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CORRUPTION: IL FAUT QU’ON SE PARLE

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Pour des motifs différents, après la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, l’Unité de Lutte Contre la Corruption défraye les manchettes depuis le renvoi fracassant de Me Claudy Gassant de la tête de cette dernière. Cette nouvelle qui donne la sensation d’une bombe, nous paraît pourtant assez ordinaire car, celui qui a le pouvoir de nommer détient tout aussi celui de révoquer et de remplacer et s’il le faut immédiatement.

Il n’est ni illégal, ni surprenant que le Président montre la porte de sortie à Me Gassant moins d’une semaine après que celui-ci ait organisé une porte ouverte à l’Institution dont il est désormais l’ex Directeur Général. Pour la petite histoire, Me Gassant à ce poste, dans les conditions que l’on sait, détonnait quelque peu. En effet, le caractère intempestif et impétueux du personnage couplé à ses prises de position passées ne laissaient guère présager qu’un bon mariage entre ce dernier et l’administration en place était possible.

Bref, revenons-en au sujet qui nous intéresse, le renvoie de Me Gassant en quelques semaines seulement après nomination. Dans l’ordre actuel des choses, il n’est ni le premier, ni le dernier dont le sort est scellé ou encore se trouve à la merci du caprice d’un président. Cette question; au niveau du Collectif Fò N’ Pale, a déjà été abordée. Partant du fait que le problème de la corruption est un mal endémique qui ronge le pays, nous nous étions demandé s’il existait des institutions de contrôle en Haïti (SCIMG, 2019: p 58, 59, 60). Si oui pourquoi la corruption règne autant en maître dans le pays?

D’ailleurs, comment imaginer que plus de 3 milliards de dollars des fonds PetroCaribe puissent partir en fumée, comme un claquement de doigts, sous l’œil complice de la CSC/CA qui n’a pipé mots qu’après les différents mouvements de mobilisation de naïfs jeunes regroupés au sein de différentes structures de la société civile. Idem pour l’ULCC, qui n’a transmis que 17 des 93 dossiers reçus aux parquets depuis 2014. Soit 18.3% en 4 ans. Un bilan sombre et alarmant pour le pays le plus corrompu de la region selon le dernier rapport de transparency international.

Tel qu’abordé dans le livre Sortir du cycle infernal de la mauvaise gouvernance, l’absence de résultat de l’Unité de lutte contre la corruption s’explique par le modèle de gouvernance que le cas Gassant vient d’illustrer. Penserez-vous qu’un Directeur général nommé directement par un président puisse produire des rapports défavorables à l’encontre de ce dernier lui même, à un membre de sa famille ou de sa garde rapprochée? Oserait-il enquêter sur celui qui préside son conseil d’administration? À vous de répondre.

Arrêtons de chercher midi à quatorze heures, il nous faut chambarder ce système et refaçonner l’espace publique par un nouveau modèle de gouvernance.

Aux commandes citoyens!

Herwil Gaspard et Marc Yves St-Victor
Auteurs du livre
Sortir du cycle infernal de la mauvaise gouvernance.

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