Crise : Ariel Henry reconnaît l’échec de l’État
3 min readLe Premier Ministre Ariel Henry a une fois de plus fait le point sur la situation socio-économique du pays qui ne cesse de détériorer chaque jour. Intervenant dans le cadre du Sommet International de la Finance ce 19 avril 2023 à l’hôtel Marriott, le locataire de la Primature reconnaît l’échec de l’État face à cette crise, mais espère un changement.
Depuis plusieurs années, le pays connaît une situation économique catastrophique. Avec tous ses indicateurs macroéconomiques au rouge, une décroissance continue qui entame sa cinquième année consécutive, une insécurité alimentaire qui frappe près de la moitié de la population selon les données officielles, une inflation qui bat son plein et l’insécurité qui limite jusqu’à la plus simple circulation de personnes et de marchandises, le pays régresse, la machine peine à redémarrer.
Pour Ariel Henry, Chef du Gouvernement provisoire depuis bientôt deux ans, le pays a besoin d’investissements, et voit en la pauvreté comme l’une des principales causes de cette déchéance. « Si nous voulons nous en sortir, si nous voulons briser le cercle vicieux de notre société, si nous voulons donner à notre jeunesse un avenir et de l’espérance, il nous faut impérativement créer les conditions pour attirer massivement des investissements en Haïti », a-t-il déclaré ce 19 avril à l’hôtel Marriott dans le cadre de ce sommet déroulé sous le thème « Financer l’éco2développement ».
Selon lui, la crise environnementale, elle aussi, est une conséquence de la pauvreté. « C’est la pauvreté qui pousse nos compatriotes à détruire leur environnement, à couper les arbres pour faire du charbon, et même parfois à mettre le feu dans les forêts en vue d’augmenter les espaces cultivables parce que les parcelles, épuisées par l’érosion, ont des rendements de plus en plus faibles », a estimé le Premier Ministre.
La solution, selon M. Henry, passe nécessairement par l’investissement. « Pas d’investissements, pas d’emplois durables ; pas d’emplois durables et bien rémunérés, pas de perspectives d’avenir pour notre jeunesse et pas de stabilité pour notre pays ». « Il nous faut créer les conditions pour que les investisseurs et les tours opérateurs touristiques recommencent à s’intéresser à la destination Haïti. Il faut surtout que nous gardions ceux qui, nationaux ou étrangers, ont cru dans notre pays et ont pris les risques d’investir dans le secteur », a-t-il ajouté.
Situation chaotique, une responsabilité reconnue par le Chef du Gouvernement
S’agissant des difficultés auxquelles le pays fait face, le Chef du Gouvernement reconnaît que l’État Haïtien n’a pas joué son rôle. « C’est la responsabilité de l’État d’assurer à tous et à chacun la sécurité indispensable et une prévisibilité certaine sur l’évolution de la situation générale du pays. Sécurité pour la libre circulation sans risque des personnes et des biens, sécurité contre l’agression des gangs armés, sécurité juridique pour garantir les droits des propriétés foncières », des responsabilités non assurées ces dernières années. « C’est aussi la responsabilité de l’État d’améliorer les infrastructures et les services publics, les routes, l’eau potable, l’électricité et l’énergie, les services de santé », a-t-il ajouté.
Pour lui, la situation actuelle ne peut pas durer indéfiniment. « Nous avons des raisons d’espérer que la donne va changer dans ce pays », a-t-il affirmé, avant de promettre que le Gouvernement est à pied d’œuvre contre la crise. « Le Gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour mieux équiper et mieux former nos forces de sécurité nationale. Ce n’est pas facile, mais nous y travaillons ».
De plus, le Chef du Gouvernement reprend ses promesses d’organiser des élections, et reparle de passation du pouvoir. « Au niveau du Gouvernement, dit-il, nous faisons ce qu’il faut en concertation avec le Haut Conseil de la Transition, pour parvenir dans les meilleurs délais à un retour au fonctionnement normal de nos institutions démocratiques, et à la passation du pouvoir à des élus librement choisis par le peuple haïtien ». Encore des paroles sans des actions concrètes ?
Clovesky André-Gérald PIERRE
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