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23 ans après, la justice est toujours absente dans le cas de Jean Léopold Dominique!

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23 années après l’assassinat du journaliste de Radio Haïti Inter, Jean Dominique, l’enquête judiciaire n’a toujours pas abouti. Ce  3 avril, ses confrères journalistes ainsi que diverses sociétés de médias nationaux ont unis leurs voix pour exprimer leur indignation et exiger du corps judiciaire de mettre sur pied une sérieuse enquête concernant le double assassinat de Jean Dominique et de Jean-Claude Louissaint. 

Même si de l’eau a coulé sous les ponts, depuis l’assassinat de Jean Léopold Dominique et du gardien de Radio Haïti Inter, Jean-Claude Louissaint, les réclamations de justice restent inchangées. En effet, en cette circonstance, l’Association Nationale des Médias Haïtiens, l’Office de la Protection du Citoyen, ainsi que l’Association des Journalistes Haïtiens, pour ne citer que ceux-là, ont formulé le souhait de voir la justice haïtienne triompher dans le cadre de cette enquête. À noter que plusieurs institutions et artistes ont tenu à leurs manières à rendre hommage au prolifique journaliste de Radio Haïti Inter.

Le 3 avril 2000, le monde des médias haïtiens a connu un drame. La rumeur de la mort du Président Directeur Général de la Radio Haïti Inter circulait partout.  Toutefois, ce n’était pas une rumeur, mais un fait. Car, des individus armés non-identifiés avaient pénétré dans l’enceinte de la Radio Haïti Inter, située à Delmas et avaient assassiné par balles le journaliste, alors âgé de 69 ans, et le gardien des lieux Jean-Claude Louissaint. Ce double assassinat a grandement bouleversé la société haïtienne, mais le dossier remis à la justice peine encore à être élucidé.

L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) s’est exprimée, comme beaucoup d’autres, dans une Note de presse, le 3 avril dernier. L’ANMH dénonce la passivité des différents Gouvernements qui se sont succédé depuis le drame et souhaite que la lumière soit faite à ce sujet. De son côté, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) rappelle que 23 ans après, les assassins de cet éditorialiste productif sont toujours dans la ville. Par ailleurs, l’OPC invite les travailleurs de la presse à marcher sur les pas de Jean Dominique en gardant allumé le flambeau de l’excellence. 

« Le 3 avril 2023, 23 ans plus tard, le socle est toujours là, solitaire certes, car la presse intelligente n’est pas morte. Ils ont assassiné un homme, mais pas une profession, pas une pensée », soutient l’organisme de protection civile. Par ailleurs, l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH), a été plus dure dans sa prise de position. Pour reprendre l’AJH, aucun effort n’a été fait par les différents Gouvernements que Haïti a connus pour rendre justice aux deux hommes, et le dossier reste bloqué à la Cour d’appel et à la Cour de Cassation. Dans cette Note de presse, l’AJH souligne que l’impunité encourage les assassins et cette situation met en grand danger la vie des journalistes.

« L’instabilité politique chronique, durant ces vingt dernières années et la défaillance du système judiciaire n’ont fait que renforcer l’impunité. Les travailleurs de la presse mettent en question la volonté réelle des gouvernants de faire la lumière sur les cas d’assassinats de journalistes, dont celui de Jean Léopold Dominique »,  affirme l’organisation. Cette dernière profite de l’occasion pour inviter les journalistes à s’entraider et à être solidaires afin de rompre le cycle de l’impunité et pour exhorter les autorités judiciaires à élucider les différents cas d’assassinat de journalistes locaux. 

Qui était Jean Dominique?

Jean Léopold Dominique se passe de présentation. En Haïti, beaucoup le connaissent en tant que journaliste et PDG de la Radio Haïti Inter. Pourtant, sa carrière ne se résume  pas à ce titre. Amateur de cinéma et détenteur d’une maîtrise en agronomie, il avait fondé le premier ciné-club du pays et avait toujours milité auprès des jeunes artistes de son époque pour la création d’un cinéma haïtien. Jean Léopold Dominique était avant-tout un amoureux fou de la vie et du pays qu’il a été forcé de quitter à différentes reprises sans jamais oublier d’y revenir. 

Exerçant son métier de journaliste et d’homme de radio à Port-au-Prince, Jean Dominique a travaillé à la Radio Haïti Inter pendant deux ans, avant d’en devenir propriétaire et d’en faire l’une des premières stations à diffuser des émissions en créole haïtien, à une période où le français était la langue la plus utilisée en communication en Haïti. Jean Dominique était l’un des rares journalistes à ne pas ménager ses mots et à se battre pour un journalisme professionnel, libre, impartial tout en luttant contre toutes les formes de régimes dictatoriaux et autoritaires. 

Né en juillet 1930, dans la capitale, Jean Dominique a été assassiné dans cette même ville, dans les locaux de la Radio Haïti Inter dans lequel il a tant investi. Depuis, plusieurs hommages lui ont été rendus au cinéma, dans la littérature et dans la peinture. En 2003, un réalisateur américain du nom de Jonathan Demme a réalisé un documentaire intitulé: « L’Agronome », retraçant la vie et l’œuvre de Jean Dominique. Emmelie Prophète, actuelle Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, a publié « Le Reste du Temps », un roman paru en 2010 chez Mémoire d’Encrier parlant principalement de la journée marquant la mort du journaliste.

Les journalistes victimes d’assassinat dans l’exercice de leur métier ne se comptent plus en Haïti. La population se souvient du cas de Vladimir Legagneur porté disparu depuis mars 2018 et il n’y a pas très longtemps de Tayson Latigue et Frantzsen Charles assassinés dans le cadre d’un reportage par des gangs à Cité-Soleil, le 11 septembre 2022. Depuis l’assassinat de Jean Dominique, les dossiers d’assassinat de journalistes s’empilent dans les tiroirs de la justice haïtienne, qui demeure la grande absente dans toutes ces affaires. 

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis 

pleyla78@gmail.com

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