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L’institutrice Catherine Gauthier, la fierté d’être une mère exemplaire

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Une mère combattante, ayant affronté de nombreuses vicissitudes dans la vie, Catherine Gauthier exprime avec joie sa fierté. La fierté d’avoir pu éduquer soigneusement plusieurs générations d’enfants, y compris les siens qui ornent sa vie d’un bonheur sans pareil.

Catherine Gauthier est une éducatrice de carrière qui s’adonne passionnément à son métier. Elle le fait avec art, avec amour. Elle déclare : « je me sens dans ma peau quand je me tiens devant une salle bondée d’élèves pour les enseigner. » Son histoire avec l’éducation remonte à loin, depuis sa tendre enfance quand elle jouait à l’institutrice avec ses camarades. « Je peux dire ainsi que c’est le métier qui m’a choisie », dit-elle avec humour lors d’un entretien accordé au journal Le Quotidien News.

Tout commence à Port Salut, à Carrefour Charles plus précisément, où Catherine Gauthier a pris naissance le 6 juillet 1977. Elle vient d’une famille catholique qui habite le littoral de la plage point de sable, l’une des plus belles du pays. A cinq ans, la petite fille, troisième d’une famille de cinq enfants, perd sa mère qui succombe à une maladie. Elle sera élevée, à cet effet, par son père aimant et affectueux jusqu’à sa maturité.

Chez les sœurs de Saint Dominique, elle enchaîne toutes ses classes fondamentales,  de la première année à la 9ème. Elle se rend ensuite à la ville des Cayes où elle entame une partie de ses classes secondaires au Collège Saint François de Sales. A la recherche de meilleures opportunités, elle rentre à Port-au-Prince. Au Lycée national de Pétion-ville, Catherine essaie malgré elle de suivre le rythme de l’instruction dans un système auquel elle peine à s’adapter. A vrai dire, à en croire ses propos, elle était toujours parmi les meilleures de sa classe. C’est à l’Institut de Franckétienne qu’elle termine enfin ses études classiques.

« J’étais toujours parmi les plus brillantes de ma classe. J’obtenais toujours les meilleures notes », déclare avec fierté Mme Gauthier, sans aucune vantardise. Elle faisait montre d’une grande maturité, d’un sens de responsabilité peu ordinaire chez les jeunes de son âge, à l’époque. « En absence de notre mère, je me sentais obligée d’endosser la responsabilité maternelle. C’est moi qui m’occupais de tout à la maison », confie Mme Gauthier qui était prête à tout pour ses frangins et frangines. Avant même de passer son bacc, elle prêtait son service comme institutrice afin de pouvoir aider son père avec sa famille. A l’époque, elle gagnait 350 Gdes le mois, se souvient-elle. Avec le peu qui lui revenait, l’enseignante Catherine Gauthier, a pu s’octroyer une licence en Éducation à l’école normale de Saint Louis de Gonzague. Malencontreusement, elle se heurtera à un drame qui bousculera le cours de sa vie.

Une grossesse inattendue

En fait, Mme Gauthier essaie de remuer ciel et terre pour soutenir sa famille. Avec un salaire peu suffisant pour répondre à ses besoins, elle fait de son mieux pour continuer son étude à l’école normale. « Vu les responsabilités que je me suis incombées, je ne pouvais pas me permettre une aventure amoureuse. Je ne voulais pas m’engager dans une telle expérience », avoue la native de Port-Salut qui, malheureusement, verra son plan foiré suite à une rencontre inattendue.

Elle décrit cet homme comme un obsédé, un possessif possédé par une jalousie excessive. « Sincèrement, je ne souhaitais pas m’engager avec un homme de ce genre. J’aime être libre, vaquer librement à mes activités sans avoir à me soucier de ce que peut penser un homme », confie l’enseignante du Collège Acacia. Cependant, le mec était prêt à l’accompagner, à répondre à certains de ses besoins…Dans ces conditions, la jeune fille d’alors n’a pas pu tenir plus longtemps et s’est vue succomber sous l’emprise de cet homme qui l’enceinta de son premier enfant.

Une histoire miraculeuse

« C’est une histoire miraculeuse que, jusqu’à ces présentes minutes, je n’arrive toujours pas à comprendre. Je suis tombée enceinte sans avoir été pénétrée », se remémore Mme Gauthier qui s’est finalement rendu compte qu’elle était en pleine ceinture après six longs mois. « En effet, explique-t-elle, tout au long de ces six mois j’avais régulièrement mes menstruations. Il n’y avait aucun signe, aucun symptôme pouvant indiquer que j’étais enceinte. Sauf que, je ne me sentais pas dans ma peau », ajoute-t-elle.

Suite à une chute du haut d’un escalier en spirale, selon ses témoignages, elle a commencé à ressentir un fort malaise tant la blessure causée par cet accident était douloureuse et dangereuse. « J’ai été auscultée par des médecins de plusieurs hôpitaux de la capitale, aucun n’a pu constater ma grossesse. Puisque je ne me portais pas bien, je me suis rendu chez mon père, en province afin de trouver une solution. De là, mon père a fait appel à un matrone qui allait me procurer les soins nécessaires », avance Mme Catherine Gauthier qui n’avait pas encore bouclé ses études à l’école normale.

Avec stupéfaction qu’elle a appris qu’elle portait un enfant, après six mois. Une situation impromptue qu’elle a dû affronter avec beaucoup de maturité, même si la belle-mère espérait un avortement. « J’ignore pourquoi, mais ma belle-mère ne m’aimait pas, elle ne me supportait pas. A cause d’elle, j’ai connu dans cette grossesse de mystérieuses difficultés jusqu’à l’accouchement », se rappelle Mme Gauthier, une Dossou Marassa, qui dit avoir résisté à de nombreuses persécutions par la grâce de Dieu.

Au moment de mettre au monde son premier enfant, l’Institutrice a dû faire face à de nombreuses complications. En effet, on a dû ciseler son vagin pour faciliter la sortie de ce bébé robuste et corpulent. « Quand il est né, on avait du mal à déterminer son sexe car il avait dans sa partie génitale une sorte de cordon. C’était un cas rarissime qui nécessitait un voyage aux États-Unis pour faire opérer l’enfant », raconte la jeune mère d’alors, novice, inexpérimentée, qui ne savait à quel Saint se vouer. Elle a vécu à cette époque le moment le plus funeste de sa vie, sans la présence d’une mère, morte depuis sa tendre enfance, ni celle du père de l’enfant qu’elle était sur le point de mettre au monde.

Grâce à un miracle, à en croire ses dires, le cordon est tombé du corps du nourrisson, laissant de l’espace à son sexe de se développer. C’était un beau garçon, Stephaenson Gauthier, au teint argenté comme sa mère. A présent, le jeune robuste, aîné d’une famille monoparentale de trois enfants dont deux magnifiques filles, vient de boucler une licence en génie civil au Mexique.

Mme Catherine Gauthier aura élevé toute seule trois enfants. Aujourd’hui, elle peut affirmer fièrement d’avoir accompli avec dignité son rôle de mère. « Si je priais mon Dieu pour de nombreuses choses, je n’avais qu’une seule demande, de ne jamais cesser d’être mère », enchérit avec honneur cette femme respectable qui fêtera au mois de juillet son 54ème anniversaire de naissance.

Les témoignages de ses enfants

 Avec beaucoup d’émotions, le jeune ingénieur exprime sa gratitude à sa mère, comme il l’appelle, depuis le Mexique. « Je ne crois pas pouvoir trouver les mots justes pour lui témoigner ma reconnaissance. Il n’y a personne sur terre qui puisse aimer ma mère plus que moi. Elle le sait bien. Elle sait que chacun d’entre nous la porte dans notre cœur, et nous cesserons jamais d’être reconnaissants pour tout ce qu’elle a sacrifié pour faire de nous de ce que nous sommes », déclare Ingénieur Stephaenson Gauthier. La cadette, Caïna Gauthier, Assistante administrative, qui s’entête à assumer le rôle de sa mère pour prendre soin d’elle en retour, témoigne que cette dernière est toute sa richesse, tout ce qu’elle possède. « Et comme j’aime à le dire, dit la jeune femme de vingt-quatre ans, ma mère a tout donné pourquoi  ne soyons aujourd’hui ce qu’elle ne sera jamais, et pour cela on ne peut qu’être reconnaissant car elle est tout ce qu’on est. Pour moi, c’est la meilleure maman au monde » ajoute-t-elle avec un sourire laissant entrevoir sa fierté. Quant à la benjamine, Edca C. Gauthier, elle reste sans voix tant elle est fière du dévouement, du courage, de l’amour de sa mère chérie.

Mme Gauthier a le mérite d’avoir été une mère conséquente, une femme courageuse qui, après avoir pris soin de sa famille dans son jeune âge, a éduqué scrupuleusement ses trois enfants sans aucune présence masculine. Et on peut dire d’elle, en outre, qu’elle est une excellente éducatrice qui, après trente-quatre ans d’expérience, continue à chérir son métier, sa passion, et à contribuer au succès de plusieurs générations.

A cette femme exemplaire et à toutes les mamans, la rédaction prend plaisir à souhaiter une joyeuse fête des mères.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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