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Insécurité/Haïti: à quand le vrai mouvement populaire?

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Les actes de kidnapping se multiplient dans le pays. Les cas d’assassinats crapuleux se font de plus en plus fréquents. Indifférentes, les autorités ne s’en préoccupent guère, la population dépassée par les événements continue de  protester par des mouvements isolés pour dénoncer le kidnapping.

Le phénomène du kidnapping est à son paroxysme en Haïti. Jamais une journée sans des cas signalés. La population est éplorée, les autorités font semblant d’entendre le cri des misérables en proie à cette pratique inhumaine. Néanmoins, les bandits plus  déterminés que jamais multiplient leurs forfaits en toute quiétude.

À la suite de l’assassinat du bâtonnier, Monferrier Dorval, toute la société avait conclu que c’en est trop. Cependant, à part  le Barreau et l’Université, il n’y a pas eu un mouvement massif de protestation. Ce n’a été qu’un mouvement isolé et sans suite. Il y a eu le cas d’Evelyne Sincère, enlevée, séquestrée, puis tuée. Le même scénario s’est reproduit. Des élèves et des artistes protestent et après, c’est fini.

La majorité des secteurs ont agi de la sorte. Les médecins ne font pas exception. On proteste et la vie continue. Un enlèvement, deux journées de protestation et ça suffit. Les kidnappeurs continuent avec leur caravane et chacun attend son tour pour revendiquer. Comme, il fut une tradition, le pouvoir déplore et annonce des mesures, purement cosmétiques. Bilan, la situation se détériore.

Comme si le pays était un jeu de vidéo, les cerveaux du kidnapping ont les manettes en mains. Ils contrôlent tout. Même les possibles réactions populaires. Le pays a l’impression d’être en train de subir un braquage similaire à celui de la « casa de papel ». La seule différence est que, dans le cas de cette série télévisée, la police préoccupée est sur le coup tandis que dans notre cas, on ne sent aucune volonté manifeste des hommes au pouvoir.

 Une petite de cinq (5) ans a payé de sa vie cette négligence de l’État. Aucune manifestation pour dénoncer ce crime odieux. Vient le tour du docteur Pady. Des mots de consternation, une cérémonie d’hommage, un arrêt de travail à l’hôpital Lapaix, une marche des résidents du dit hôpital et voilà, le cycle continue. Le propriétaire de la pompe à essence « Bonjour » a lui aussi goûté à ce plat insipide. La même rengaine : quelques mouvements de protestation, la fermeture mitigée des pompes.

Tant d’enlèvements ont été réalisés dans le pays prouvant d’une part le manque de volonté populaire pour exprimer son ras-le-bol face à la situation, mais de l’autre le doute  qu’entretient le pouvoir sur cette affaire.

L’usage des uniformes de la police et de la DCPJ dans ces actes d’enlèvement. La participation d’une proche du pouvoir dans une opération de libération des Dominicains enlevés et la participation présumée de la CNDDR dans des activités de négociation avec les ravisseurs (cas des Dominicains). Tant d’indices répugnants qui ne révoltent pas encore la conscience somnolente de la nation.

Non encore victime de ce fléau, la presse aussi a eu sa petite marche pour dénoncer la brutalité policière. Les chiffres officiels sur les cas d’enlèvements signalés donnent la peur au ventre. Le nombre de cas d’assassinat  rend  sceptique la population plus  pressée de regagner son trou que d’affronter la situation. Éclaboussé, l’exécutif annonce de nouvelles mesures pour contrecarrer les bandits.

Dans un contexte où  médecins, syndicats, hommes de loi, étudiants, religieux, élèves, entre autres, se donnent la peine de réaliser des mouvements isolés, ne serait-il pas important que toutes les forces vives de la société se coalisent pour faire boule de neige autour de l’éradication de ce fléau qui finira tôt ou tard par décimer  la population ? Avec cette tactique du chacun pour soi et Dieu pour tous, la société étant déchiquetée par une crise politique aigüe, le pays risque de connaître le pire. Et, ce jour-là, civils armés, autorités politiques, membres de la société civile comprendront vainement qu’ils ont laissé filer l’occasion de s’unir autour d’un idéal : faire front commun et  refuser l’inacceptable.

Riseberlie C. Liné

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