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Choléra : Plus de 170 décès enregistrés, l’ONU et ses partenaires au chevet d’Haïti

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Le choléra ne cesse de se propager dans les différentes régions du pays. Plus de 170 décès ont été déjà enregistrés. L’ONU et ses partenaires lancent, à cet effet, dans un communiqué de presse publié le 15 novembre 2022,  un appel pour un montant de 145,6 millions de dollars afin d’aider Haïti dans la réponse au choléra et aux autres urgences humanitaires.  

Le Gouvernement, les Nations Unies et leurs partenaires lancent […] un appel de 145,6 millions de dollars pour soutenir le pays dans la réponse d’urgence face » à la résurgence des cas de choléra « et apporter une aide vitale à 1,4 millions de personnes vivant dans les zones les plus affectées », peut-on lire dans ce communiqué de presse en précisant par ailleurs que les Nations Unies et ses partenaires appellent au financement de cet appel pour aider les autorités nationales à contenir la propagation du choléra, par le biais d’activités en termes d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement et de santé, tout en répondant aux besoins urgents, en sécurité alimentaire, nutrition, et protection, dans les zones les plus affectées.

Le choléra refait surface en Haïti, et ce, après trois ans sans un cas de contamination rapporté par les autorités sanitaires du pays. « Le 14 novembre dernier, le Ministère de la Santé Publique et de la Population rapportait 8 708 cas suspects, 802 cas confirmés et 161 décès à travers le pays », a indiqué le communiqué. Et le 16 novembre, le MSPP rapportait, 9317 cas suspects, 807 cas confirmés et 174 décès.

La Coordinatrice résidente et de l’action humanitaire de l’ONU, Ulrika Richardson, a déclaré quant à elle que le choléra est une maladie évitable et traitable. «  […] Fortes de leur expérience et de leur savoir-faire, les institutions nationales ont rapidement mis sur pied une stratégie de réponse avec l’appui indéfectible de l’ensemble de la communauté humanitaire locale et internationale », a-t-elle souligné. Cependant, poursuit le communiqué, la flambée des cas de choléra ces dernières semaines et la propagation rapide de la maladie dans le pays est préoccupante. « Selon l’OPS/OMS, 500 000 personnes courent le risque de contracter la maladie».

À la flambée des cas de choléra, s’ajoute la crise humanitaire. « La crise du choléra frappe de plein fouet des populations déjà vulnérables. La dernière analyse sur la sécurité alimentaire montre que 4,7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, avec 19 200 personnes en situation de catastrophe, une première dans l’histoire récente du pays », explique-t-on.

Haïti continue de sombrer de plus en plus dans la violence. Des morts par balles ont lieu presque tous les jours. À cause des agissements des bandes armées, les habitants de certains quartiers ne cessent de fuir leurs habitations. «Les Haïtiennes et Haïtiens font […] face à une hausse de la violence due aux activités des gangs armés. Ces derniers utilisent notamment les violences sexuelles comme arme pour terroriser la population, et ainsi conquérir et asseoir leur contrôle sur le territoire. Près de 100 000 personnes sont actuellement déplacées après avoir fui les violences qui frappent le pays depuis juin 2021 », a-t-on indiqué.

À en croire l’ONU, les axes principaux qui relient la capitale au reste du pays sont sous le contrôle ou l’influence des gangs, ce qui limite, voire prive l’accès de la population aux services de base depuis de nombreux mois. « Dans ce contexte délétère, les acteurs de la réponse dépendent de moyens de transports alternatifs coûteux pour continuer à apporter une assistance sur l’ensemble du territoire, y compris dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de choléra ».

MSF plaide pour que la vaccination soit déployée comme un outil fondamental dans la lutte contre le choléra en Haïti

L’organisation médicale Médecins Sans Frontières (MSF) appelle à une intensification immédiate de la réponse à cette flambée de choléra. D’autres acteurs humanitaires et bailleurs doivent se joindre à l’effort de réponse, en mettant en place des centres de traitement, ou en renforçant en urgence les activités d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à des solutions de réhydratation orales, exige MSF dans un communiqué publié ce mercredi 16 novembre 2022 en soulignant qu’il est extrêmement urgent que la vaccination soit déployée comme un outil fondamental dans la lutte contre la maladie.

À en croire MSF, il faut que plus d’organisations et de bailleurs se mobilisent, et que des outils indispensables, comme la vaccination, puissent être mis à disposition des équipes médicales et de la population haïtienne.

Mumuza Muhindo, chef de mission chez MSF, fait part de ses inquiétudes quant à la propagation de la maladie dans la capitale d’Haïti. « Nos centres actuels sont saturés, et nous sommes bientôt au maximum de nos capacités d’intervention », s’inquiète-t-il. « Depuis fin octobre, nous traitons en moyenne 270 patients par jour dans nos centres, alors que nous n’en recevions qu’une cinquantaine au cours des deux premières semaines. Au total, nous avons admis plus de 8,500 patients et avons recensé 97 décès ; l’évolution est très préoccupante », a-t-il ajouté.

Étant l’une des rares organisations présentes aux côtés des autorités de santé pour lutter contre la propagation du choléra,  MSF affirme par ailleurs que la résurgence du choléra dans le pays est le symptôme d’une situation humanitaire et sanitaire catastrophique.

Le déblocage du principal terminal pétrolier du pays n’a pas amélioré substantiellement la situation, selon MSF. D’après cette ONG, l’accès au carburant est trop cher pour une grande partie de la population qui traverse une crise économique aigue, et le fonctionnement des structures sanitaires reste touché avec des services fermés et la circulation des ambulances réduite. «  L’accès à l’eau propre,  élément crucial dans la lutte contre le choléra,  dépend également de la circulation de camions-citernes, eux-mêmes tributaires de l’accès au carburant, et du contexte sécuritaire », explique l’organisation médicale.

Selon le chef de mission, Mumuza Muhindo,  la ville est envahie par les déchets qui ne sont pas ramassés depuis des mois, et aucune distribution d’eau n’a lieu dans des quartiers comme Brooklyn à Cité Soleil où les routes sont coupées à cause des détritus et inondées par l’engorgement des canaux et des égouts, qui provoquent d’immenses inondations.

En détenant à elle seule plus de 60% de la capacité en lits pour traiter les patients atteints de choléra dans la capitale, MSF explique qu’à « mesure que le nombre de cas de choléra progresse dans les différentes communes de la capitale mais aussi dans d’autres départements, il reste difficile d’évaluer l’ampleur réelle de la flambée ».

Selon les propos de Michael Casera, épidémiologiste chez MSF, la saturation des centres de traitement de choléra qui empêche la prise en charge de tous les patients, les difficultés pour les malades de se déplacer à cause des pénuries de carburant et de l’insécurité, ou l’augmentation des décès communautaires difficile à quantifier, sont des signes préoccupants. « Souvent, les malades qui présentent des symptômes sévères pendant la nuit dans les quartiers les plus touchés par l’insécurité doivent rester chez eux car les motos-taxis refusent de les transporter dans un centre de santé ».

Notons que le 16 novembre dernier, le Ministère de la Santé Publique et de la Population rapportait, 9317 cas suspects, 807 cas confirmés et 174 décès.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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