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Et si nous arrêtons de compter sur les étrangers ?

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Haïti plonge de plus en plus dans l’anarchie. Les gangs ne se contentent pas seulement d’occuper plus de territoires mais, ils s’en prennent ouvertement à la population qui est obligée de quitter par tous les moyens les zones à risque pour se mettre à l’abri. Selon le dernier rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits Humains (HCDH), 160 000 personnes ont abandonné leurs maisons à cause de la terreur des gangs pendant les deux premières semaines du mois en cours. Trois cents (300) autres sont rapportées blessées, 208 tuées et 101 kidnappées. Il précise avoir aussi relevé 531 cas d’assassinat et 277 cas de kidnapping pour le premier trimestre de 2023.

Dans un rapport publié également cette semaine par le Réseau national de Défense des Droits Humains (RNDDH), l’organisme dit recenser du 27 février au 20 mars, 70 morts et plus d’une cinquantaine de gens portés disparus à la suite des affrontements armés au Bélair et dans les environs. Plusieurs personnes ont été atteintes de balles perdues près du Champs de Mars en ébullition depuis le déclenchement de cette bataille inter-gangs. Des civils armés ont aussi carbonisé des corps et incendié des maisons. C’est le même scénario sur les hauteurs de Pétion-ville et dans les environs depuis maintenant deux semaines. À Port-au Prince, la mort ne fait pas pitié.

En effet, ce n’est pas le premier rapport international qui révèle ces genres d’atrocité en Haïti. Ce ne sera pas non plus le dernier en considérant la faiblesse ou le manque de volonté des autorités haïtiennes. Six mois après l’appel à l’aide lancé à l’ONU par le Gouvernement haïtien en vue d’une intervention militaire, le dossier continue de stagner. L’Exécutif est toujours optimiste et attentiste pendant que les gangs continuent de progresser en toute impunité. Le pays est au bord d’une crise d’insécurité sans précédent. Le HCDH lance un cri d’alarme à cet effet dans le désert de l’ONU. Le coût est devenu insupportable. Haïti est devenu la risée du monde.   

Trop de faits prouvent que nous devons changer de vision. Que nous devons revoir nos stratégies politiques greffées sur un support inconditionnel des étrangers. Les sanctions imposées à certains membres de l’élite nationale devaient nous servir d’exemple. Le laxisme affiché par les pays étrangers dans la crise également. Personne ne peut prendre notre place. Qu’attendons-nous de l’ONU qui ne fait que compiler des chiffres sans se manifester réellement? Va-t-on continuer à penser que demain sera meilleur comme on le fait depuis plus de deux décennies sans s’impliquer dans une vraie bataille pour le changement ?  Pourquoi continuons-nous de compter sur l’État qui  révèle sans cesse sa capitulation face aux gangs ? Qu’est-ce qui empêche l’homme haïtien de comprendre que c’est à lui et à lui seul de résoudre ses problèmes ?

Tout le monde voit notre nudité. Il est temps de valoriser notre devise. De sanctionner la classe politique et de partir sur de nouvelles bases en misant d’abord sur notre force. C’est le momentum à saisir. 

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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