Honte à vous, dirigeants d’Haïti : J’ai honte devant l’exode des jeunes professionnels de la santé

La honte m’étreint alors que je contemple l’exode croissant des jeunes professionnels de la santé d’Haïti. Cette émotion mêlée de tristesse et de frustration naît de l’incapacité des dirigeants du pays à retenir ces talents prometteurs. Dans un pays déjà fragilisé par de multiples défis, voir nos jeunes quitter leur terre à la recherche d’un avenir meilleur est un coup dur pour notre nation.

Cette honte que je ressens face à l’exode des jeunes professionnels de la santé est alimentée par un ensemble de facteurs complexes et interconnectés. En plus des conditions de travail précaires dans le secteur de la santé, les professionnels haïtiens sont confrontés à une insécurité croissante, à des infrastructures délabrées et à des salaires insuffisants. De plus, l’absence de perspectives d’avenir, le manque d’opportunités de développement professionnel et l’incertitude quant à l’avenir du pays contribuent également à nourrir cette honte collective.

Les dirigeants d’Haïti portent une responsabilité écrasante dans l’exode des jeunes professionnels de la santé. En favorisant la gérontocratie au détriment de la jeunesse, en investissant dans des groupes criminels plutôt que dans l’éducation et la santé, et en fermant les yeux sur la corruption endémique, ils ont créé un climat d’instabilité et de désespoir qui pousse les jeunes talents à chercher des horizons plus prometteurs à l’étranger. Leur manque de vision et de leadership compromet gravement l’avenir du pays.

Cette honte est aussi exacerbée par la montée en puissance des gangs armés qui terrorisent nos quartiers et sapent les fondements même de la société haïtienne. Cette situation de violence n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une volonté politique défaillante, avec la complicité tacite de nos dirigeants. En tolérant et en même temps en s’associant à ces groupes criminels, les responsables politiques ont contribué à créer un climat d’insécurité généralisée qui pousse non seulement les professionnels de la santé, mais aussi de nombreux autres citoyens, à fuir le pays à la recherche d’une vie meilleure.

En effet, les liens entre certains politiciens et les gangs armés sont bien connus, et il est indéniable que ces groupes bénéficient d’une impunité quasi totale, ce qui ne fait qu’aggraver la situation sécuritaire déjà précaire en Haïti. Cette complicité entre le pouvoir politique et le crime organisé sape non seulement l’État de droit, mais aussi toute tentative de développement économique et social durable.

Par conséquent, la responsabilité des dirigeants haïtiens dans la crise actuelle va bien au-delà de leur gestion inefficace du secteur de la santé. C’est une responsabilité collective pour avoir failli à protéger et à promouvoir les intérêts de la population haïtienne dans son ensemble. Il est temps que ces dirigeants rendent des comptes pour leurs actions et leurs négligences.

Les conséquences de l’exode des jeunes professionnels de la santé vont bien au-delà du secteur de la santé. En affaiblissant le système de santé, Haïti se prive de ressources essentielles pour lutter contre d’autres défis majeurs tels que la pauvreté, l’éducation et la sécurité alimentaire. De plus, cela crée un cercle vicieux où le manque de soins de santé de qualité entraîne une détérioration de la santé publique, ce qui à son tour affecte le développement économique et social du pays.

Il est impératif que des gens responsables, intègres prennent des mesures immédiates et décisives pour inverser la tendance de l’exode des jeunes professionnels de la santé. Cela nécessite un engagement sincère envers la jeunesse du pays, en investissant dans l’éducation, la santé et l’emploi. Il est également crucial de lutter activement contre la corruption, l’insécurité et l’impunité, afin de restaurer la confiance dans les institutions et de créer un environnement propice au développement et à la prospérité pour tous les haïtiens.

La honte que je ressens face à l’exode des jeunes professionnels de la santé est également un cri de désespoir et un appel à l’action. Il est temps d’avoir des dirigeants qui reconnaissent leur responsabilité dans cette crise et agissent avec courage et détermination pour construire un avenir meilleur pour notre nation.

Danove Jose Karly DIEUFORT, MD