Haïti/Accès à l’information: le créole meilleur outil de partage et de diffusion
4 min readUne évaluation de ‘’l’écosystème d’information en Haïti’’, réalisée par Internews en collaboration avec l’Institut Panos et Policité, prenant en compte les données liées aux problèmes de santé publique, révèle que plus de 86% des personnes interrogées préfèrent recevoir leurs informations orales et écrites en créole, alors qu’une très faible proportion privilégie celles orales (2,4%) et écrites (1,8%), dans les deux langues ».
Malgré cette large préférence pour les informations en langue créole, Seulement 22,2% disent recevoir parfois des informations importantes dans leur langue préférée tandis que 11,4% indiquent ne jamais recevoir les communications dont ils ont besoin dans leur propre langue. En dépit de son statut de langue officielle et de langued’enseignement, le français reste une seconde langue et n’est donc pas la plus utilisée en Haïti. En effet, 97,1% des répondants parlent créole à la maison contre seulement 2,3% qui font usage de la langue de Molière à domicile, pourtant 91,3 %, ont un niveau d’éducation appréciable, rapporte l’enquête.
En ce qui a trait à la diffusion des informations liées aux problèmes de santé publique, les agents de santé sont les meilleurs vecteurs de transmission bénéficiant de la confiance des communautés dans lesquelles ils évoluent, comme en témoignent les chiffres publiés par Internews dans le cadre du projet Rooted in trust. 45,6% des personnes questionnées assurent avoir une «bonne confiance» et 32,5% indiquent avoir une «confiance absolue» dans les informations sur le choléra et la Covid19 émanant de ces agents.
Quid de Rooted in Trust?
« Comprendre la manière dont certains pans de population accèdent et partagent des informations liées aux problèmes de santé publique en Haïti, dans un contexte marqué par la propagation effrénée de rumeurs et de fake news», tel est l’objectif du projet Rooted in Trust (RiT) de Internews, exécuté en Haïti avec l’implication de l’Institut Panos et du Cercle de réflexion sur le développement économique (CRDE) connu sous le nom de Policité. Ledit projet est implanté au niveau de treize (13) pays, à savoir : le Liban, la Colombie, Haïti, le Brésil, le Mali, le Soudan, le Soudan du Sud, la République Démocratique du Congo, le Yémen, le Madagascar, l’Irak et l’Afghanistan.
Rooted in Trust (RiT) vise, d’une part, à s’informer de la propagation sans précédent de rumeurs et de désinformation concernant le SARS-Cov-2 communément appelé COVID-19, et d’autre part, entend contribuer à ce que les communautés aient accès à une information fiable sur cette pathologie et les vaccins disponible pour freiner sa course dans le monde.
A l’instar de la Covid19, la résurgence du choléra en Haïti, le 2 octobre 2022, est à l’origine d’une série de rumeurs pouvant nuire aux efforts de lutte contre cette épidémie. Pour tenter de comprendre le phénomène et contribuer à son évacuation, le projet RiT Haïti a mené une enquête quantitative auprès de 171 riverains de quatre départements cibles : l’Ouest, le Nord, le Sud et les Nippes.
L’approche consiste notamment à collecter des rumeurs sur les réseaux sociaux, ainsi que des données démographiques, des documents officiels, des ouvrages sur la communication et les médias, et des bases de données spécialisées sur les indicateurs des pays ».
Les médias en Haïti vus en chiffres
L’Évaluation de l’Écosystème d’Information en Haïti a révélé le nombre extraordinaire des moyens de communication et d’information dans le pays. Alors que la presse papier est en déclin en Haïti (Le Nouvelliste et Le National ne publient que sur le net), la radio reste le média le plus utilisé, et pour beaucoup, en dehors du cadre légal. 697 stations de radios sur la bande FM dont la moitié émet sans autorisation légale. (Les stations de radio communautaires, plus d’une centaine, ne sont pas prises en compte dans le cadre juridique actuel, révèle cette étude.
A préciser que le pays compte environ 700 stations de radio et 150 chaînes de télévision. Le nombre d’utilisateurs d’Internet a augmenté ces dernières années passant de 31,1% en 2018 à 38,9% en 2023, soit environ 4.53 millions d’utilisateurs d’Internet, plus de 86% d’entre eux sont connectés via leur téléphones mobiles; pas moins de 2,10 millions d’individus utilisent les réseaux sociaux tandis que les connexions cellulaires mobiles sont estimées à 9,39 millions.
Internews fait remarquer que la forte présence de médias, largement financés par le marché publicitaire, ne garantit pas pour autant un égal accès à l’information, ni la diffusion d’informations de qualité, même si les communications se font en grande partie en créole.
Clovesky André-Gérald PIERRE