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Ariel Henry met la charrue avant les bœufs!

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 vent de violence est en train de souffler sur le pays. Plusieurs dizaines de personnes accusées d’être des membres de groupes armés ont été attaquées, lapidées, lynchées, puis carbonisées dans diverses zones de la capitale haïtienne. C’est la guerre déclarée entre les membres de la population et les bandits. Un mouvement qui fait boule de neige. 

Ceci est la conséquence de l’irresponsabilité de l’État qui a laissé pourrir la situation. Qui a, durant des mois, assisté passivement à la montée en puissance des groupes armés. Qui a fermé les yeux sur les exactions de ces criminels et qui fait semblant de ne pas entendre les cris de détresse de la population devenue errante et indigente en tentant de fuir la terreur des bandits. Cette violence était pourtant prévisible, mais les hommes au pouvoir n’ont rien fait pour l’anticiper. La mort d’êtres humains est devenue un fait divers.

Du côté du Gouvernement, on n’abdique pas. Il est toujours en mode « Adelante ». Pour l’heure, c’est l’option élections qui est activée. Un choix fort dans un contexte aussi délicat. Dans une conjoncture, où la grande majorité de la population végète, en proie à une misère sans pareille. Dans une période où les hommes armés ceinturent la capitale et érigent d’autres foyers de terreur dans les villes de province. Dans un contexte où la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’inspire plus confiance et où l’Exécutif est très mal perçu. À un carrefour où le pouvoir lui-même s’avoue vaincu.

Au bénéfice de qui se réaliseront ces élections si les gens ne peuvent même pas circuler ? Si les partis politiques ne s’embarquent pas dans le processus ? Comment est-il possible que ce processus aboutisse sans un minimum de consensus politique ? Qu’allons-nous faire des quartiers perdus, aux dires de la Garde des sceaux de la République ? Est-ce que selon le pouvoir l’accord controversé du 21 décembre suffit ? Cet accord qui peine à être appliqué dans son intégralité. Quid de la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP) ? Est-ce possible qu’il soit constitué sans un accord politique minimal au regard de la situation actuelle?

S’il est vrai qu’il n’y a pas un ordre prédéfini dans la démarche pour déclencher le processus électoral, cela ne permet pas non plus aux organisateurs de négliger le facteur humain ou de le reléguer au second plan. Haïti est comme une maison en feu. Tout est prioritaire. Tout est urgent. Mais avant toute chose, le Gouvernement doit comprendre le minimum d’exigence que requiert un tel processus. La sérénité, la confiance, la sécurité et la motivation des acteurs ne sont pas discutables. Nous sommes dans un contexte particulier où tout doit passer par un compromis : la constitution du CEP, la participation populaire, la révision de la Constitution, le rétablissement de la sécurité, entre autres. On a vraiment la sensation que l’équipe au pouvoir est en train de mettre la charrue avant les bœufs.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com 

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