21 septembre 2025

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Quand l’État haïtien est incapable d’assurer la protection de son peuple

L’Amnesty International condamne le dernier massacre perpétré par des gangs armés à Laboderie. Dans la nuit du 11 au 12 septembre, dans la localité de Laboderie, section communale de Boucassin dans la commune de Cabaret, des hommes lourdement armés ont lancé une attaque sanglante contre la population. Pour Amnesty International, la communauté internationale doit agir en urgence dans la crise haïtienne où l’État est incapable de gérer.

Fidèles à leur mode opératoire, les assaillants ont incendié plusieurs maisons et tué plusieurs dizaines de personnes. Selon l’agent exécutif intérimaire de la commune de l’Arcahaie, Wilner René, des informations laissent croire que plus d’une cinquantaine de personnes auraient été tuées. L’officiel a expliqué que les bandits tentaient depuis plusieurs jours de pénétrer à l’Arcahaie, mais ils se sont heurtés à la résistance de la police et des brigades locales. « Certains ont affirmé que les agresseurs accusaient les habitants de Laboderie de servir d’informateurs aux Arcahaïens. C’est ainsi qu’ils ont déchaîné leur violence sur cette communauté », a déclaré Wilner René.

Cette tragédie a suscité de vives réactions au sein des organismes internationaux, notamment Amnesty International, qui a dénoncé l’incapacité de l’État haïtien à assurer la protection de son peuple. « Le massacre qui a eu lieu à Labodrie est un douloureux rappel de la précarité de la protection assurée par l’État en Haïti », a déclaré César Marín, directeur des campagnes d’Amnesty International pour les Amériques. 

M. César en a profité pour exhorter la communauté internationale et les autorités haïtiennes à ne pas rester indifférentes face aux crimes atroces dont la population continue d’être victime. « Nous exigeons que des mesures immédiates soient prises pour garantir que les victimes bénéficient d’une réelle protection et obtiennent justice », a martelé César Marín.

L’organisation de défense des droits humains a également appelé, une fois de plus, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à agir en toute urgence face à la crise haïtienne. Pour Amnesty, il est indispensable de mettre en œuvre des mesures permettant réellement au peuple haïtien de jouir de ses droits fondamentaux et de bénéficier des services humanitaires de première nécessité.

Dans un communiqué de presse, le secrétaire général de l’OEA, Albert R. Ramdin, a condamné le massacre de Laboderie. « Le massacre de Laboderie constitue une violation révoltante des principes fondamentaux de l’humanité », a-t-il déclaré. Selon lui, cet acte met en évidence l’urgence de rétablir la sécurité, l’État de droit et le respect de la vie humaine en Haïti. M. Ramdin a invité tous les secteurs de la société à engager un dialogue constructif afin d’éradiquer la violence. Par ailleurs, il a demandé aux partenaires internationaux de fournir à Haïti le soutien urgent dont elle a besoin pour faire face à l’insécurité.

De surcroît, Amnesty International estime que l’OEA, la CARICOM, les pays donateurs ainsi que les autorités haïtiennes doivent intensifier leurs efforts pour trouver des solutions durables à la crise des droits humains en Haïti. « La population haïtienne a le droit de vivre dans la dignité et en sécurité, sans avoir à craindre en permanence les attaques des bandes armées », a rappelé César Marín.

Le carnage de Laboderie met cruellement en évidence la faiblesse et l’incapacité des autorités actuelles à assurer la protection de la population haïtienne dont elles sont censées être garantes. Cette attaque soulève aussi la question du véritable engagement de la communauté internationale en Haïti : un appui qui, jusqu’à présent, semble enfermé dans un cycle de condamnations interminable sans aucune velléité pratique de mettre fin à la crise.  

Marie-Alla Clerville

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