Inondations suivi d’un séisme, les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter en Haïti
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Vulnérable face aux diverses catastrophes naturelles, Haïti fait face à une inquiétante crise humanitaire exacerbée par les différents phénomènes météorologiques extrêmes ou sismiques. Les 3 et 4 juin derniers, deux journées de pluie ont suffi à faire de 7 475 familles des sinistrés et 51 décès, selon la Direction Générale de la Protection Civile (DGPC).
Le bilan des deux journées de pluie des 3 et 4 juin 2023 est plus qu’inquiétant. La DGPC fait état de « 39 458 ménages sinistrés, 3 586 personnes évacuées, 51 décès, 140 blessés, ainsi que 31 591 maisons inondées et 2 445 détruites ou endommagées ». « Les quantités de pluie enregistrées ont provoqué des inondations et des mouvements de terrain dans certaines zones », a indiqué l’organisme gouvernemental. Parmi les plus touchés se trouvent les Départements de l’Ouest, du Sud-Est, des Nippes et de la Grand’Anse avec respectivement 37 801, 1 102, 327 et 147 ménages sinistrés, pour 29 983, 1 102, 327 et 96 maisons inondées. Le bilan encore provisoire de la DGPC faisait état de 37 morts dans l’Ouest, et de 10 dans le Sud-Est.
Par ailleurs, le mardi 6 juin, le Département de la Grand’Anse s’est réveillé en subissant un séisme de magnitude 5,5 sur l’échelle de Richter, après une première secousse de magnitude 4,1 enregistrée deux jours plus tôt, soit le 4 juin 2023. Ce phénomène a suffi pour faire, selon la DGPC, 3 morts, 28 blessés et plusieurs maisons ont été endommagées.
Le RNDDH appelle les autorités à réagir
Dans un communiqué de presse du 5 juin 2023, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) estime que « les dégâts des premières pluies de la saison cyclonique doivent pousser l’État haïtien à agir dans le sens de la protection de l’environnement ». Le RNDDH dit avoir pu retracer 35 parmi les personnes décédées ou portées disparues. « Six (6) dans le département du Sud-est. Trois (3) parmi elles ont perdu la vie dans le naufrage du bateau Métropole, enregistré tôt dans la matinée du 3 juin 2023, deux (2) autres sont décédés à Côtes-de-Fer. Le corps de l’une de ces victimes a été découvert à Carrefour Georges. L’autre a perdu la vie dans la zone du Bas Coq chante ; Dix-neuf (19) à Léogane, dans le département de l’Ouest, dont dix (10) femmes, cinq (5) hommes et quatre (4) mineurs. De plus, huit (8) autres sont portées disparues parmi elles quatre (4) femmes, deux (2) hommes et deux (2) mineurs. Toutefois, les riverains de leur côté estiment que ce bilan provisoire ne reflète pas la réalité, les pertes humaines étant nettement plus élevées ; deux (2) à Petit-Goâve, dans le département de l’Ouest ».
Selon le RNDDH, les autorités étatiques ont « plus que jamais l’obligation d’adopter des mesures adéquates visant à protéger l’environnement ». L’organisme de défense des droits humains estime aussi que « les autorités étatiques doivent se pencher sérieusement sur la gestion des risques et désastres en curant les canaux, en canalisant les rivières, en adoptant des mesures aptes à mettre fin à la coupe effrénée des arbres, en renforçant les capacités communautaires dans l’objectif de réduire les dommages liés aux intempéries, en faisant circuler à l’intérieur ou tout au moins à proximité des communautés, les informations relatives aux prévisions météorologiques, en sensibilisant les communautés sur les comportements à adopter avant, pendant et après les catastrophes, et en allouant aux organes locaux de protection civile, les moyens nécessaires pouvant leur permettre d’intervenir en urgence, lorsque cela est nécessaire ».
Les réponses humanitaires après les catastrophes
Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), dans un rapport élaboré avec les différents partenaires humanitaires et la DGPC, a rappelé de 6 juin que « près de la moitié de la population haïtienne – soit 5,2 millions de personnes – a besoin d’assistance (un chiffre qui a doublé en seulement cinq ans) parmi lesquels 3.2 millions ont été ciblées pour recevoir une assistance humanitaire en 2023 », des chiffres qui ne font qu’augmenter après chaque catastrophe.
Selon le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, l’Organisation des Nations Unies est prête à travailler avec les autorités haïtiennes en vue d’apporter une réponse adéquate aux dernières catastrophes, mais rappelle que « l’insécurité persistante et les dégâts causés aux routes entravent manifestement les efforts de secours ».
OCHA, dans son rapport du 6 juin, fait mention des premières opérations humanitaires après les inondations. « Le 5 juin, les chargés des urgences de l’OIM, UNICEF, du PAM et d’OCHA ainsi que les coordinateurs des groupes de travail accès et logistique ont travaillé de concert avec la DGPC pour mettre en place un plan de réponse rapide multisectorielle (rations sèches, repas chauds, kits de réparation, kits d’hygiène, eau potable, clinique mobile) pour les communes les plus affectées (Léogâne, Gressier, Cité Soleil et Tabarre) », lit-on dans ce rapport. Des efforts ont été limités par l’insécurité et l’état des routes.
« La DGPC a rapporté que la Croix Rouge s’apprête à déployer une machine de purification d’eau au niveau de Léogane pour faciliter l’accès de la population à l’eau. Catholic Relief Services est prêt à fournir des instruments aratoires prépositionnés dans le Sud-Est pour les comités des communes les plus affectées afin de faciliter le nettoyage des zones difficiles d’accès. De plus, le Fonds d’assistance économique et sociale met à la disposition du COUN 1 000 kits alimentaires pour la ZMPAP ».
« Par ailleurs, le PAM a déjà annoncé pouvoir distribuer dès aujourd’hui 20 756 repas tout prêts (Meal-Ready-to-Eat), 350 000 repas chauds préparés par un réseau de restaurateurs locaux, ainsi que des rations sèches permettant de couvrir 30 jours de nourriture et composées de riz, pois et huile – 268 rations (17.7 MT) disponibles dès à présent et 3 200 de plus d’ici la fin de la semaine prochaine», toujours selon le rapport du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires.
Malgré des efforts, OCHA explique qu’à ce jour, seuls 20% du budget de 720 millions USD du Plan de réponse humanitaire 2023 pour Haïti ont été reçus. Des promesses ont été faites, mais pour beaucoup, les actions sont encore à attendre. « Le renflouement des stocks, nécessaires à cette urgence, est indispensable pour que la communauté humanitaire continue à répondre aux besoins exprimés dans l’Aperçu des besoins humanitaires 2023 », a indiqué OCHA dans son rapport du 6 juin 2023.
Clovesky André-Gérald PIERRE
