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Rendons hommage à nos ancêtres!

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Nos aïeux exigent beaucoup plus que de la simple démagogie. Bien plus que des offrandes florales pour faire du folklore. Que des sirènes, des fanfares pour souiller leurs mémoires. Le dépassement de soi et le sacrifice, voilà ce qui pourrait faire honneur aux héros de Vertières qui nous ont légué cette terre au prix de leur vie. Faisons en sorte qu’ils ne soient pas morts pour rien.

En effet, toutes les batailles menées, de 1791 jusqu’au 18 novembre 1803, visaient une chose: la liberté. Il est fort possible qu’à travers cette quête de liberté, certains se voyaient propriétaires, d’autres devenir  de nouveaux maîtres, etc. Néanmoins, ils sont arrivés à la conclusion qu’une seule passerelle menait à ces multiples objectifs: il faut chasser l’ennemi commun. La liberté d’abord et le reste viendra de surcroît.

Nous célébrons annuellement nos héros, en pataugeant dans la crasse. Sur fond de manifestations. Aux cris de « ABA et de VIVE ». Nous faisons leur éloge haut et fort. Nous vantons leurs mérites. Nous glorifions leur courage pendant que nous nous arrangeons à faire le chemin inverse de celui qu’ils nous ont tracé. On a brisé le rêve dessalinien. On a instauré la terreur dans le pays. Ceux qui ont passé des siècles sous le joug des colons n’ont pas encore le droit de cité. Ils sont écartés du partage desrichesses. Ceux qui essaient de gagner leur vie en se sacrifiant nuit et jour se voient enlever le peu qu’ils obtiennent  par des kidnappeurs. La plupart d’entre eux sont tout simplement tués.

Nous n’avons pas fait de ces fêtes nationales un prétexte pour essayer de revenir sur la ligne de Jean Jacques Dessalines, Henry Christophe, Alexandre Petion, Capois et consorts. « S’il faut la violation du sol national. S’il doit coûter à la nation la perte de sa souveraineté pour occuper le Palais national. Aucun sacrifice n’est de trop », se disent sournoisement la majorité des hommes politiques haïtiens. Un jugement de valeur? Peut-être oui, mais que dites-vous de ces évènements ayant favorisé les interventions américaines de 1915, de 1994, la venue de la MINUSTAH et consorts? Que  pensez-vous aussi de cette crise où des acteurs se prononcent pour une intervention étrangère afin de mettre l’opposition dans son rôle. Le reste refuse systématiquement la médiation nationale pour une ou des missions étrangères.

Les martyrs de la nation sont des symboles d’unité et de grandeur. Faire mémoire d’eux, devrait nous amener à la table des discussions pour jeter avant tout la base d’une nation unie s et développée.

Ils avaient dépassé leurs égos. Ils ont fait le congrès de l’Arcahaie malgré leurs différences. Ils ont vaincu la plus grande armée de l’époque pour nous léguer ce pays que nous sabotons à volonté. Ils ont tissé le bleu et rouge, les mulâtres et les esclaves se sont réconciliés et ont écrit  une belle page d’histoire. Notre génération, en ce qui la concerne, laisse les sites en ruines. L’unité qui nous caractérise, nous l’avons démolie. Nous à notre devise. Ici, c’est la logique « diviser pour régner » qui prévaut. Les coups bas, la mort de l’autre comme les seules alternatives possibles des prétendus héritiers des géniteurs de la patrie.

Honte à nous qui rendons hommage à Dessalines au Pont-Rouge contrôlé par des gangs armés. Honte à nous dont le Président se voit obligé de ne pas se rendre à Vertières, à Marchand-Dessalines, aux Gonaïves, à l’Arcahaie, entre autres, pour rendre hommage à nos vaillants guerriers. Honte à nous de nous servir de nos frères et sœurs comme marchepieds. Honte à nous qui préférons e la mort de nos compatriotes pour satisfaire nos viles ambitions.

À quoi bon de nous livrer à des simulacres devant les tombeaux des valeureux si nous sommes incapables de nous comporter en êtres humains? Quel sens à notre recueillement si nous détruisons ce qu’ils nous ont donné par leur sang pour construire. L’hommage qu’ils attendent de nous c’est l’unité, le dépassement de soi, le sens du patriotisme, le démantèlement des gangs, le rejet du principe « ôte-toi pour que je m’y mette », la logique de prendre et consolider le pouvoir par l’entremise des bandits, le rejet de la violence et de la corruption. Bref, le renoncement à cet orgueil destructeur. L’hommage nécessaire, c’est de tourner le dos aux intérêts mesquins et de créer les conditions nécessaires pour que la population puisse vivre sereinement dans son pays. L’hommage significatif, ce serait  de rendre Haïti humainement vivable.

Daniel Severe

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