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Demande à répétition pour la relocalisation du Palais de Justice de Port-au-Prince

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L’insécurité touche tous les secteurs à Port-au-Prince, même le Tribunal de Paix de Port-au-Prince n’est pas épargné. Un cabinet d’avocats militant sur la question des droits de l’homme s’indigne et propose de délocaliser le tribunal.

Dans une interview accordée au Journal Le Quotidien News cette semaine,  le Président Directeur Général du cabinet Cabinet Advocatus Law Firm, Me Arnel Rémy, explique ses motivations sur la question de la délocalisation du Palais de Justice en raison de l’insécurité grandissante. Dans une lettre envoyée au Ministre de la Justice, Me Berto Dorcé, et publiée sur sa page Twitter, le porte-parole et coordonnateur du Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme propose de reloger le Palais de Justice de Port-au-Prince parce que les avocats et les autres acteurs du secteur ne sont plus en sécurité dans le Palais qui rend la justice.

Les motivations du Cabinet Advocatus Law Firm ?

Dans sa lettre, celui qui est aussi un avocat au Barreau de Port-au-Prince souligne l’insécurité qui règne  dans les parages de l’institution. Situé au Boulevard Harry Truman, le Palais de Justice connaît de sérieuses difficultés de fonctionnement. En effet, le climat dans lequel évolue le personnel judiciaire est chaotique. Les bandits assiègent la zone. Des officiers de justice sont harcelés, assassinés alors qu’ils  se rendent au tribunal, des cas de kidnapping sont de plus en plus récurrents.

Conséquences sur la vie des officiers de justice et des clients

Ces forfaits causent un dysfonctionnement du tribunal et ont des conséquences graves. Les audiences civiles deviennent de plus en plus difficiles à réaliser. Ajouter à cela le délai de comparution des prisonniers qui n’est pas respecté, à telle enseigne que la liste des prisonniers en détention préventive s’allonge considérablement. Ce qui fait que leur droit en tant que personne humaine est bafoué  alors que l’État est tenu de les respecter.

La part de responsabilité du secteur judiciaire ?

Selon Me Rémy, l’impunité qui règne dans ce secteur est l’une des causes de la défaillance du système judiciaire. Ce dernier est effectivement décrié à cause de nombreux facteurs, tels la détention préventive prolongée, des problèmes environnementaux, mais surtout la corruption.

Selon une enquête intitulée « Gouvernance et corruption en Haïti » dirigée par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), la corruption est une pratique courante, on pourrait dire un autre métier dans le métier. Cette même enquête indique que la justice fait partie des institutions les plus corrompues du pays. La justice n’est donc pas rendue de manière équitable, ce qui alimente le phénomène du banditisme, parce que des coupables sont relâchés alors que des innocents purgent les peines qui leur sont injustement infligées.

Vers une revendication plus concrète ?

Me Rémy ne compte pas s’arrêter uniquement à l’expédition d’une lettre. Il a laissé  entendre au journal qu’il compte également organiser une marche réunissant d’autres organismes d’avocats concernés par la question de l’insécurité qui met en danger le libre exercice de la profession. Il veut à tout prix se faire entendre des autorités compétentes, et par la même occasion, contribuer à améliorer un système judiciaire qui exige une réforme radicale.

De ce point de vue, certains observateurs avisés s’interrogent sur l’utilité de la délocalisation: dans un pays gangrené par des gangs. Cette option est-elle la plus appropriée? La délocalisation, faut-il le souligner,  n’est pas la première proposition en date.

Danie Charlestan

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