Le Premier Ministre Ariel Henry fait son avènement au pouvoir dans un contexte difficile
3 min readAprès avoir reçu la bénédiction du Core Group, Ariel Henry s’est vu confié les rênes du gouvernement par Claude Joseph qui a repris son poste de ministre des affaires étrangères et des cultes. L’actuel Premier Ministre se déclare prêt à s’atteler à la tâche pour laquelle il a été désigné. Pourtant, le chemin s’annonce difficile vu l’ampleur de la crise.
C’est avec la bénédiction du Core Group et beaucoup de promesses de changement que le docteur Ariel Henry fait son entrée en tant que chef du gouvernement. Si la cérémonie de son investiture s’est déroulée dans un climat stable et calme, le Premier Ministre a pris les rênes dans un contexte particulièrement difficile et la situation du pays n’est pas moins chaotique. D’ailleurs, le secrétaire général de la Primature, ainsi que le Premier Ministre sortant, ne se sont pas retenus de le souligner.
Jude Charles Faustin, après avoir demandé une minute de recueillement pour le feu président, a relaté le contexte particulier dans lequel le pays accueille ce nouveau premier ministre : assassinat du président, la crise politique, les problématiques liées à l’insécurité, aux élections, à la réforme constitutionnelle etc… « C’est dans ce contexte historique accablant pour la Nation que vous êtes appelé à la gestion du pays. Une vrai œuvre titanesque », déclare-t-il en s’adressant au Premier Ministre Ariel Henry. Pour le secrétaire général de la Primature, le Premier Ministre aura besoin d’une forte solidarité gouvernementale, de l’harmonie et de la cohérence dans les actions publiques.
De l’avis de l’actuel ministre des affaires étrangères et des cultes, le contexte dans lequel ce nouveau gouvernement s’installe diffère largement de celui que connaissait le pays lors de la nomination du nouveau Premier Ministre. Pour lui, la charge que Ariel Henry accepte aussi courageusement est lourde : « Vous héritez d’une situation exceptionnelle, caractérisée par l’absence du président de la République pour vous servir de bouclier », affirme-t-il à l’adresse de ce dernier.
Le chef de gouvernement, fraichement installé, se pointe en effet dans un pays rongé par toutes sortes de crise, dépourvu de président. Ajouté à cela, le pouvoir judiciaire du pays est dysfonctionnel, puisque sevré du feu président du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), René Sylvestre, emporté par la COVID-19. Les mandats de certains des juges de la cour, déjà en sous-effectif, arrivent bientôt à leurs termes et la mort du président ne rend pas les choses plus faciles.
Le soutien du Core Group ne semble pas arranger la situation pour le Premier Ministre qui perd la faveur de plusieurs figures de la politique haïtienne après que Joseph Lambert, le président du sénat, soit écarté alors qu’il avait trouvé grâce aux yeux de plusieurs des partis politiques pour être le remplaçant provisoire du feu président Jovenel Moise jusqu’aux élections. Le Premier Ministre est vu alors par beaucoup, comme une imposition, voire une intrusion de l’étranger dans les affaires haïtiennes. Un début difficile pour Ariel Henry qui a fait bien des promesses lors de son installation.
Ketsia Sara DESPEIGNES