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De la danse à l’écriture, le danseur Cliford Jasmin met ses expressions corporelles au service d’une histoire de vie

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Cliford Jasmin définit et renouvelle inlassablement sa signature chorégraphique. « Tout sur la danse konpa/compas », son livre (illustré et accompagné d’un DVD) en compagnie de Gaëlle Jasmin où il présente ses créations lui vaut la reconnaissance et une visibilité au-delà de la Caraïbe. Dès ce mois de septembre 2022,  Cliford et Gaëlle Jasmin seront en tournée dans plusieurs villes de province.

Cliford Jasmin est né à Jacmel où il a eu une enfance très heureuse entre la famille et les amis dans le cadre d’une ville où il faisait bon vivre. « Je crois que c’est encore le cas malgré la dégradation presque généralisée du pays », renchérit le danseur. Selon lui, il a « toujours été un littéraire, attiré par les belles lettres, la poésie, la philosophie mais aussi par la politique. Rien d’étonnant que j’aie opté pour des études de philosophie et de sciences politiques ».

D’après M. Jasmin, « la littérature est l’un des meilleurs véhicules pour faire voyager les émotions, aller à la rencontre de l’autre mais c’est aussi une belle manière de refaçonner le monde, de le rendre parfois plus agréable ».

Toutefois, inspiré par la musique du style « konpa » et sa danse qui ont bercé son enfance en Haïti et aussi celle de Gaëlle en Martinique, M. Jasmin croit que, quelque part, c’est le konpa qui les a choisis. C’est sans nul doute pour toutes ces raisons que Gaëlle, sa partenaire de danse, et lui ont choisi de publier un coffret (livre illustré et DVD) intitulé : «  Tout sur la danse konpa/compas ». Ce coffret est le fruit de 11 ans de travail de recherche, soutenu par 25 ans d’expérience dans la pratique au plus haut niveau et l’enseignement des danses afro-caribéennes et latino-américaines, dit-il. C’est aussi le bébé d’une passion commune au couple qu’il forme aussi sur les pistes de danse et dans la vie avec sa merveilleuse bien-aimée Gaëlle.

En réalité, à l’origine de leur engagement, certaines personnes ont parlé d’acharnement, pour la promotion de la danse konpa, puis, il s’est produit un événement déclencheur. Il explique : 

« Gaëlle et moi, nous étions invités en tant que danseurs professionnels en 2011 sur  un festival de salsa dans le midi de la France à Cannes quand le Dj décide de jouer du konpa, ce qui était plus que rare dans ce type d’ambiance où uniquement les musiques latines avaient droit d’être. On ne s’est évidemment pas fait prier. Gaëlle et moi, on s’est lancé sur la piste et on a commencé à évoluer avec flamme, « simenpa », un peu à l’ancienne. Contre toute attente, on a eu droit à un public improvisé et à des applaudissements à la fin de la danse. On en avait l’habitude pour les danses latines, mais on ne s’y attendait pas du tout pour un konpa. On était fiers comme des coqs, mais ce sentiment n’a pas duré longtemps. Quand les gens nous abordaient pour nous féliciter, il s’ensuivait toujours cette remarque : « c’est très beau mais qu’est-ce que c’est? » On réalisa très vite que les gens, en toute bonne fois n’avaient identifié ni la musique, encore moins la danse. On s’est littéralement sentis comme des cordonniers mal chaussés. On a échangé un regard tous les deux. Avant même s’ouvrir la bouche, on était parvenu à la même conclusion « Fò n fèkichòy », il nous fallait faire quelque chose. Depuis on ne lâche pas l’affaire. Nous racontons cette anecdote-déclic dans le livre et d’autres, les unes plus croustillantes que les autres ».

Alors, ils ont fait de cette mission un métier. Avant ce travail sur le konpa, ils avaient publié un coffret sur la salsa, créé une plateforme de cours de danse en ligne, produit une émission de TV de cours de konpa et de salsa. Inutile de préciser qu’ils ont l’expérience et l’expertise.

Après la publication de leur livre engagé sur le rythme du compas, ils ont eu droit à une tournée internationale qui fut un immense succès. Leur savoir-faire en la matière a été largement salué par le public et la presse en Martinique où d’autres projets sont à venir. Quant à la République Dominicaine, en dehors de la communauté haïtienne, le konpa reste peu connu. Mais ils ont eu l’opportunité d’établir certains contacts dans le milieu artistique qui laissent penser que le konpa (musique et danse) a de l’avenir dans cette communauté.

La tournée est loin d’être terminée. Dès ce mois de septembre, ils entameront une tournée nationale où ils sont attendus dans plusieurs villes du pays pour partager leur travail sur la danse du konpa. Au menu, conférences,  danse, formations et démonstrations. « Je voudrais par-dessus tout remercier nos sponsors et partenaires sans qui tout cela ne serait pas possible, en particulier le MCC, la BNC, la Fokal et laSunrise Airlines », dit M. Jasmin, très reconnaissant.

Pour conclure, M. Jasmin laisse un message fort à ceux qui  reçoivent un appel intérieur pour l’art et de la littérature : « Il y a une part d’instinct très fort dans un parcours littéraire. En réalité, on ne choisit pas la littérature et l’art, ils nous choisissent. C’est comme un élan, voire une sommation intérieure à laquelle il est difficile de résister. Cependant, il faut savoir nourrir, cultiver ce « je ne sais quoi » en nous par le travail, la lecture, la curiosité, l’ouverture d’esprit… ».

Geneviève Fleury                                                                  

genevievef359@gmail.com

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