Sardau-Francisco Lafrance, la voix de la percussion Haïtienne
4 min readQui ne connaît pas ce percussionniste qui tient le rythme pour plusieurs artistes de renoms dont Rutshelle Guillaume, Darline Desca, BIC, Tamara Suffren, pour ne citer que ceux-là ? Celui qui, derrière le tambour, crée une extraordinaire sensation, anime la cadence de manière à faire tourner en spirale les reins des mélomanes ? On l’appelle Cisco, l’un des percussionnistes les plus en vue de cette génération.
« Je suis Sardau-Francisco Lafrance, percussionniste de carrière. Je manie des instruments de percussion dont les plus connus, tambour, batterie, gong… », se présente humblement le batteur Cisco, joint par téléphone le matin du vendredi 28 mai, après une performance à Port-Salut où il anime des soirées. Le batteur chevronné, a pris naissance dans une famille bercée par la douce sensation de la musique. Tous sont musiciens, tous s’y connaissent en percussion. « La plupart d’entre eux chantaient également », ajoute Cisco.
Né le 10 juin 1992, à l’Asile située au département des Nippes. Elle y effectue la première tranche de ses études classiques avant de rentrer à Pétion-ville, pour s’installer à Tomassaint. Du préscolaire à la sixième année, il fait ses études primaires à l’Institut de Saint Joseph de l’Asile. De 7ème à la philosophie, il fréquente l’école congréganiste Saint François de Paul.
Comme susmentionné, Cisco a été bercé dans une famille bourrée de musiciens. Élevé dans cet univers musical, il grandit avec la musique dans le sang et apprend dès son enfance à percuter les instruments de ses parents. Il savait déjà qu’il avait le don pour produire d’agréables sons avec les frappes inspirantes de ses mains.
C’est lors d’un spectacle au centre Pen, il y a plus de dix ans, que Cisco allait débuter une carrière professionnelle dans la musique quand il rencontra Kébert Bastien, en pleine tournée de son premier opus intitulé « Merde ». Les deux génies se sont rencontrés. Enchanté de son talent, Keb lui proposa d’allier son ingéniosité musicale à la sienne et de créer quelque chose de plus sensationnel dans la musique. « Honoré par cette proposition, j’ai répondu volontiers. J’étais partant pour une grande expérience avec lui. Et je me souviens de la première fois qu’on a performé à l’Institut Français en 2013, raconte le batteur de BIC.
Depuis sa première scène, son premier battement, son premier roulement, Cisco a convaincu les fins connaisseurs de la musique qu’il est né pour faire danser les gens. Son savoir-faire a conquis de nombreux musiciens qui, à son écoute, ont tous désiré de synchroniser leur art au sien. C’est ainsi qu’il rejoint le groupe Zatrap. Il y passera cinq ans. Il rejoint également la troupe de BIC Tizon Dife, et mettra à la disposition de plus d’uns, le roulement magique dont lui seul a le secret.
Le 17 novembre 2016, Cisco et son compagnon de tambour, Grégory Laforêt, créent un band qui donne la parole aux tambours, qu’ils ont baptisé sous le nom de Pawòl Tanbou qui compte aujourd’hui sept musiciens très performants. « Il était important pour nous de proposer quelque chose de différent aux mélomanes. Au fil du temps, on a pris peu à peu notre place », déclare le percussionniste, fier de sa bande. « On produit des sons issus de notre culture, de la culture africaine. La plupart de nos rites sont d’origine africaine », confie le percussionniste de Pawòl Tanbou qui promet sous peu la sortie d’un album.
Sa plus grande fierté comme musicien percussionniste, est de voir comment les étrangers du terroir prennent un plaisir fou à oublier leur corps au rythme de ses battements. Par ailleurs, en Haïti, il déplore les idées préconçues au sujet des tambourineurs. « Dire qu’on est tambourineur en Haïti requiert beaucoup de courage. Car les gens ont tendance à médire à notre sujet, parce qu’ils associent au tambour tout ce qu’il y a de diabolique », critique Sardau-Francisco.
Sur le sol de Boukman comme à l’étranger, Cisco valorise la musique noire avec ses instruments de percussion, particulièrement le tambour qu’il fait chanter à sa guise. Pour l’heure, il est le percussionniste le plus en vogue. Ainsi fait-il honneur à son partenaire tambourineur, Grégory Laforêt, le grand Samba Zaro, et un excellent Azor, de regretté mémoire.
Statler LUCZAMA
Luczstadler96@gmail.com