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À quand la fin du calvaire des femmes en Haïti : Investir et accélérer le rythme pour de meilleures conditions de vie

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Adoptée en 1977 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Journée internationale des droits des femmes célébrée chaque année le 8 mars,  est consacrée à la sensibilisation et la mobilisation afin de mettre en avant la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. En Haïti, si la route est encore longue pour de meilleures conditions de vie des femmes, on ne doit surtout pas abandonner.

Le thème retenu pour l’édition 2024 est : « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Il s’agit de lever l’un des principaux obstacles à la réalisation de l’égalité des sexes d’ici 2030, en ce qui concerne la question du financementSelon l’ONU, le déficit annuel pour les dépenses consacrées aux mesures en faveur de l’égalité des sexes atteint 360 milliards de dollars.Il faut dire que cette journée puise ses origines dans l’histoire des luttes ouvrière à la fin du 19e siècle et au début du  20e siècle en Amérique du Nord et en Europe, où les femmes réclamaient un salaire équivalant à celui des hommes.  En Haïti, elle a pris son ampleur après 1986.

Pour un futur Haïti plus inclusif

Selon une enquête réalisée en 2018 par Finscope sur l’inclusion financière des femmes en Haïti, seulement 9% des femmes sont bancarisées, 45% des utilisateurs de microfinances sont des femmes, seulement 1% des crédits leur sont accordés. Pour contrecarrer l’exclusion financière, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a lancé en 2022 un fonds de garantie pour les femmes entrepreneures. Un programme qui vise à soutenir l’entrepreneuriat féminin pour un futur Haïti inclusif. La BRH renforce l’initiative cette année autour du thème : « Soutenir l’employabilité des femmes : Accélérer le rythme de l’inclusion financière ».

Le calvaire des femmes face à la guerre des gangs

Les femmes haïtiennes continuent d’être plus vulnérables en raison de la violence des bandits. Elles sont victimes d’agressions sexuelles, de viols collectifs et d’autres formes de violence. Vivre dans une société où les droits des femmes sont bafoués, ce ne serait pas étonnant d’aboutir à un tel résultat. Le viol est l’un des crimes les moins punis dans le pays et cela multiplie une fois de plus le pouvoir des agresseurs pour commettre librement leurs actes odieux.

À l’occasion de cette journée, plusieurs organisations de défense des droits des femmes se sont déclarées préoccupées par la situation alarmante du pays qui continue d’exacerber toutes les violences que subissent les femmes et les filles ces derniers jours.

« Une analyse de la situation des femmes et filles en Haïti permet de comprendre que les luttes menées par les Féministes haïtiennes, les victoires, les avancées et les acquis de ces dernières décennies sont fortement menacés. C’est une guerre contre nos droits. Notre droit à la vie, au bien-être, à la dignité, le droit tout simplement d’exister des Femmes et Filles Haïtiennes », rappelle l’Organisation “Nègès Mawon”, dénonçant avec vigueur l’inaction du gouvernement d’Ariel Henry qui a contribué à mener la crise à ce point de rupture. « Un gouvernement illégitime, jouissant de tous les pouvoirs et privilèges, qui n’a jamais mené des actions pour combattre les gangs armés, améliorer les conditions de vie des femmes et stopper cette descente aux enfers que vivent les Haïtien.ne.s », se plaint l’Organisation.

Le silence stimule le bourreau : Brisons ensemble cette barrière

Cet événement est l’occasion de mettre en lumière les luttes passées, actuelles et futures des femmes, de célébrer leurs réalisations, tout en sensibilisant sur les défis persistants. Les organisations de défense des droits des femmes en profitent pour réitérer leur engagement et unir leur voix pour promouvoir ensemble une société inclusive.

« Pour briser le silence, les femmes doivent continuer à lutter, à mener le combat surtout pour les autres qui sont faibles et vulnérables. Il faut signaler toutes les formes de violence, c’est l’un des principaux facteurs pour briser le silence dans une société où les agressions sexuelles et les viols se répètent au quotidien et qui restent impunis », clame la féministe Ariette Laurent.

« Briser le silence face aux agressions sexuelles nécessite une approche systémique. Éduquer, sensibiliser et soutenir les survivantes sont des éléments clés. Nous devons également exiger des réformes législatives rigoureuses et remettre en question les normes culturelles qui perpétuent le silence, en créant un environnement où la parole des victimes est entendue et respectée », estime Yvenie Chouloute fondatrice de l’organisation FIEF, soulignant que cette journée demeure une pierre angulaire qui rappelle au monde que l’égalité des sexes est une quête continue.

« Face à la détérioration de la situation, il est impératif de renforcer les mécanismes de protection des femmes. Cela implique une collaboration étroite avec les autorités pour assurer l’application effective des lois existantes, ainsi que la création de centres de soutien pour les femmes vulnérables. L’éducation et la sensibilisation doivent être au cœur de nos efforts pour changer les mentalités et éradiquer les comportements nuisibles », souligne Mme Chouloute.

Marie-Alla Clerville

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