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Cette réalité où les gangs armés règnent en maîtres, d’où vient-elle ?

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Haïti vit des jours tristes et difficiles sous le joug des bandes criminelles. Intervenant sur l’insécurité grandissante dans le monde de la presse, le sociologue Jacques Jean Vernet déclare que les premiers gangs apparus dans le pays étaient liés avec certains membres du secteur privé des affaires.

Les premiers gangs armés du pays étaient de connivence avec certains membres du secteur privé des affaires, déclare le sociologue Jacques Jean Vernet. « Dans les quartiers de commercialisation au milieu des années 80, l’installation de petits groupes armés étaient un moyen permettant à certains individus de tel ou tel secteur économique de protéger leur monopole et d’empêcher la concurrence », a fait savoir le professeur à l’Université d’État d’Haïti (UEH)  qui pointe du doigt cette pratique permettant d’expliquer cette spirale de violence  dans les quartiers défavorisés.

À bien comprendre M. Vernet, cette violence que vit le pays ces dernières années est la conséquence d’un ensemble  d’actions qui ont été posées aussi par nos dirigeants. Parmi lesquelles, le démantèlement des Forces Armées d’Haïti. « Une fois que l’armée a été  démantelée, ils ont mis sur pied des compagnies privées de sécurité. Et c’est à partir de là que le trafic d’armes et de munitions a débuté en Haïti », indique le sociologue.

La Police Nationale d’Haïti (PNH) et la communauté internationale

On reproche souvent à la PNH sa passivité dans la lutte contre l’extrême violence. Selon le professeur Vernet, la PNH n’a pas réussi à développer ses capacités dans la lutte contre l’insécurité. « Les interventions des forces militaires étrangères ne nous ont pas trop aidés. Au contraire, le problème de l’insécurité s’est intensifié durant les 25 ans de présence des institutions militaires étrangères en Haïti », constate-t-il.

Pourquoi la violence a atteint aujourd’hui son point culminant en Haïti ?

Le professeur n’y va pas par quatre chemins. À cette escalade de violence, il y a une explication, apparemment. « La situation a dégénéré. Le secteur privé perd le contrôle d’un ensemble d’individus qu’il avait l’habitude d’alimenter en armes et en munitions. Les gangs deviennent autonomes », affirme M. Vernet.

De la descente aux enfers du pays

Rappelons que dans une lettre ouverte en décembre 2022, en réponse à une Note du Secteur privé des affaires sur la conjoncture, le professeur et sociologue n’avait pas manqué de prendre position et d’étayer ses points de vue sur la descente aux enfers du pays. En effet, pour M. Vernet « la crise actuelle est essentiellement tributaire de l’épuisement du système socioéconomique bi-séculaire dont il convient de signaler quelques facteurs structurels et reproductifs ».

D’après M. Vernet, «  l’importation et la spéculation dominant l’économie et ne permettant de créer aucun lien de solidarité entre les élites et les masses ni de produire de la croissance et de la richesse ».  Le professeur avait aussi évoqué l’épineuse question de l’énergie électrique.  

« Vous demeurez insensibles, dit-il aux élites, à la problématique de l’énergie et à la situation de l’Électricité d’Haïti (ED’H) placée dans l’incapacité de fournir de l’électricité à la population, choisissant de doter vos entreprises et logements de sources privées d’approvisionnement électrique et d’investir dans leur commercialisation au lieu de contribuer au développement de projets collectifs d’électrification. Cela favoriserait notamment le développement des PME tout en réduisant le coût de l’énergie qui se révèle être le plus élevé de la région et qui fait exploser le budget des familles ».

De surcroît, le professeur a évoqué la question migratoire parmi les facteurs déterminants. « Plutôt que de contribuer au développement des ressources humaines, dit-il,  vous vous êtes faits spectateurs du mouvement de fuite des cerveaux. Or, depuis la fin des années 1960, Haïti s’est quasiment spécialisée dans la migration qualifiée dans les contextes de la décolonisation en Afrique et de la révolution culturelle au Canada. Au cours de ces vingt dernières années, une véritable hémorragie des jeunes cadres marque la migration vers le Canada, le Brésil, le Chili, les USA et la République dominicaine, entre autres. Il ne fait aucun doute qu’Haïti s’impose aujourd’hui comme le Premier Pays Exportateur de Cerveaux (PPEC) de l’hémisphère, toutes choses étant égales par elles-mêmes ».

S’il est vrai que  les facteurs sont nombreux tout comme les secteurs à devoir être pointés du doigt, le plus important à présent est de trouver la meilleure façon de sortir le pays de cette crise multidimensionnelle. Mais laquelle ?

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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