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Ils se payent notre tête!

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La vague du 7 février est passée. Les ardeurs se calment petit à petit. Les mobilisations antigouvernementales sont en perte de vitesse. On a recensé des morts, des blessés, des actes de vandalisme, des incendies, etc. Finalement, Ariel Henry reste en poste. Sans doute, renforcé par les récents évènements qui lui ont donné un ascendant psychologique et politique sur ses opposants. Peut-être une porte ouverte pour le dialogue.

En réalité, hormis Jean Bertrand Aristide en 2004, tous les hommes qui arrivent au pouvoir ont résisté aux pressions populaires. Aux mouvements de paralysie. Aux manifestations parfois violentes. Car, ils ont été tous, à un moment de la durée, parties prenantes de ces soulèvements sur le macadam. Ils en ont l’expérience.  Donc, ils ont compris le jeu. Que la vague va se passer. Qu’en plus des griefs populaires, il y a un jeu de positionnement qui se joue, celui de forcer la négociation. Le partage du gâteau.

Ce n’est pas André Michel qui va dire le contraire. Encore moins Claude Joseph. Le premier entre 2017 et 2021 était prêt à tout pour, faisait-il croire, défendre l’intérêt du peuple contre Jovenel Moïse et son équipe alors que le deuxième, Ministre puis Premier Ministre d’alors, le combattait en essayant de neutraliser les mouvements visant à chavirer son Gouvernement. Maintenant c’est l’inverse qui se produit. Quant au peuple, il continue de patauger dans la boue. Sa situation a empiré d’année en année tandis que les leaders maintiennent les mêmes discours (table rase) et les mêmes pratiques (pays lock, vandalismes, pillages, etc.)

Cela ne veut pas dire que les revendications populaires ne sont pas justes. Il y a matière pour que la nation entière se lève contre le régime en place qui ne fait que provoquer. Qui fait preuve d’un laxisme sans précédent. Le problème à tout ça, c’est le déficit de leadership. Le peuple doit prendre conscience qu’il ne peut pas colmater la brèche avec ces morceaux de toiles pourries. Ces profiteurs qui tantôt sont dans l’opposition tantôt au pouvoir puis qui reviennent dans l’opposition.

Le discours glaçant et égoïste prononcé par le Premier Ministre dans la nuit du 7 au 8 février 2024 révèle toute cette dynamique opportuniste des politiciens haïtiens : être au pouvoir, c’est tout ce qui compte. Il témoigne de ses velléités dictatoriales. De sa lecture de la situation, à savoir : « vous n’allez pas faire mieux que moi ». La nation a une chose à comprendre qu’il faut qu’il y ait une nouvelle classe politique émergente. Que se laisser manipuler par des affairistes pour tout chambarder n’est pas la solution.

Nos leaders se payent notre tête. Ils n’arrêtent pas de nous mettre dans des situations difficiles et en profitent pour se faufiler au pouvoir. Les dégâts causés ne sont jamais réparés. Notre vulnérabilité est une source inépuisable pour ceux qui convoitent le pouvoir. La raison pour laquelle, peut-être, ils n’ont jamais montré de projet politique ni d’alternative pour corriger les dérives des pouvoirs en place.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com 

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