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Quand Bel-Air vit l’atrocité de la violence et est confronté à l’indifférence de nos autorités

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Le quartier du Bel-Air subit les assauts de gangs armés pour la troisième fois de suite en un an et demi. La vie a cessé de fleurir dans ce ghetto urbain situé au cœur de la capitale à proximité du palais présidentiel. Comme les deux fois précédentes, cette nouvelle série de violences a causé la perte de dizaines de vies humaines, et a eu pour conséquences des maisons incendiées et d’autres dégâts énormes. Alors que les balles des bandits résonnent encore dans ce quartier, une semaine après, jusqu’à aujourd’hui, au moment où nous mettons sous presse, les autorités haïtiennes ne se sont fait aucunement entendre. Face à cette situation où des citoyens normaux sont attaqués par des bandits et traités comme des indigents, comment peut-on expliquer ce refus cynique des dirigeants actuels à intervenir ?

Le RNDDH qui s’est déjà entretenu avec cinquante-six (56) victimes, affirme que les rescapés vivent dans une psychose de peur. L’assaut, selon l’organisme de défense des droits humains, a été mené entre le 31 mars et le 1er avril par trois (3) gangs armés du G-9 an Fanmi e Alye et ont assiégé le haut Bel-Air, en marchant sur les Rues Macajoux, Monseigneur Guilloux et des Fronts Forts. Il s’agit des gangs respectivement dirigés par Iscard ANDRICE opérant à Belekou, Cité Soleil, par Micanor ALTES, alias Roi Mikanò opérant à Wharf Jérémie, Cité Soleil et par Wilson PIERRE, alias Ti Sonson dont le gang – Krache Dife – opère de la Rue Saint Martin jusqu’à la Rue Montalais.

Au moins treize (13) personnes ont été assassinées, soit sept (7) d’entre elles, le 31 mars et six (6) autres, le 1er avril 2021. Il s’agit d’un bilan partiel pour ces attaques meurtrières mais qui  est déjà très lourd. Les autorités en s’abstenant de prendre position ne sont-t-elles pas complices des auteurs de ces actes macabres. ? En observant un tel mutisme face à ces forfaits, elles donnent un accord tacite aux bourreaux qui ne cessent d’utiliser les moyens les plus violents qui soient pour se positionner comme les chefs incontournables de la cité.

Haïti se trouve confrontée à une crise multiforme caractérisée d’abord par une carence en hommes et femmes d’État de dimension nationale. Dans ces instants de torpeur où les ténèbres envahissent tous les horizons, il a fallu que ce soient des chefs de gangs qui donnent le ton et qui redonnent l’espoir. Aux grands maux, les grands remèdes, se plaît-on à dire tout le temps, mais dans ce pays les opportunités se présentent sans être saisies. Les bandits sèment la terreur. Le pouvoir étatique s’affiche en spectateur. Assistons-nous à un retour à la jungle où la loi du plus fort redeviendrait la règle fondamentale ? En réalité, tout citoyen se doit d’être perplexe quant à une réponse salvatrice de ceux qui ont été élus pour  faire régner l’ordre.

L’agenda de nos dirigeants est tout, sauf celui d’assumer leurs responsabilités. Ils préfèrent jouer la carte de la diversion plutôt que de s’occuper de l’essentiel. Il y a peu, la récupération d’un char blindé était la priorité par rapport aux corps des malheureux policiers tués par des bandits au Village de Dieu. La propagande indigeste sur l’organisation d’un référendum en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution en remplacement de celle du 29 mars 1987 et sur la tenue d’élections représente la principale préoccupation du Président de la République dont le mandat est contesté. Le Chef du gouvernement, de facto également Chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), et les autres membres de l’exécutif en charge de la sécurité publique restent indifférents à la vie des citoyens paisibles du Bel-Air retrouvés calcinés chez eux. Haïti s’enfonce par de tels agissements chaque jour de plus en plus dans le gouffre.

Godson LUBRUN

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