De la nécessité de promouvoir la culture de la positivité en Haïti!

En Haïti, nous cultivons depuis des lustres des attitudes excessivement négatives dans nos rapports avec nos semblables et notre environnement. Cette désagréable tendance participe de nos échecs en cascade.

Nombreuses sont les occasions qui laissent penser que ce sentiment se substitue aux idées positives alors que ceux qui les émettent n’y pensent même pas. C’est dommage que cette négativité soit devenue si endémique.

Dans nos conversations, dans nos réunions, dans nos rapports avec les autres, le langage utilisé charrie cette négativité. Les mots malgré leur sens positif sont généralement pris dans un contexte négatif. Malheureusement, notre chaîne éducative est mise en cause dans cette dégradation.

On dirait que la nation souffre d’une sorte de complexe qui l’empêche de voir la vie du bon côté. La confiance n’est plus un gage pour personne (surtout ceux qui essaient de vivre de manière vertueuse). Celui ou celle qui fait l’effort d’être honnête est perçue comme un mafieux. Ceux au contraire qui empruntent les chemins tortueux sont encensés.

Bizarre !  Il est devenu tellement aisé que des gens s’entendent dans le seul but d’éclabousser, de salir et/ou vendre une image négative  des  personnes crédibles dans ce pays. Pour agir dans la négativité, pour détruire, l’Haïtien se montre très solidaire. Un vice qui ne nous ressemble pas.

Les secteurs dits moraux sont pour l’essentiel les promoteurs de cette tendance. Ils ne font pas la promotion de cette positivité qui nous fait défaut. Nous n’avons pas appris à nous épauler les uns les autres. Chacun aimerait être à la place de l’autre. Ce, même à l’école et à l’église.

Nous voulons toujours être en première loge sans faire l’effort nécessaire. Nous adorons le concept de faire boule de neige seulement quand nous voulons tirer l’autre vers le bas. Malheureusement ,nous prenons plaisir dans l’échec de l’autre en vue de dire si c’était moi, je ferais mieux. En guise de faire le coude à coude pour empêcher  le navire de couler, nous essayons plutôt de culpabiliser le capitaine sans  nous préoccuper de la suite.

Nous sommes devenus une société méfiante. À l’allure parfois criminelle. Rien de ce qui est haïtien ne peut-être quelque chose de bon, entend-t-on. C’est en fait cette tendance qui nous amène à ce degré de pourrissement de la situation. Tout le monde veut mentir. Même la vérité est devenue mensongère. Elle est tellement difficile à dire, tellement rare à exprimer quand quelqu’un la dit, elle est vite prise pour un faux. Le négatif s’institutionnalise, c’est devenu un crédo.

C’est en fait cette tendance qui nous impose cette réalité politique actuelle. Cette logique qui nous pousse à chasser tous les hommes qui arrivent au pouvoir. Personne n’est un bon président, un bon ministre, un bon X un bon Y. Tous sont des corrompus. Seule l’opposition est honnête, crédible et compétente. Une fois au timon des affaires, elle ne l’est plus. Ceux qu’elle pourchassait et qu’elle remplace au pouvoir sont devenus à leur tour opposants. Du coup, ils deviennent crédibles et les mêmes rengaines continuent. Ainsi, progresse la négativité de génération en génération.

Si seulement cette tendance mesquine, individualiste et méchante avait laissé la place à une lueur de positivité, la tendance se serait inversée petit à petit. Essayons l’autre approche. L’encouragement de l’autre. L’acceptation de l’autre. Si l’Haïtien arrive à intérioriser la logique du « chacun à sa place », beaucoup de choses seraient changées.

L’opposition politique a passé plus de trois ans à promouvoir cette négativité (pays lock, barricades, et autres tactiques dérangeantes) pour dénoncer le mal- faire. Pourtant, elle n’arrive pas à faire corps pour proposer quelque chose de positif. Si réellement elle avait voulu rompre avec l’intronisation du négatif à la tête du pays, pourquoi proposer la même stratégie ? Tentons la réussite collective comme contrepoids. Aidons ce qui fait l’effort d’atteindre le plus à tendre la main à ceux qui tardent en chemin au lieu de faire en sorte de les traîner vers  fond et recommencer sans cesse.

Daniel Sévère

danielsévère1984@gmail.com