arrivera au peuple quand il n’aura d’autre choix que d’affronter les gangs avec ce rapport de force défavorable ?  Arrêtez de jouer les Ponce Pilate et évitons au pays un génocide à l’instar du  Rwanda.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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