lun. Nov 25th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Nos vrais virus !

4 min read

Le sang éclabousse nos trottoirs, nos rues. Autour de nous, on ne voit que cercueils et dépouilles abandonnées aux chiens et aux cochons. Nous ne constatons que pleurs, misère, corruption, autorités irresponsables et opposition moribonde. Nous voyons nos criminels nous consoler. Nos poisons mortels s’accusent les uns les autres et nous tendent la main pendant qu’ils nous mettent le couteau sur la gorge.  Nous ne voyons que des hypocrites dissimulés sous la peau de philanthropes.

Dans nos villes, nos quartiers défavorisés, nous  portons assistance à nos familles massacrées, leurs maisons sont détruites, leurs enfants violés par leurs semblables transformés en monstres par des politiques avides depouvoir. Par des hommes fortunés, friands de corruption. Nous dormons à même le sol, entassés comme des sardines dans un centre sportif  et dans des conditions inappropriées,  devant abandonner nos maisons aux différents gangs du pouvoir, de l’opposition et du secteur privé (référence  aux dénonciations de chacun des camps précités). En chaque personne qui sort et qui rentre, nous voyons un héros,  tout simplement parce qu’il a échappé à la caravane mortelle des civils armés.

En Haïti, le prix de nos efforts, c’est la mort. Notre résilience nous permet de continuer à vivoter  tandis que nos hommes politiques nous tirent au sort pour nous assassiner. On est comme des pions sur leur table de jeu de dames. Ils planifient leurs  interventions criminelles et nous, nous les payons de notre sang. La population haïtienne, celle des quartiers populeux de Port-au-Prince notamment, vit son quotidien comme si elle se trouvait sur une terre hantée. On  meurt dans la rue comme chez soi. On n’a  pas besoin d’être ciblé. Des balles perdues suffisent.

Nous mourrons comme des sauvages. Notre mort est une aubaine pour ceux qui se querellent pour le pouvoir. Une occasion pour s’entre-accuser. Parallèlement, certains se réclament d’être des dirigeants, ils s’entêtent à se maintenir au pouvoir alors qu’ils prouvent au centuple  leur incompétence. Ils prennent l’État pour un jeu d’enfants. Ils roulent dans des véhicules blindés au frais de ceux qu’ils massacrent dans les rues du pays. Ils veulent se garder à tout prix la vache à lait pour eux-mêmes.

La police et la justice reçoivent l’ordre de trouver et de punir les auteurs et co-auteurs de ces actes criminels et terroristes. Mais, qui sont en réalité les auteurs et co-auteurs de ces exactions, messieurs et mesdames les dirigeants ? Comment se fait-il que, dans un pays soi-disant dirigé,  des gens puissent importer si facilement  de telles quantités d’armes lourdes et de munitions sur le territoire ? Comment est-il si aisé pour des groupes armés de défier les policiers, même dans leurs commissariats ? Comment expliquer qu’ils  puissent dépeupler toute une circonscription, qu’ils coupent quatre départements du pays , qu’ils privent un pays de produits pétroliers, qu’ils vandalisent, pillent des entreprises commerciales et bancaires en envoyant au chômage des milliers d’employés ? Comment se sont-ils fédérés ? Autant de questions  auxquelles  vous devez répondre avant de faire croire à la population que vous cherchez auteurs et co-auteurs. Comment la police s’est-elle transformée en plusieurs cliques rebelles ? Comment l’État s’est-il révélé si faible ?

Fermons hélas les cercueils et laissons nos  concitoyens aller en paix. Nous le redisons avec force, nos hommes politiques sont plus mortifères que le coronavirus. Cette pandémie laisse la chance à celui qui en est atteint de se soigner, mais eux, leurs ambitions détruisent nos vies depuis des années  si l’on songe aux massacres au Bel’Air, au bas de Delmas, à Delmas 32, à Cité Soleil, à La Saline, à Carrefour-Feuille, à Martissant, entre autres. Leur mesquinerie plonge le pays dans le chaos. Ils ne s’en soucient guère. S’ensuivent des larmes de crocodiles, des communiqués et des discours de faux-jetons. L’insécurité planifiée, la politique de la corde raide, la logique « Ôtes-toi de là que je m’y mette », la pratique « À chacun son gang » et les politiques constituent nos principaux virus. 

Nous disons pour notre part : bonne traversée à Diego Charles, Marie Antoinette Duclaire et à toutes les autres victimes. Il faut absolument que quelque chose change dans ce pays.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

Laisser un commentaire