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Au moins 82 enfants ont été victimes de la violence des gangs armés en Haïti de janvier à mars 2024, indique le BINUH !

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La spirale de violence existant en Haïti a aussi des impacts sur le droit des enfants. Au moins 82 enfants, dont certains n’avaient que six ans, ont été tués ou blessés au cours du premier trimestre 2024, a révélé le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) à travers un document intitulé « rapport trimestriel sur la situation des droits de la personne en Haïti ». Il indique aussi que de nombreux enfants ont été recrutés dans les rangs des gangs.

La banalisation de la vie humaine poursuit son rythme en Haïti. C’est comme si la vie ne coûtait rien. C’est la violence qui résume le quotidien de la population. Et même les droits des enfants sont affectés par cette situation de terreur qui existe dans le pays. « Au moins 82 enfants, dont certains n’avaient que six ans, ont été tués ou blessés au cours du premier trimestre 2024 », a révélé le BINUH en précisant que près de la majorité des victimes ont été touchées par des balles lors d’attaques violentes de gangs contre leur quartier ou d’affrontements entre les gangs et la police. À en croire le BINUH, vingt-deux parmi eux ont été tués ou blessés, suite à un incendie provoqué par une explosion à l’intérieur d’un magasin, alors que des membres de la population, encouragés par les gangs, le pillaient.

Des enfants qui sont intégrés dans les bandes armées

La situation socio-économique d’Haïti est catastrophique. Et cela n’est pas sans conséquence sur les enfants vivant dans le pays. « Poussés principalement par le manque d’opportunités socio-économiques, de nombreux enfants ont été recrutés dans les rangs des gangs où, en plus d’être impliqués dans la petite déliquescence, ils commettent des actes extrêmement violents, notamment des meurtres, des enlèvements, des attaques et saccages contre des institutions publiques et l’extorsion de fonds auprès des passants et de propriétaires d’entreprises », peut-on lire dans le rapport.

Le cas d’un enfant tué le 12 janvier dernier

Selon le  BINUH, le 12 janvier, un garçon de 12 ans qui prenait un bus de transport public a été arrêté par des membres du groupe « d’autodéfense » Caravane, à un poste de contrôle informel, parce qu’il transportait des armes et des munitions dans son sac à dos. « Il a été interrogé, puis emmené dans un cimetière local et tué. Les armes qu’il transportait étaient apparemment destinées à approvisionner les membres du gang de Grand Ravine », a révélé le BINUH tout en soulignant que « la violence des gangs a limité aussi fortement l’accès des enfants et de leurs parents aux services d’éducation et de santé, et a exacerbé leur insécurité alimentaire ».

Menace contre les défenseurs des droits de la personne, les journalistes et les représentants de l’État

La descente aux enfers d’Haïti a de lourdes conséquences sur toutes les couches sociales d’Haïti. Suite à l’évasion des chefs de gangs notoires des deux grandes prisons d’Haïti (pénitencier national et prison civile de la Croix-des-Bouquets), les défenseurs des droits humains deviennent les principales cibles des chefs de gangs. Ces derniers les menacent de mort, ce qui les pousse à laisser leurs habitations et à limiter leurs déplacements, peut-on lire dans ce  rapport trimestriel.

Par ailleurs, cette terreur des gangs frappe même ceux qui avaient des responsabilités dans l’appareil d’État. Dans la foulée, les résidences de l’ancien directeur de la Direction générale des impôts et du vice-président par intérim de la Cour Supérieure des Comptes ont été saccagées et volées lors d’attaques de gangs dans le quartier de Laboule à Pétion-Ville, poursuit le rapport du BINUH, tout en soulignant parallèlement qu’un journaliste et ancien porte-parole de l’ancien président Michel Martelly a été kidnappé lors d’une attaque dans le quartier résidentiel de Vivy Michel à Pétion-Ville.

« Au cours du mois de mars, Jimmy Chérizier, le chef du gang Delmas 6, a proféré des menaces, à travers plusieurs messages audios, enregistrés par lui et diffusés sur les médias sociaux, à l’encontre de représentants de l’État, de politiciens, de la police (ainsi que leurs familles), ainsi que des membres du futur Conseil Présidentiel de Transition (CPT)», a fait savoir le BINUH.

Ce dernier précise aussi que les institutions de santé et d’éducation n’ont pas été épargnées au cours de ce trimestre. « Au moins trois centres de santé, situés dans les communes de Delmas, Port-au-Prince et Tabarre, ont été volés et vandalisés et l’hôpital de l’Université d’État de Port-au-Prince a été abandonné par le personnel médical et la plupart de ses patients à la suite de confrontations entre la police et les gangs présents dans la zone du Champ de Mars. Fin mars, au moins trois écoles situées dans le centre-ville de Port-au-Prince ont été vandalisées par des membres de gangs », a-t-on ajouté.

Au bout du compte, il n’y a pas que les personnes comme cibles des gangs, les propriétés elles aussi ne sont pas épargnées. Au moins 957 maisons ont été saccagées ou endommagées par des membres des gangs, peut-on lire dans le rapport, tout en précisant par ailleurs qu’il y avait près de 130 entreprises privées et 650 véhicules qui ont été saccagées. Et selon les données de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), cette situation a poussé 54000 personnes à fuir leursmaisons.

Par ailleurs, il est à noter que, selon le BINUH, entre janvier et mars 2024, au moins 2.505 personnes ont été tuées ou blessées à la suite de violences liées aux gangs, ce qui fait des trois premiers mois de l’année la période la plus violente depuis début 2022. «  Au moins 438 personnes ont été enlevées contre rançon au cours de la même période, toutes dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, soit une baisse de 37% par rapport au quatrième trimestre de l’année 2023 », a fait remarquer le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti.

De plus, il rappelle que « dès la fin du mois de février, des gangs ont mené des attaques coordonnées d’envergure contre des institutions publiques et des infrastructures stratégiques de la capitale ». Selon les chiffres avancés par le BINUH, plus de 4.600 détenus se sont évadés des deux principales prisons de la capitale, au moins 22 commissariats et sous-commissariats et autres bâtiments de police ont été saccagés ou incendiés et 19 officiers de police ont été tués ou blessés.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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