Escalade de la violence en Haïti : L’UNICEF appelle à protéger les enfants
3 min readLa violence qui sévit en Haïti depuis ces dernières années n’épargne aucune catégorie de personnes. Les plus jeunes, en plus d’être frappés directement par les actes de grand banditisme comme les meurtres, viols, enlèvements ou autres, subissent également les effets secondaires comme les déplacements forcés ou la fermeture des écoles. Pour l’UNICEF, il s’agit là d’une situation préoccupante, l’organisation appelle à de plus grands efforts.
Ces derniers mois, un nombre considérable d’enfants ont été victimes des violences armées qui sévissent dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ainsi que dans d’autres villes de province. Le « rapport trimestriel sur la situation des droits de l’Homme en Haïti » du BINUH pour le dernier trimestre de 2023 fait état d’au moins 53 enfants, dont certains âgés d’à peine six mois, qui ont été tués ou blessés au cours de la période considérée. Le service des droits de l’Homme du BINUH affirme que, parmi les 2 327 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements à travers le pays entre octobre et décembre 2023, au moins 3% étaient des enfants.
Pour le représentant de l’UNICEF en Haïti, Bruno Maes, « cette nouvelle montée de la violence en Haïti est tout simplement insupportable pour les enfants ». « Les enfants et les familles subissent déjà des agressions incessantes d’une extrême violence de la part des groupes armés, chaque jour apportant son lot d’horreurs, telles que la perte d’êtres chers ou de leur maison, incendiée ou détruite par les tirs. La peur est omniprésente », a-t-il ajouté dans une déclaration ce jeudi 8 février.
La sécurité des enfants est effectivement loin d’être garantie dans le pays. Le danger semble venir de partout. « Le 6 novembre, Aristil, un garçon de dix ans, rentrait à pied chez lui à Mariani (commune de Gressier) lorsqu’il est tombé sur des membres du gang de Grand Ravine qui « patrouillaient » dans les rues du quartier. Après avoir interrogé le garçon, ils l’ont accusé d’être un informateur de la police et l’ont exécuté sur le champ », a rappelé le BINUH dans son rapport précité.
Alors que certains sont touchés par des balles perdues à l’intérieur de leur maison ou dans les rues, d’autres sont violés, battus, ou exécutés par les gangs ou par les groupes d’autodéfense qui les soupçonnent de soutenir d’autres gangs ou de coopérer avec la police. Pour l’UNICEF, cette situation a bien trop duré, les enfants doivent être protégés. « La protection des enfants devrait être la priorité. L’UNICEF appelle tout un chacun à protéger les enfants et à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter qu’ils ne soient exposés à des événements violents qui pourraient mettre leur sécurité et leur vie en danger », peut-on lire dans la déclaration de Bruno Maes.
Il n’y a pas que la violence armée qui menace la sécurité des enfants. L’insécurité alimentaire grave qui touche près de la moitié de la population, en plus des troubles politiques et institutionnels, les épidémies, les catastrophes naturelles et autres, s’ajoute à la violence pour placer trois millions d’enfants en besoin d’aide humanitaire. « Plus cette crise persiste, plus elle risque d’entraîner des dommages irréversibles sur le bien-être des enfants », estime le représentant de l’UNICEF qui dit s’inquiéter pour « des répercussions sur le bien-être mental et physique des enfants ».
Le diplomate affirme que l’UNICEF travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement et ses partenaires, et « suit sans relâche la situation et met tout en œuvre pour que les services de prévention et de soins restent opérationnels à tous les niveaux ».
Clovesky André-Gérald PIERRE