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Création d’une nouvelle force antigang pour Haïti à l’ONU : entre réjouissance et scepticisme !

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé, le 30 septembre 2025, une résolution visant à transformer la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en une force plus robuste afin de mieux combattre les gangs armés. Si cette décision est perçue comme une bouffée d’oxygène par certains acteurs politiques, d’autres s’enlisent dans le scepticisme et critiquent cette nouvelle résolution adoptée par l’ONU sur la crise haïtienne.

Présentée par les États-Unis et le Panama, la proposition visant à transformer la MMAS en une force plus solide contre les gangs armés qui terrorisent Haïti a recueilli 12 voix favorables et trois abstentions. Cette résolution prévoit la création d’une « Force de répression des gangs » (FRG) qui comptera un maximum de 5 500 personnels en uniforme, soit cinq fois plus que la MMAS.

Selon le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, les États-Unis saluent l’adoption de cette résolution qui prévoit la transition de la MMAS vers la FRG et autorise l’établissement d’un Bureau d’appui des Nations unies en Haïti (UNSOH). Dans un communiqué publié le 1ᵉʳ octobre 2025, M. Rubio a affirmé que Washington travaillera « en étroite collaboration avec les autres membres du Groupe permanent des partenaires afin d’assurer le déploiement rapide de la Force de répression des gangs ».

À en croire le diplomate américain, cette nouvelle force permettra de répondre aux défis immédiats d’Haïti en matière de sécurité et de jeter les bases d’une stabilité durable. À l’avenir, poursuit-il, la FRG, avec le soutien de l’UNSOH, adoptera une approche internationale de répartition des charges avec des ressources suffisantes pour combattre efficacement les gangs. « Le message du Conseil de sécurité est clair : l’ère de l’impunité pour ceux qui cherchent à déstabiliser Haïti est terminée », a martelé Marco Rubio.

La République dominicaine revendique un succès diplomatique

Du côté de la partie Est de l’île, c’est la réjouissance. Le gouvernement dominicain n’a pas caché sa satisfaction. « La République dominicaine se réjouit du succès diplomatique obtenu avec l’approbation de la transformation de la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti en une Force de répression des gangs de 5 500 personnes », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Roberto Alvarez, sur le réseau social X le 30 septembre 2025. Il a précisé que « cette résolution est le résultat du leadership d’un groupe d’alliés, au sein duquel les efforts diplomatiques de la République dominicaine ont joué un rôle clé ».

Pour sa part, le président dominicain Luis Abinader a salué le fait que le Conseil de sécurité ait « enfin » entendu les plaintes de son gouvernement concernant « l’inefficacité » de la MMAS. « Nous travaillerons pour une transition accélérée vers la nouvelle force antigang en Haïti et nous suivrons ce processus de près », a-t-il souligné.

Les réserves de la Russie sur la résolution de l’ONU

La Russie, qui s’est abstenue lors du vote, a exprimé de fortes inquiétudes. Le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, s’est interrogé sur les méthodes d’intervention du Conseil de sécurité dans la crise haïtienne. « Ne sommes-nous pas, une fois de plus, poussés dans une aventure dangereuse et mal planifiée ? », a-t-il déclaré, rappelant que les précédentes missions de l’ONU en Haïti n’ont pas donné de résultats positifs.

Tout en reconnaissant la nécessité de mesures internationales pour lutter contre la criminalité, le diplomate russe a jugé que « les outils promus par le Conseil pour Haïti n’ont pas produit de résultats durables » et qu’il existe « toutes les raisons de croire que cette nouvelle mission, malgré son nouveau nom, connaîtra le même sort ». Il a aussi dénoncé l’absence d’un plan clair de financement et l’idée d’utiliser le budget ordinaire de l’ONU pour une mission qu’il qualifie de : « dotée d’un mandat pratiquement illimité ».

Les inquiétudes du Mouvement Point Final

Le Mouvement Point Final, par la voix de son coordonnateur Ulysse Jean Chenet, a estimé que l’adoption de la résolution est « une arme à double tranchant ». Selon lui, si l’arrivée d’une nouvelle force internationale peut, à court terme, soulager la population face aux gangs, elle représente en même temps une menace pour la souveraineté nationale.

Toutefois, M. Chenet estime qu’il est d’une importance capitale que les Casques bleus des Nations unies apprennent à respecter les valeurs intrinsèques du pays ainsi que la dignité du peuple haïtien. C’est pourquoi le Mouvement Point Final a jugé nécessaire de formuler les recommandations suivantes : « 1) Au moins 50 % des soldats de la FRG soient des techniciens capables de contribuer au développement durable et au redressement économique d’Haïti ; 2) Une task force de défense des droits humains soit mise en place afin d’éviter abus et dérives de la part des soldats étrangers ; 3) Des spécialistes en santé avancée soient intégrés pour renforcer le système sanitaire haïtien ; 4) Des ingénieurs en bâtiment et en infrastructures participent à la reconstruction des quartiers dévastés ; 5) Une feuille de route claire définissant la mission de la FRG, afin d’éviter les erreurs de la MINUSTAH et que cette mission soit la dernière du genre sur le sol haïtien », a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à Le Quotidien News le 1ᵉʳ octobre 2025.

Au regard de tout ce qui est évoqué, il y a lieu de se poser une question. La présence d’une force onusienne suffira-t-elle à éradiquer le phénomène du banditisme en Haïti sans un système judiciaire fort et indépendant ?

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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