Crise alimentaire en Haïti : il y a célérité dans l’urgence !
4 min readDepuis quelques jours, des citoyens de la capitale haïtienne et de plusieurs villes de province sont confrontés à une crise alimentaire alarmante. La nourriture, l’eau potable et certains produits de première nécessité sont presqu’inaccessibles! Une situation qui nécessite le rétablissement de la sécurité dans le pays en urgence ?
Ces derniers jours, la vie en Haïti est très difficile. Les Haïtiens font preuve de beaucoup de résilience, de courage et de bonne volonté. En manque de tout, le peuple fait des efforts surhumains pour tenir le coup. À la suite des nombreux mouvements de protestation contre la hausse des prix des produits pétroliers, la vie chère et l’insécurité, la situation semble s’aggraver. Depuis quelque temps, les citoyens de la capitale et des villes de province lancent des cris d’alarme sur la pénurie des produits de première nécessité. L’accès à la nourriture et à l’eau potable est très difficile dans certaines régions. La population est aux abois.
La libre circulation est quasiment impossible, surtout dans les plus grandes villes du pays. Les routes principales sont bloquées. Les marchandises ne peuvent pas être acheminées d’un point à un autre, ce qui complique leur distribution. Les marchés publics fonctionnent à peine. Les supermarchés et les dépôts alimentaires, souvent victimes de pillages dans de pareilles situations, sont quasiment fermés. L’accès difficile au carburant n’est pas un élément négligeable, non plus. La plupart des boulangers fonctionnent mal. Ainsi, la population haïtienne a de plus en plus de mal à satisfaire ses besoins primaires.
Les produits de première nécessité se font rares. Les épices, les céréales entre autres sont difficilement accessibles, dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Et si, dans certaines zones de la capitale et certaines villes de province, ces produits sont plus ou moins accessibles, leur cuisson soulève un autre problème. Les produits pétroliers étant très rares ont atteint des prix exorbitants. Outre le diesel et la gazoline, le gaz propane fait partie des produits pétroliers à usage quotidien et joue un rôle important dans la cuisson des aliments. Beaucoup de familles se plaignent de l’accès difficile au propane et de son prix qui varie d’un endroit à l’autre.
Quelques heures après l’adresse à la nation d’Ariel Henry (du 18 septembre) indiquant que les produits pétroliers sont disponibles, des barricades ont été érigées et des trous creusés autour du Terminal Varreux, qui est chargé de la distribution des produits pétroliers à travers le pays. Ce qui implique que celui-ci est dysfonctionnel depuis quelques jours. C’est sur le compte twitter officiel de Terminal Varreux, que l’information a été divulguée, le 19 septembre dernier. L’institution déclare que les opérateurs, les employés et les camions ne peuvent circuler et faire correctement leurs travaux. Elle souligne également que WINECO ne peut entreprendre aucun chargement de produits pétroliers en attendant une normalisation de la situation.
D’un autre côté, il y a l’accès à l’eau potable. Pour se laver, se désaltérer, faire le nettoyage, cuire les aliments, l’eau est d’une importance capitale. D’ailleurs, il est inutile de rappeler l’importance de l’eau dans l’usage quotidien. Pourtant, il en manque à peu près partout. À cause de la pénurie d’essence, des routes complètement bloquées, les camions de distribution d’eau potable sont dans l’impossibilité de se rendre d’un point à un autre. Ce qui fait que plusieurs villes sont en manque et que beaucoup sont obligées de prendre des mesures comme faire bouillir l’eau pour la boire ou acheter des gallons d’eau à des prix exorbitants.
Le Directeur Général de la DINEPA, Guito Edouard, a publié une note datée du 17 septembre 2022 dans laquelle il explique la raison de cette pénurie d’eau potable. Il a fait savoir que, vu la situation de tension, les vanniers, techniciens et employés-clés sont dans l’impossibilité de sortir de chez eux pour transporter du carburant en vue de faire fonctionner les différentes stations de pompage à partir des groupes électrogènes installés au niveau des 25 sites de la RMPP. M. Édouard demande donc un couloir humanitaire spécial pour le passage du personnel de la DINEPA.
Ce 22 septembre, le directeur a souligné toutefois que la DINEPA fait de grands efforts pour alimenter les zones qui ne dépendent pas du système de pompage et des groupes électrogènes, mais du réseau gravitaire. Cependant, dans les villes comme Port-de-Paix, Cap-Haïtien et Ouanaminthe, l’alimentation n’est pas très facile car l’alimentation dépend à la fois du système de pompage et du réseau gravitaire. Par ailleurs, dans le grand Sud, il est extrêmement difficile d’alimenter les villes en eau, car elles dépendent exclusivement du système de pompage, or, l’installation des panneaux solaires est insuffisante. Toutefois, M. Édouard rappelle que la DINEPA est toujours en activité et travaille pour alimenter toutes les villes du pays.
Entre-temps, c’est la population haïtienne qui paie les frais ! D’ailleurs, tout ce qui se fait rare augmente de valeur. La crise alimentaire devient de plus en plus grave. La population souffre le martyr. Malgré les nombreux mouvements populaires sur toute l’étendue du territoire, la situation ne s’améliore pas. Que faire ? La résolution de cette situation ne devrait-elle pas passer par le rétablissement de la sécurité dans le pays, en toute urgence ?
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis
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