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Inquiets, les pays amis d’Haïti appellent leurs ressortissants à éviter tout voyage en Haïti

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Cette semaine, la violence a atteint une ampleur jusqu’alors inégalée dans le pays. Avec une multitude d’assauts contre des institutions publiques, en particulier des commissariats et des centres carcéraux, les gangs armés ont plongé le pays encore plus profondément dans le chaos. C’est une situation qui n’échappe pas à la communauté des pays amis d’Haïti qui, presque tous, ont conseillé à leurs citoyens d’éviter le pays.

« Évitez tout voyage en Haïti en raison de la menace que représentent les enlèvements, la violence reliée aux gangs et les possibles troubles civils dans l’ensemble du pays », a écrit l’Ambassade du Canada en Haïti sur son site officiel. « La situation sécuritaire demeure instable en Haïti. Vous devriez envisager de quitter le pays par des moyens commerciaux si vous pouvez le faire de façon sécuritaire », a ajouté l’Ambassade canadienne. Cette alerte intervient alors que même le Premier Ministre, Ariel Henry ne parvient pas à revenir dans le pays, dehors depuis maintenant plus d’une semaine.

Le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de France, lui aussi, a « formellement déconseillé » tout déplacement sur le territoire haïtien dans un contexte « extrêmement violent ». C’est également le cas du Royaume de Belgique, entre autres, qui a tenu à décrire à ses ressortissants l’état de la situation dans le pays. « Des barricades enflammées sont fréquemment mises en place par des manifestants, elles peuvent bloquer les routes et modifier votre itinéraire, comme la route menant à l’aéroport international de Toussaint-Louverture… », a expliqué le Service public fédéral des Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement du Royaume de Belgique.

L’OEA et l’ONU préoccupées

Le lundi 4 mars 2024, l’Organisation des États Américains a publié un communiqué dans lequel elle dit être profondément préoccupée par l’insécurité actuelle en Haïti. Selon l’organisation régionale, il est plus que jamais nécessaire de « renforcer les efforts de coopération au sein des Nations Unies pour rétablir la sécurité dans le pays », avant d’ajouter qu’il est « irresponsable de continuer à retarder les mesures et les actions nécessaires ».

Pour l’OEA, « sans sécurité, il n’y a pas de démocratie », et elle dit par son Secrétaire Général, Luis Leonardo Almagro Lemes qu’elle est « déterminée à renforcer sa coopération avec Haïti pour relever les défis actuels de l’instabilité démocratique, du chômage, de l’insécurité alimentaire, de l’analphabétisme, de l’insécurité sanitaire, de la corruption et d’autres problèmes socio-politiques et socio-économiques qui affectent le pays et qui sont exacerbés par la violence perpétuelle des éléments criminels qui tiennent le pays en otage ».

Toujours ce lundi 4 mars, un jour après que le Gouvernement a décrété l’état d’urgence, le Secrétaire Général de l’ONU,  Antonio Guterres, ainsi que le Haut-commissaire aux droits de l’Homme, Volker Türk, se sont dit profondément préoccupés par la situation dans le pays. « Cette situation est plus qu’intenable pour le peuple haïtien », a déclaré M. Türk dont les propos ont été relayés par ONU Info. Face à la situation, le Haut-commissaire a appelé une fois de plus au déploiement urgent des forces de la MMAS dans le pays afin de soutenir la PNH. « La réalité est telle que, dans le contexte actuel, il n’y a pas d’alternative pour protéger la vie des gens », a déclaré M. Türk.

De son côté, le Secrétaire Général a, lui aussi,  réitéré son appui à la Mission multinationale d’appui à la sécurité, en lui fournissant « un soutien financier » afin de « répondre aux besoins pressants en matière de sécurité du peuple haïtien et d’empêcher le pays de sombrer davantage dans le chaos », selon son porte-parole à New-York. À la conférence des chefs de gouvernement de la CARICOM le  1er mars dernier, le Secrétaire Général avait salué les efforts déjà déployés pour la MMAS, tout en rappelant qu’il reste encore « beaucoup à faire pour garantir le déploiement de cette mission sans plus attendre et une solution politique susceptible de résoudre les problèmes fondamentaux du pays ».

La fin d’un règne ?

Le Premier Ministre Ariel Henry, empêché de retourner dans le pays à cause du blocus imposé par les gangs, semble peu à peu se retrouver en manque du soutien de la communauté internationale. Ce jeudi 7 mars, selon l’Ambassade américaine qui impute les propos qui suivent au Porte-parole Matthew Miller, le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’est entretenu au téléphone avec le Dr Ariel Henry autour de la crise.

Selon la Note publiée par l’ambassade, le Secrétaire d’État a « invité M, Ariel Henry » à « soutenir » une proposition « élaborée en partenariat avec la CARICOM et les parties prenantes haïtiennes en vue d’accélérer la transition politique à travers la création d’un collège présidentiel largement représentatif et indépendant chargé d’orienter le pays vers le déploiement d’une mission multinationale de soutien à la sécurité et la tenue d’élections libres et équitables ». Selon l’ambassade américaine en Haïti, cette proposition est faite dans « l’intérêt du rétablissement de la paix et de la stabilité en Haïti, afin que les Haïtiens puissent renouer avec un quotidien exempt de violence et de désespoir ».

Clovesky A.-G. PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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