« Ma musique me ressemble comme mon ombre », chante Rebèl Pakamò
4 min readJean Gardy Clervil, plus connu sous le nom de Rebèl Pakamò, livre bataille contre le système qu’il qualifie d’impérialiste avec ses tracks, ses morceaux qui charrient tout un tas de revendications. L’artiste militant qui se revendique de gauche se bat pour une meilleure répartition des richesses dans le pays.
Né le 20 juin 1996 à La Gonave, Jean Gardy Clervil est un jeune rappeur haïtien qui s’implique corps et âme dans la lutte pour le changement en Haïti. Cadet d’une famille de deux enfants, celui qui se fait appeler Rebèl Pakamò a fait ses études classiques au Collège Saint François d’Assise, avant de rentrer à Port-au-Prince pour ses études universitaires. En 2015, Jean Gardy participe au concours d’intégration de l’Université d’État d’Haïti et intègre la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE) de Port-au-Prince et l’École Normale Supérieure. Conscient de la mauvaise gestion de l’Université, il se met à dénoncer la corruption qui gangrène l’institution et revendique du même coup les droits des étudiants.
C’est dans un contexte de lutte, de mouvements revendicatifs contre le Rectorat, que le natif de la Gonave investit les studios pour entamer une carrière musicale. De là, il sort son premier EP sous la thématique de Révolution. Mais, si l’on s’en tient à ses mots, Rebèl Pakamò envisageait depuis son adolescence de faire carrière dans la musique, puisqu’il composait déjà en classe de seconde des morceaux intéressants.
Deux ans après son entrée à l’UEH, la lutte contre la mauvaise gestion du Rectorat prend de l’ampleur et nécessite de nouvelles stratégies pour aboutir conformément aux buts visés. En guise de représailles, le Rectorat est contraint d’expulser près d’une vingtaine d’étudiants de ladite Université, parmi lesquels, Jean Gardy Clervil qui qualifie d’injuste et arbitraire cet acte. Plus tard, l’ex-étudiant en Science juridique participe à la fondation de Cricastro, une structure de gauche militant contre le système oligarchique.
Un son, une idéologie
« Je définis à travers mes musiques une idéologie qui revendique une meilleure répartition des richesses, une meilleure gestion du pouvoir. Je me bats pour une société équitable où une masse de prolétaires n’aura pas à se débattre au profit d’une minorité détenant les richesses du pays », tonne le rappeur de Lèt Ouvèt. Ses musiques ne sont pas anodines, selon lui. Elles ont pour objectif d’éduquer la population, de la sensibiliser sur certains sujets d’importance capitale, et d’éveiller la conscience populaire sur la nécessité d’une nouvelle façon de faire, de penser et de vivre dans le pays.
« Je suis un artiste de gauche. Par conséquent, je rêve d’une société où les barrières socio-économiques ne sont plus, où tout le monde peut jouir convenablement de ses droits », argue Jean Gardy qui entend, en empruntant la voie culturelle, mener son combat jusqu’au bout. « La lutte pour de meilleures conditions de vie devrait être multidimensionnelle, donc la musique comme art a également son rôle à jouer », précise de jeune musicien.
Sa position critique par rapport à la politique
Il est vrai que les préoccupations d’un artiste engagé sont d’ordre politique, car très souvent il remet en question les dérives de l’État qui met en péril les vies humaines. En conséquence, Rebèl Pakamò pointe du doigt la classe politique au service de l’oligarchie haïtienne, comme principal responsable de cette crise dans laquelle le pays a sombré. « Moi, je pense qu’il est impérieux de changer de paradigme. Il faut ainsi renverser la classe politique lèche-botte de la classe bourgeoise », croit le penseur Jean Gardy, revendiquant le départ du Président Jovenel Moïse.
Véritable opposant du PHTK, la voix de Lèt Ouvèt, Jean Gardy Clervil, dit Rebèl Pakamò, ne veut pas imputer l’entière responsabilité de la dégénérescence du pays au pouvoir en place. Car, selon lui, ceux qui aujourd’hui investissent le macadam pour exiger le départ du PHTK, n’étaient pas si différents quand ils détenaient le pouvoir. « Évidemment, le régime PHTK est le pire de tous. Mais, ceux qui l’ont précédé n’étaient pas si différents dans leur manière de gouverner le pays », déplore le militant de Cricastro.
Militant aguerri, rappeur conscient, Jean Gardy Clervil investit toute son énergie pour le progrès de la société dans le respect des Droits de l’homme. « Ma musique me ressemble comme mon ombre. C’est une partie de ma life », claironne le rappeur Rebèl Pakamò qui invite le public à prendre part au concert de son album Lèt Ouvèt le 20 juin prochain, à l’occasion de son anniversaire.
Statler LUCZAMA
Luczstadler96@gmail.com