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Jeanne-Elsa Chéry, bercée par la passion des lettres

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Il y a quatre ans de cela, Jeanne-Elsa Chéry a lancé une plateforme féminine qui offre un espace de découverte et d’expression aux jeunes femmes qui manient habilement (ou pas) leurs plumes. Passionnée des lettres, Mme Chéry envisage grâce à Mus’Elles, mettre en valeur les jeunes muses de l’écriture et des productions d’autres femmes.

Jeanne-Elsa Chery se décrit comme une personne déterminée et bien organisée. Tôt dans sa jeunesse, elle dirigeait déjà des regroupements à l’église, son père d’ailleurs est pasteur. Mme Chéry avoue que son père a beaucoup impacté son sens du leadership, et même sa carrière si l’on s’en tient à ses mots. « Mon père adorait les langues. D’ailleurs, il était interprète. Donc, puisque j’avais l’habitude de l’accompagner dans son travail, j’ai eu une grande envie de percer dans l’univers des langues », confie Jeanne-Elsa Chéry, qui s’y connaissait déjà dans la langue de Shakespeare, à onze ans. Bizarrement, arrivée à Port-au-Prince, c’est le Travail Social à la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti, qui occupera sa matière grise en lieu et place des études linguistiques à la FLA. Elle a opté dans la foulée pour des études en langue allemande, elle en est sortie diplômée après quatre années et lauréate de sa classe.

Jeanne-Elsa Chéry, est née un 26 août à la ville des Cayes, d’un père éducateur qui dirigeait aussi des écoles de sa congrégation et d’une mère auxiliaire infirmière. Benjamine d’une famille de six enfants, Mme Chéry développe une certaine passion pour la musique. C’est bien sûr une passion familiale. « On faisait tous de la musique chez nous. Mon père était musicien, mes frères également jouaient  des instruments, et mes sœurs chantaient très bien », raconte celle, qui chantait à la Faculté des sciences humaines, d’une voix mélodieuse et grave à la Emeline Michel. « En fait, on pouvait croire rapidement que j’allais continuer sur cette lancée, mais non ! », dit la Coordonnatrice de Mus’elles, avec une pointe d’humour. Dans une autre vie peut-être. Car dans celle-ci, elle n’a d’yeux que pour les lettres et les langues étrangères.

La genèse de Mus’Elles

La travailleuse sociale professionnelle, est fascinée par l’écriture, peu importe le genre, et la lecture. En fait, « Je suis livresque peu importe que cela empiète sur d’autres intérêts que je chéris », déclare la Coordonnatrice de Mus’Elles, une plateforme en ligne visant à promouvoir l’écriture féminine mais aussi d’autres productions féminines. « Je suis l’instigatrice de cette plateforme, créée il y a quatre ans de cela, dans le but d’offrir aux jeunes femmes passionnées de l’écriture, un espace pour faire valoir leur talent en écriture et s’approprier d’un espace de pouvoir, de diffusion de leurs contenus. Nous avons également un focus sur les difficultés inhérentes à l’écriture, nous souhaitons accompagner et encourager les femmes et les filles à déployer leur passion sur une plateforme qui privilégie ce que les femmes et les filles ont à communiquer sous la forme de leur choix », déclare Jeanne-Elsa Chéry, qui se plaît à enfiler sa robe de poétesse pour enfanter de belles poésies, et imaginer des nouvelles qu’elle n’ose pas encore publier pour le bonheur des lecteurs.

Ainsi, elle lance en 2018, alors que le mouvement Petro Challenger bat son plein, un concours de poésies sur la problématique du Petrocaribe. « On a profité du contexte pour lancer le concours Pétro Poésie challenge, afin d’inviter les femmes à réfléchir sur le scandale des fonds Petrocaribe. C’était justement notre première sortie d’éclat », se souvient Jeanne-Elsa Chéry, première femme haïtienne boursière du programme Connectas qui s’intéresse à l’exercice de la démocratie en Haïti.

Mus’Elles est en effet une structure associative à but non lucratif qui promeut, qui encourage la valorisation de la production féminine. Dans le cadre de sa mission, Mus’Elles entend accompagner les jeunes productrices littéraires dans l’épanouissement de leur talent. « Mus’Elles est en effet cet espace qui permet aux femmes de s’exprimer librement, de partager leur vision du monde et leurs textes académiques. Nous ne nous cantonnons pas à un type de media traditionnel de production et de diffusion d’information », avance-t-elle.

Offrir des modèles à la jeunesse

Jeanne-Elsa Chery, mère de famille, constate avec  regret qu’il y a une crise de modèles, une crise de valeurs en Haïti, car on ne présente pas les personnalités qu’il faut à une jeunesse qui s’empresse de reproduire tout ce qui se présente  à sa vue. En ce sens, il est primordial pour l’initiatrice de Mus’Elles, de mettre sous les feux des projecteurs, par exemple, des femmes qui ont brisé les barrières sociales et aussi celles dont les réalisations sont moindres mais dont le parcours est captivant. « Ce sont justement des personnalités qu’on veut valoriser, et qui peuvent servir de modèles de réussite, des femmes et filles inspirantes auxquelles on n’accorde pas suffisamment de place, à la jeunesse », soutient Mme Chéry. En effet, il faut promouvoir les valeurs morales, non sexistes, pour pallier cette crise de valeurs qui sévit la jeunesse haïtienne.

Dans cette perspective, elle informe Le Quotidien News que samedi prochain, la question du genre dans la pratique journalistique sera à l’ordre du jour à l’occasion d’une formation concoctée par Mus’Elles. Une formation non mixte, pour les femmes journalistes et bloggeuses.

Jeanne-Elsa Chéry chérit sa carrière et embrasse son engagement auprès des femmes et des filles. Est-ce la raison pour laquelle la passionnée des langues entend laisser une fenêtre ouverte à de nombreuses femmes et filles pour vivre pleinement de leur passion, à travers Mus’Elles.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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