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Daniel Marcelin, figure iconique de l’art dramatique haïtien

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Comment parler du théâtre haïtien sans citer le nom de Daniel Marcelin, celui qui s’est taillé au fil des ans une légende dans l’art dramatique haïtien. Eloquence, gesticulation, et charisme se côtoient dans sa présence scénique. C’est la figure même du théâtre haïtien. Dramaturge, metteur en scène, et comédien, il a revêtu tous les costumes de cet art pour faire honneur à son pays dans le monde entier.

Un an après l’élection de François Duvalier, dit Papa Doc, Daniel Marcelin voit le jour en août 1958 dans la capitale. Fort de sa maîtrise de l’art oratoire, le jeune port-au-princien  embrasse le théâtre comme art très tôt dans sa jeunesse. Afin de peaufiner son art, il se rend en Europe, en France particulièrement, puis au Japon pour se former au mime. Sa connaissance et surtout son amour pour l’art de la scène convainc le célèbre acteur et metteur en scène, Gabriel Garran, dont il sera l’assistant au Théâtre  International de Langue Française (TILF) durant de nombreuses années.

Eloquence, gesticulation et charisme se côtoient dans la présence scénique de Daniel Marcelin. Sa fluidité dans le jeu du théâtre transporte ses spectateurs au cœur même du récit. Outre son talent qu’il ne cesse de parfaire, il a été toute oreille aux prestigieux conseils de ceux qui s’y connaissent dans ce métier comme Jean Paul Micouleau et Hervé Denis (de regretté mémoire), qui a mis en scène « Nuits voraces », une pièce de Jacques Stephen Alexis jouée par Daniel Marcelin à Avignon en 1996. Grâce à son talent enchanteur, il est apparu sur scène des centaines de fois pour interpréter l’un des plus grands classiques du théâtre français, « Les fourberies de Scapin » du légendaire Jean Baptiste Poquelin, dit Molière.

Daniel Marcelin est ce comédien et metteur en scène qui se plaît à faire danser son talent et sa passion au rythme du Jazz, dont il est profondément amoureux, et la musicalité de la poésie. Une passion qu’il partage avec ceux et celles qui se sont accoutumés à sa voix à la Radio Métropole, où il excelle depuis plus de quatre décennies. Au sein de cette institution médiatique vieille d’une cinquantaine d’années, le chroniqueur qui a pris part à la création du feuilleton radiophonique « Woy les voilà » (des années 80), Daniel Marcelin s’est taillé une grande notoriété dans la presse haïtienne.

En 1999, il inaugure le Petit conservatoire, une école de formation d’art dramatique qui verra naître de nombreux prodiges dans le secteur du théâtre haïtien, avant de fermer ses portes en 2015, pour des raisons de financement. Toutefois, Daniel Marcelin, passionné de son état, continue d’accueillir des jeunes assoiffés de ses conseils dans son espace. En 2004, il contribue à la création du  plus grand festival de théâtre en Haïti, Festival quatre chemins, où il se produira vingt-deux ans plus tard lors d’une interprétation inoubliable de « Mort secondaire », une pièce du triptyque de son ami écrivain, Syto Cavé.

Dans le théâtre, M. Marcelin est aussi doué comme comédien que comme metteur en scène. En 2015, en hommage à Yanick Lahens, lauréate du prix Femina en 2014 grâce à son œuvre « La couleur de l’aube », il a guidé les pas de son ancienne élève, Gaëlle Bien-Aimée, qui dirige actuellement Acte (une école de formation en art dramatique), dans le rôle d’Angélique, personnage principal du roman. Un an plus tard, il a pris son pied à mettre en scène un classique de la littérature haïtienne, « Gouverneur de la rosée », signée Jacques Roumain, dans le cadre d’un projet d’animation culturelle. Et récemment, il a été dans la deuxième ville du pays pour assurer la mise en scène du célèbre conte oriental « Les mille et une nuits ».

Récipiendaire de nombreux prix, dont le prix du meilleur comédien au Festival International du Théâtre du Bénin (FITHEB), Daniel Marcelin a connu toute une vie dans l’art de la scène. Encore aujourd’hui, malgré son âge, le sexagénaire respire cet art qui a façonné le personnage emblématique qu’il est devenu dans cette société. Il est devenu une icône, un patrimoine, une source d’inspiration pour la relève de son pays. Jamais, on ne peut parler de théâtre haïtien, sans évoquer le nom de Daniel Marcelin.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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